MarQuis Trill est un influenceur des médias sociaux, un investisseur et un entrepreneur qui a su apprendre à attirer l’attention du public jeune. Sur les réseaux sociaux, il a fait ses débuts sur Myspace en 2003, à l’âge de 12 ans. En 2017, il a été classé comme l’une des personnes les plus influentes sur Internet. MarQuis Trill a créé une agence appelée Entertainment 258, qui aide les entreprises, influenceurs, athlètes et artistes à développer leurs marques. Qu’est-ce que les entreprises ne comprennent pas quand il s’agit de stratégies marketing des « Millenials » ?
Janice Gassam : Qui est MarQuis Trill ? Comment avez-vous développé un tel succès sur les réseaux sociaux ?
MarQuis Trill : Je suis allé à Prairie View A&M University avec une bourse d’études complète. J’ai eu la chance d’aller dans d’autres grandes écoles comme Baylor, Texas A&M, USC… Mais j’ai décidé d’aller dans une HBCU (universités traditionnellement noires, en anglais « Historically black colleges and universities »), simplement pour changer de culture… Une fois que j’ai commencé à fréquenter l’école, j’ai vu la culture de toute une communauté. Je suis passé de joueur de basket-ball à artiste, puis à promoteur en ligne, et tout est parti de là. J’ai toujours eu cette stratégie de marketing en moi et mon école l’a fait ressortir, en quelque sorte.
Quelles erreurs certaines entreprises font-elles en matière de stratégie de marque et de marketing auprès de la génération Y ?
Trill : Je pense que les entreprises se trompent, d’abord, à l’intérieur même de l’entreprise. Elles embauchent des personnes qui ne font pas partie de la culture, c’est la première chose. Tout ce que nous voyons à la télévision est une copie. Nous regardons plusieurs vidéos, nous voyons plusieurs publicités de nos influenceurs préférés. Les personnes qui travaillent dans ces endroits copient exactement ce que font les « Millennials », au lieu de venir nous voir, d’essayer de collaborer avec nous, de nous engager, de nous proposer des emplois… Plutôt que de payer un influenceur, pourquoi ne pas embaucher un influenceur ? Cela devrait commencer à l’intérieur de l’entreprise.
Deuxièmement, j’appelle cela « le marketing de camouflage » : c’est lorsque vous commercialisez quelque chose, mais que vous ne vous concentrez pas sur la marque. Cela peut donc être une marchandise, des accessoires, des sponsorings, un flash de votre logo… Je pense que les entreprises devraient se concentrer davantage sur cela, et créer du contenu sympa… des collaborations, encore des collaborations, et toujours des collaborations. Au fil du temps, un jeune de 13 ans finit par avoir 21 ans un jour… Il faut toujours savoir changer… Il faut toujours rester en contact avec la génération Y, puis avec la nouvelle génération. Si vous ne faites pas cela, vous allez vous retrouver « déconnecté ». Et une fois que vous l’êtes, peu importe si vous êtes une entreprise valant des millions de dollars ou un milliard de dollars – vous allez perdre des revenus… C’est ce qui manque, selon moi, à beaucoup d’entreprises. Vous n’avez pas nécessairement besoin d’embaucher quelqu’un, comme un jeune par exemple, pour être le directeur marketing de l’ensemble de votre entreprise ; de simples collaborations suffisent ou peut-être pouvez-vous leur donner un petit travail, où ils ne feraient que mettre en œuvre des stratégies marketing pour Instagram… Vous n’avez besoin que de cinq « Millennials » dans les bureaux pour Twitter et Instagram, et ainsi vous aurez cent mille abonnés, puis un million d’abonnés… Les « Millennials » n’ont pas besoin de gros budgets parce qu’ils sont jeunes, et à mesure que le temps passe et qu’ils commencent à en faire plus pour votre entreprise, vous pourrez de toute façon les payer.
Quelles sont les tendances que vous anticipez sur les médias sociaux en matière de marketing de la génération Y ?
Trill : Eh bien… c’est toujours quelque chose de nouveau et d’original… J’essaie de me concentrer sur la rapidité d’information et le contenu rapide. C’est là que vous obtiendrez le plus de mobilisation et la plupart des abonnés. C’est ainsi que j’ai développé mon réseau au départ. Je prenais des vidéos de YouTube et les mettais sur Twitter. Puis je prenais des vidéos de Facebook et les mettais sur Twitter, parce que les différentes plateformes ont différents types de vidéos et différents types d’abonnés. Quelque chose qui a été posté sur YouTube n’a probablement pas été vu par les internautes sur Twitter… Twitter, Instagram, Snapchat, Facebook, ils n’ont pas tous le même genre de réseau. Certaines personnes vont sur certaines plateformes parce qu’elles aiment les fonctionnalités de celles-ci. Les enfants qui sont sur TikTok peuvent ne pas être nécessairement sur Twitter. Les personnes qui sont sur Snapchat n’utilisent pas forcément Instagram tout le temps. C’est ce que les gens ne comprennent pas en général. Tous les influenceurs peuvent ne pas disposer de toutes les plateformes de médias sociaux. Twitter est destiné aux informations et au texte. Instagram, c’est pour les photos. Snapchat, pour des vidéos à un moment et un endroit donné, presque des vidéos en direct… TikTok, [pour] six secondes de danse. Vous devez être créatif… Les jeunes enfants sont sur [TikTok] depuis l’âge de huit ans et jusqu’à l’âge de 21 ans.
Les entreprises doivent donc apprendre que, sur les réseaux sociaux, elles ne peuvent pas publier le même contenu sur toutes les plateformes et s’attendre à ce qu’il soit adapté à chacune ?
Trill : Exactement. Elles doivent également utiliser le marketing de camouflage. Utiliser des influenceurs, créer du contenu « dopant » qui n’a pas nécessairement de relation avec leurs produits. Elles peuvent montrer rapidement le produit, à l’intérieur du contenu ou à la fin, ou bien la personne qui se trouve dans le contenu peut parler du produit. Cela peut être un clip d’une minute, puis cinq secondes, après le clip, durant lesquelles l’artiste verse des céréales… Il ne dit pas nécessairement « je mange des céréales ». Désormais, le consommateur et la personne qui regarde le contenu… disons qu’ils sont plus intelligents maintenant… ils savent ce qui est faux, ils savent ce qu’est une publicité maintenant… avec les règles et tout ce sur quoi vous devez mettre « pub » ou « promo ». Alors maintenant, quand vous mettez cela, votre marketing chute encore plus… Vous devez le faire de manière « camouflée ».
Existe-t-il une plateforme de médias sociaux que vous recommanderiez aux entreprises d’utiliser pour commercialiser leurs produits auprès de la génération Y ?
Trill : Cela dépend de leur produit ou service. Si vous vendez du merchandising, je vous conseillerais certainement d’utiliser Instagram et YouTube. Si vous êtes déjà une entreprise très connue, je vous dirais d’utiliser Twitter car la mobilisation y est plus rapide… Vous obtenez plus de retweets, vous obtenez plus de favoris, plus d’impressions. Si vous essayez de vendre quoi que ce soit, si vous essayez de devenir une marque vous-même, si vous essayez de conquérir un marché, je vous dirais d’utiliser YouTube car Google est propriétaire de YouTube et ils créent toute l’optimisation pour les moteurs de recherche… Quand vous recherchez quelque chose comme « comment danser », quiconque a fait une vidéo sur « comment danser » sur YouTube, et c’est ce qui va apparaître : c’est du marketing gratuit, de l’audience gratuite, pour la personne, les influenceurs ou la marque qui ont fait cette vidéo. Maintenant, le contenu devient la recherche. Cela vaut également pour le marketing et la stratégie de marque.
Comment les entreprises peuvent-elles se démarquer de la génération Y sur les médias sociaux ?
Trill : Elles devraient être plus directes avec le consommateur. Les consommateurs deviennent de plus en plus intelligents car ils ont vu tellement de contenu qu’ils peuvent maintenant savoir si quelque chose est faux, si quelque chose est réel, si quelque chose est mis en avant, et ils ne s’y intéressent plus autant. Si les consommateurs et les gens qui vendent des produits s’entremêlent, s’ils s’adressent plus directement aux gens des communautés… c’est là que vous commencez à avoir plus de ventes de produits et une plus grande distribution de vos produits. Je n’achèterais rien que je n’aie pas exploité ou que je n’aie vu personne porter. Pour l’iPhone, c’est plus controversé parce que tout le monde a un iPhone, pas parce que c’est le meilleur téléphone… Ils continuent à développer des produits différents. Ils ont des applications, ils ont iTunes, ils ont des podcasts… Ils sont utilisés dans toutes les cultures… Ils sont essentiellement en concurrence avec eux-mêmes… L’abonnement est la prochaine étape. Les comptes clients viendront après, puis la réalité virtuelle ensuite. Et ce sont là des domaines sur lesquels ces entreprises doivent se concentrer : quelqu’un développera toujours quelque chose de nouveau ; quelqu’un trouvera toujours quelque chose de mieux que les autres plateformes.
Les restaurants Popeyes a récemment lancé une campagne de marketing très réussie pour son nouveau sandwich au poulet. Les entreprises doivent-elles copier ce type de campagne pour réussir ? En ce qui concerne le consommateur de la génération Y, pensez-vous que la polémique se vend ?
Trill : Je ne dirais pas « copier ». Mais elles devraient proposer leur propre stratégie. Une fois que vous montrez quelque chose très souvent, vous rendez le consommateur plus intelligent. Votre prochaine campagne de marketing devra être plus recherchée.
Je pense que la controverse est toujours une bonne chose… mais si vous faites volontairement des choses en espérant et en attendant un bon résultat, neuf fois sur dix, cela ne se passera peut-être pas comme vous le voudriez. Mais si vous avez toute une stratégie marketing derrière et si vous savez exactement ce que vous faites et où vous voulez aller, alors cela va très certainement fonctionner… Nous n’avons pas à payer pour la presse.
Cette interview a été légèrement modifiée pour des raisons de concision et de clarté.
Pour en savoir plus sur MarQuis Trill, visitez son site Web ou connectez-vous à son compte Instagram.
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