Depuis que l’ancien Premier ministre britannique, David Cameron, a convoqué un référendum sur le Brexit en 2015, le débat sur les conséquences du départ du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) fait rage.
Maintenant que le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE et qu’un accord commercial entre les deux entités a été conclu en décembre, les conséquences de cette décision historique ne sont plus un sujet de débat intellectuel, mais une réalité quotidienne pour des millions d’entreprises.
Forbes suit les nouvelles concernant les répercussions tangibles du Brexit sur les entreprises britanniques et européennes, et continuera à mettre à jour l’actualité.
La fin de la domination britannique
La nouvelle a fait grand bruit le jeudi 11 février : Londres n’est plus la première place boursière européenne. Amsterdam dépasse la capitale britannique avec 9,2 milliards d’euros d’actions échangés par jour (contre 8,6 milliards d’euros pour Londres). Selon CBOE, entre décembre et janvier, le nombre de transactions a quadruplé sur la Bourse d’Amsterdam et sur les plateformes de négociations des différents opérateurs alternatifs néerlandais.
Cependant, les marchés financiers ne sont pas les seuls à souffrir du Brexit. Malgré leur réputation d’excellence en Europe, les universités britanniques devraient perdre chaque année 35 000 étudiants en provenance de l’UE, selon une étude de la London School of Economics, soit une perte de 62,5 millions de livres sterling (71,6 millions d’euros) par an en frais de scolarité.
Des retards dans les livraisons
Pour illustrer cette problématique, Sue Campbell, la fondatrice de Kind2, une petite entreprise vendant des shampoings et après-shampoings en barre, a envoyé son premier colis post-Brexit par le biais d’une entreprise distributrice le 12 janvier 2021. Un mois plus tard, Sue Campbell confiait à Catherine Erdly, collaboratrice de Forbes, que le colis n’avait toujours pas quitté le Royaume-Uni, un retard que le système de suivi attribue au Brexit sans pour autant indiquer comment et quand le colis arriverait à destination.
L’histoire de la fondatrice de Kind2 montre à quel point il est urgent de répondre aux demandes de soutien financier des petites entreprises. Jeudi 11 février, le gouvernement britannique a annoncé la création d’un fonds de 20 millions de livres sterling (22,9 millions d’euros) pour aider les petites entreprises à couvrir les coûts liés au Brexit. Par ailleurs, les petites entreprises pourront demander une subvention de 2000 livres sterling pour financer leurs importations et leurs exportations.
Un cadre différent pour la recherche
Les répercussions du Brexit se font également ressentir dans le domaine de la recherche. Selon Kath MacKay, collaboratrice de Forbes, le pire scénario a été évité, mais les relations entre le Royaume-Uni et l’UE en matière de recherche vont forcément être touchées.
La question des voyages
Les musiciens britanniques ont protesté avec force contre la décision de Westminster de limiter la liberté de circulation dans l’accord signé avec l’UE. Cette restriction à la liberté de circulation oblige tout artiste britannique en tournée dans l’UE à obtenir un visa. Les artistes ne sont pas les seuls à souffrir de ces nouvelles mesures.
L’entreprise Eurostar est également en difficulté en raison de la baisse des réservations de train à la suite de la pandémie. Lors de son 25e anniversaire en 2019, Eurostar a transporté 11 millions de passagers d’une rive à l’autre de la Manche. Désormais, un soutien financier est nécessaire, mais ni Londres ni Paris n’a envie de payer la note.
Un mauvais approvisionnement alimentaire en Irlande
Malgré la mise en place d’un « délai de grâce » de trois mois durant lesquels les supermarchés ne sont pas tenus de se conformer aux exigences de l’UE en matière de certification, les acheteurs en Irlande du Nord constatent déjà des perturbations alors que les supermarchés sont aux prises avec ces changements.
Comment rendre compatible le Brexit avec l’accord du Vendredi Saint qui interdit la mise en place de contrôles aux frontières centre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande ? Pour répondre à cette problématique, le gouvernement britannique a permis à l’Irlande du Nord de continuer à faire partie du marché unique. En pratique, cela signifie que les échanges de marchandises entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord doivent être soumis à des contrôles douaniers. Cependant, les conséquences d’une telle décision se sont fait ressentir dans un certain nombre de supermarchés en Irlande du Nord : la semaine dernière, de nombreux rayons étaient vides en raison du ralentissement, voire des perturbations, des livraisons de denrées alimentaires. Bien que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, parle de « difficultés initiales », de nombreuses chaînes de supermarchés craignent que la situation n’empire si rien n’est fait.
La suspension des domaines « .eu » appartenant au Royaume-Uni
Environ 81 000 domaines de sites Internet « .eu » ont été suspendus, les résidents britanniques n’étant plus autorisés à utiliser le domaine. Le site Internet Leave.eu, qui a fait campagne pour le Brexit, a cédé la propriété de son domaine à un résident non britannique pour rester en activité.
Le fabricant britannique de selles suspend temporairement ses ventes au Royaume-Uni
Brooks England produit des selles de vélo depuis son usine de Smethwick, dans les West Midlands, depuis 1882, mais a suspendu ses ventes au Royaume-Uni depuis le 1er janvier. Comme l’entreprise appartient à une société italienne depuis 2002, tous ses produits passent par le centre logistique italien avant d’être expédiés dans le monde entier, et le nouveau régime fiscal pour les exportateurs vers le Royaume-Uni a ajouté des formalités administratives que les entreprises trouvent difficiles à gérer ou non rentables.
Multiplication des obstacles pour les petites entreprises
Les nouvelles règles commerciales arrivent à un moment où les petites entreprises ont déjà dû s’adapter aux mesures de confinement des gouvernements. Mais si les entreprises établies dans l’UE peuvent simplement décider, du moins pour l’instant, de ne pas vendre au Royaume-Uni, les entreprises britanniques sont confrontées à une contrainte plus difficile : renoncer à un marché aussi vaste que l’UE. Le gouvernement et les organisations professionnelles peuvent les aider à se familiariser avec la nouvelle réglementation.
Une nouvelle échéance se profile à l’horizon
L’accord conclu en décembre par le Royaume-Uni et l’UE n’est pas la dernière pièce du puzzle Brexit en matière de commerce de l’énergie. D’ici avril 2022, les deux parties doivent mettre au point de nouveaux « accords commerciaux » pour régir le commerce de l’électricité et du gaz effectué par l’intermédiaire des interconnexions sous la Manche. Le Royaume-Uni est un importateur net d’électricité et obtient environ 10 % de sa puissance grâce aux interconnexions avec la France et d’autres pays de l’UE.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Sofia Lotto Persio
<<< À lire également : Londres et Bruxelles concluent un deal post-Brexit >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits