CES is back ! : après une édition 2022 particulière du fait du variant Omicron qui avait entrainé l’absence de nombreuses marques et une fréquentation réduite (45 000 participants), nous avons retrouvé un CES normal, avec une forte fréquentation, un nombre d’exposants proche de celui de 2020 et de très nombreux échanges.
Plusieurs tendances de fond sont à noter au niveau du salon. Premièrement, le B2B (business-to-business) prend de plus en plus de place, le profil des participants change, en particulier à Eureka Park, où les directeurs généraux, innovation et les investisseurs y étaient nombreux. Ensuite, le Las Vegas Convention Center, autrefois presque exclusivement consacré au Son & Image, a consacré un hall entier à la mobilité. Il a également fait une belle place à la Santé, qui était auparavant au Venetian Expo.
Le CES 2023 a montré beaucoup d’innovations, l’heure est au bilan, voici mon point de vue.
Les chiffres clés
Plus de 3 200 entreprises du monde entier exposaient (2 300 l’an dernier), incluant plus de 1 000 startups venues de plus de 150 pays.
Le salon s’est terminé avec une fréquentation plus élevée que prévu à 115 000 personnes (nous étions 45 000 l’an dernier et 170 000 en 2020) dont 4 800 médias mondiaux. Plus de 40 000 participants internationaux sont venus de plus de 140 pays.
Au niveau des secteurs d’activité, ils continuent de croitre avec une mise en valeur particulière cette année pour Human Security for all, Mobility, Digital Health, Sustainability and Web3 & Metaverse dans les différents halls du salon.
La représentation française
Comme à son habitude, la FrenchTech était là en nombre avec 175 startups. La France n’est cependant plus la deuxième délégation la plus présente au CES cette année après les Etats-Unis. La Chine et la Corée du Sud sont passées devant en nombre d’exposants.
Au-delà de la simple présentation classique des startups sur un pavillon, j’ai noté qu’une entreprise coréenne avait son propre espace pour exposer les startups avec qui elle était en relation (sorte de VivaTech like) et des Universités coréennes présentaient elles aussi des startups ou des projets issus de leurs programmes d’innovation. Côté français, le CEA exposait 4 startups à fort impact dans les domaines de la santé, de l’énergie et du numérique.
La représentation française était de bonne facture avec des startups proposant des solutions plus « utiles » que lors des années précédentes et elles étaient mieux préparées. Pour sa 10ème participation, Business France a ainsi emmené 21 startups au CES 2023. Ces startups ont été sélectionnées parmi plus de 160 candidats par un jury de 10 experts pour leur innovation produit et leur potentiel à développer avec succès leurs entreprises sur le marché américain et dans le monde.
La France était également présente au travers de la plateforme My Global Village, une plateforme d’intelligence collective qui profite du CES et d’autres évènements pour fédérer les décideurs francophones de France, Suisse, Belgique, Canada, Afrique, et cette année d’Allemagne, pour accélérer le business entre startups et décideurs (Corporate et investisseurs).
Cette plateforme de networking a proposé différents formats de partage :
- des pitchs de plus de 80 startups qui se sont relayées pour présenter leurs solutions innovantes sur les verticales #smartcities, #retailtech, #edtech, #web3, …
- des parcours thématiques (Santé, Edtech, Retail, …) proposés par des experts-curateurs
La Mobilité et la Sustainability, deux grandes tendances du salon
La mobilité s’impose comme une tendance majeure du salon. Les hashtags #AutonomousVehicules, #SelfDrivingCar, #ReDefineMobility ont été parmi les hashtags les plus partagés sur Twitter.
De nouveaux acteurs viennent chatouiller les acteurs traditionnels. Ainsi, Sony et Honda ont présenté le premier prototype de la marque Afeela prévu 2026 en Amérique du Nord, un « salon roulant » capable de divertir ses passagers à travers la musique, la vidéo et les jeux vidéo.
Au-delà des voitures autonomes, le CES abrite dorénavant tous les concepts de mobilité que ce soit sur la terre, l’air et la mer. Le hall West qui lui était consacré exposait ainsi des équipementiers, des vélos… et des bateaux. Candela a dévoilé son hors-bord C-8 à hydroptère électrique de 8,5 mètres qui peut naviguer pendant plus de deux heures à 20 nœuds, soit environ 37 km/h.
Autre grande tendance de cette édition, le Sustainability, porté par une vague de technologies biodégradables et de solutions durables et collaboratives. L’intérêt pour les innovations eco-friendly se ressent et nous sortons petit à petit du green washing même s’il reste beaucoup de chemin à parcourir. Les grands acteurs ont annoncé des dates de net zero emission mais en même temps ils continuent de sortir chaque année des versions incrémentales de produits existants ce qui semble antinomique avec ce discours.
Nous avons néanmoins pu observer de nombreuses solutions relatives au traitement de l’énergie et de l’eau, telles qu’Acwa, un robot d’exploration de canalisations qui traque les fuites d’eau potable ou Gecko, un récupérateur de chaleur récupèrent la chaleur des eaux usées pour réchauffer l’eau d’alimentation du réseau.
La France bien placée sur la Santé
La Santé connectée prend chaque année un peu plus d’espace sur le CES. Les produits se mutiplient et la France possèdent avec Baracoda et Withings, deux fleurons de cette industrie. Connus pour leurs brosses à dents, balances, miroirs et autres montres connectés, les deux fabricants français ont chacun dévoilé au CES une solution d’analyse de l’urine, avec deux solutions technologiques très différentes.
Withings propose U-Scan, un petit boîtier à placer dans les toilettes de manière similaire à un bloc de désinfectant afin d’obtenir des informations pour surveiller l’hydratation, l’alimentation et les cycles menstruels.
Baracoda de son côté s’est allié avec Olive pour proposer également un capteur d’analyse d’urine en temps réel 100 % passif et non invasif qui se monte sur n’importe quelle toilette.
Il a surtout mis en avant BHeart, le premier tracker de santé avec une batterie illimitée. Intégré dans le bracelet, BHeart utilise une technologie de récupération d’énergie BMotion en instance de brevet pour se recharger entièrement par le mouvement, la chaleur corporelle et la lumière ambiante.
Encore plus poussé, nous pourrons peut-être bientôt réaliser nous-mêmes nos scanners. Le casque iSyncWave se pose sur la tête, effectue une analyse rapide et lit ses résultats. Développé par la société coréenne iMediSync, le casque effectue un électroencéphalogramme (EEG) et utilise l’intelligence artificielle pour prédire les risques potentiels de problèmes cognitifs, y compris la maladie d’Alzheimer, en 10 minutes. Un tel dispositif pourrait réduire considérablement le coût financier de ce type d’examens et le temps nécessaires pour effectuer de tels tests de diagnostic.
Le dispositif pourrait aussi éventuellement être utilisé un jour pour effectuer certaines thérapies pour les maladies neurodégénératives.
Le Metaverse a fait sa vraie entrée au CES
Pour la première fois, le CES disposait d’une zone Metaverse dédiée sur le salon, mettant en évidence une technologie sensorielle révolutionnaire créant des mondes numériques immersifs et interactifs. Un studio Web3, produit par CoinDesk, était le point central de la zone Web3, Metaverse et Blockchain au North Hall du LVCC. Dans cet espace nous trouvions les dernières nouveautés en termes de réalité virtuelle et de réalité augmentée, ainsi que les technologies haptiques pour ressentir sa présence dans le Metaverse. Et peut-être bientôt sentir ! L’entreprise américaine OVR présentait ainsi un casque contenant une cartouche avec huit arômes principaux qu’il est possible de combiner pour créer différents parfums.
Sur Eureka Park, il y avait le Village Web3 Tokenization qui exposait plusieurs startups web3 autour de la blockchain et des NFTs et de leurs usages (Club de vin, billetterie, maintenance auto, …) et proposait 4 jours de conférence sur les différentes composantes du Web3 : cryptos, Metaverse, blockchain, … La startup Ko Social Network profitait du CES pour réaliser une 1ère mondiale en créant des NFTs en 1 clic à partir de la captation live de la performance scénique d’une danseuse sur la scène du pavillon, après 2 ans de R&D.
Nul doute que l’année prochaine dévoilera des innovations encore plus disruptives et des cas d’usage qui seront devenus plus matures.
Pas d’innovation waouh cette année ?
De l’avis de plusieurs experts en veille, prospective et innovation, le CES 2023 n’aurait pas produit d’innovation waouh. Je trouve pour ma part que même s’il n’y pas eu de produit grand public waouh à l’image de la BMW iX Flow qui changeait de couleur l’année dernière, des projets bluffants ont été présentés à l’Eureka Park.
Il s’agit d’une appréciation très subjective, et sans être exhaustif :
- Neoplants (France) et son produit Neo P1, une plante ornementale issue de la bio-ingénierie conçue pour capturer et métaboliser le benzène, le toluène, le xylène et le formaldéhyde en continu, de manière autonome et sans aucun apport d’énergie.
- Scewo (Suisse) qui développe BRO, un fauteuil roulant électrique pour aider les personnes à mobilité réduite à monter les escaliers.
- Watersight (Israël) dont la solution basée sur technologie de spectroscopie et optimisée par l’IA offre un système de surveillance du débit et de la qualité de l’eau, à tout moment et n’importe où.
- Aqualines (France), solution de mobilité verte maritime (mi-bâteau, mi-avion) à grande vitesse pour révolutionner le secteur du transport public et privé à travers le monde
- Flying Whales (France), qui est en train de concevoir le plus grand dirigeable du monde, qui pourra charger et décharger de lourdes cargaisons en vol stationnaire dans des zones inaccessibles par route.
- Mitsubishi Electric (Japon) et sa plateforme de gestion des opérations logistiques, AnyMile, qui réunira les transporteurs, les fabricants de drones, les opérateurs de drones et les fournisseurs de services pour leur permettre de planifier et de gérer les livraisons de fret via des drones.
- GLOphotonics (France) et sa solution PMCAC qui révolutionne le quantique en permettant le remplacement des horloges atomiques de laboratoire par un système de dimension miniature, ouvrant la voie à la portabilité de tels dispositifs !
Ce CES 2023 a marqué le retour à la normale avec une volonté de proposer des innovations qui ont du sens, comme le clamait le thème de l’édition « Tech for a better tomorrow ». Plusieurs innovations technologiques ont montré comment la technologie pouvait être au service d’un futur meilleur, et c’est un bon signal.
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