L’ex-président de gauche Lula s’est imposé sur une marge bien plus faible que celle que lui prédisaient les sondages sur le président sortant Jair Bolsonaro au premier tour de l’élection brésilienne dimanche, laissant entrevoir un second tour très disputé le 30 octobre.
Luiz Inacio Lula da Silva a obtenu 48,4% des suffrages, contre 43,2% pour Bolsonaro, selon des résultats quasi définitifs mais encore partiels, tandis que le dernier sondage de l’institut de référence Datafolha donnait samedi soir un avantage de 14 points à l’ex-président de gauche samedi soir.
Luiz Inacio Lula da Silva
« Nous avons vaincu les mensonges » des sondages, a déclaré le président d’extrême droite, qui s’est dit optimiste à l’idée de « jouer la deuxième mi-temps » de la présidentielle. Côté Lula, une métaphore footballistique: « C’est juste une prolongation. Je peux vous dire que nous allons gagner cette élection », a assuré l’ex-président (2003-2010). « La lutte continue, jusqu’à la victoire finale », a déclaré l’ancien métallo de 76 ans, qui a admis qu’il espérait l’emporter dès le premier tour et semblait abattu après l’annonce du résultat.
« C’est une surprise, Bolsonaro a obtenu plus de votes que ce que l’on attendait, notamment à Sao Paulo et Rio de Janeiro, les deux Etats les plus importants du pays », dit à l’AFP Paulo Calmon, politologue de l’Université de Brasilia. « Au second tour, la course présidentielle reste ouverte et promet d’être très disputée. Jair Bolsonaro a encore toutes ses chances d’être réélu », ajoute-t-il.
Jair Bolsonaro
Les Brésiliens ont moins sanctionné que prévu le président sortant de 67 ans pour son déni face au Covid (685 000 morts), la crise économique dans un pays où plus de 30 millions de personnes souffrent de la faim et les crises ayant émaillé tout son mandat. D’ici le 30 octobre, le dirigeant populiste aura l’occasion de galvaniser ses troupes dans les rues et de trouver un nouvel élan. « Cela renforce l’incertitude », a déclaré à l’AFP Michael Shifter, de l’Université Georgetown.
Par ailleurs, de nombreux candidats bolsonaristes, dont des ex-ministres du gouvernement, ont été élus au Congrès. Le très controversé Ricardo Salles, qui avait été soupçonné d’avoir pris part à un réseau de contrebande de bois d’Amazonie quand il était ministre de l’Environnement, a par exemple obtenu un siège de député. Claudio Castro, allié du chef de l’Etat à Rio de Janeiro, a été réélu gouverneur dès le premier tour. « C’est le bolsonarisme qui a gagné ce premier tour », résume Bruna Santos, du Brazil Institute au Wilson Center de Washtington. « Nous aurons un second tour dans un environnement extrêmement polarisé et les électeurs de Simone Tebet (centre droit, 4% des voix) et Ciro Gomes (centre gauche, 3%), près de 8 millions de personnes, vont décider qui sera le prochain président », ajoute-t-elle.
Dans le camp luliste, Viviane Laureano da Silva, une fonctionnaire de 36 ans, restait confiante: « La campagne va être difficile, mais Lula va gagner au 2e tour », dit-elle à l’AFP à Rio. À Sao Paulo, José Antonio Benedetto, 63 ans, était dépité: « le score de Bolsonaro, nous a surpris, ils s’en sont mieux sortis que nous. Je ne sais pas ce qui se passe au Brésil, près de la moitié de notre population est malade, et seul Lula peut soigner notre peuple, le vacciner ». Lula dispute sa sixième course présidentielle, 12 ans après avoir quitté le pouvoir avec un taux de popularité stratosphérique (87%). Mais il a du mal à se débarrasser de l’image de corruption qui lui colle à la peau depuis l’énorme scandale « Lavage express », qui lui a valu 18 mois de prison avant que ses condamnations ne soient annulées ou prescrites.
Toute la journée, les Brésiliens s’étaient pressés en masse pour choisir leur président, mais aussi les députés, un tiers des sénateurs et les gouverneurs des 27 Etats, avec des longues files d’attente. Plus de 500 000 membres des forces de l’ordre avaient été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin, qui s’est déroulé en présence de dizaines d’observateurs étrangers.
La courte victoire de Lula au premier tour de la présidentielle contre Jair Bolsonaro ouvre lundi une nouvelle période de campagne de quatre semaines qui s’annonce acharnée et chargée d’incertitudes au Brésil.
https://twitter.com/Le_Figaro/status/1576805805411778567
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