62% de la population française se disent favorables à des actions de boycott de marques américaines. La côte de popularité de l’oncle Sam s’est détériorée avec l’arrivée de la nouvelle administration et les positions controversées de certains dirigeants d’entreprises.
L’American way of life est-il sur le point de s’essouffler ? Alors que la société française s’est imprégnée de plus en plus des codes et de la culture américaine depuis le début du XXIe siècle, l’image des États-Unis connaît une dégradation historique aux yeux des Français selon une étude de l’IFOP, commandée par le site d’information touristique sur New-York NYC.fr. Nos compatriotes perçoivent désormais ce pays comme culturellement plus éloigné de la France que jamais. Les raisons de ce désamour sont multiples. Entre l’effet de la nouvelle administration Trump et les déclarations réactionnaires de grands dirigeants américains – Elon Musk en tête, l’Amérique ne fait plus rêver. Au point qu’une grande partie d’entre eux apportent leur soutien au mouvement de boycott des marques de l’Oncle Sam.
À la suite des tensions commerciales liées aux menaces d’augmentation des droits de douane et des échanges houleux entre les présidents américain et ukrainien, une vague d’appels au boycott des entreprises américaines a émergé. En témoigne par exemple l’apparition du hashtag #BoycottUSA sur X (anciennement Twitter). Ces initiatives bénéficient d’un large soutien en France, avec 62 % des Français favorables à ces actions.
Dans les faits, ce rejet des produits américains se traduit concrètement dans les habitudes de consommation : près d’un Français sur trois (32 %) affirme boycotter au moins une marque issue des États-Unis. Ce phénomène s’inscrit dans une démarche de consommation engagée, particulièrement marquée chez ceux qui revendiquent des valeurs progressistes. Ainsi, le taux de boycott atteint 51 % chez les personnes se déclarant « très féministes » et 55 % parmi celles qui se définissent comme « très progressistes » sur les questions sociétales.
Les entreprises d’Elon Musk en ligne de mire
Certaines marques sont plus ciblées que d’autres. Coca-Cola arrive en tête des enseignes les plus évitées (48 %), suivi par les géants de la restauration rapide comme McDonald’s (44 %), Starbucks (15 %) et KFC (12 %), symboles d’une culture de consommation de masse associée aux États-Unis.
Une analyse approfondie des marques les plus exposées au boycott montre qu’Elon Musk et ses entreprises figurent parmi les principales cibles du mouvement #BoycottUSA. Le milliardaire paye ses positions ultraconservatrices et son soutien affiché aux mouvements d’extrême droite européens. Tesla se hisse en tête du classement avec 47 % d’intentions de boycott, tandis que X occupe la troisième place avec 40 %. Actuellement, le constructeur automobile est déjà boycotté par 19 % des Français et X par 10 %. En février, plusieurs personnalités et médias avaient annoncé quitter ou se mettre en retrait du réseau social. Certains avaient alors décidé de migrer sur la plateforme concurrente Bluesky.
Ce rejet des marques américaines est fortement motivé par l’opposition à la politique de Donald Trump : 62 % des boycotteurs expliquent leur démarche par leur désaccord avec l’ancien président. Après seulement deux mois de présidence Trump, l’opinion favorable des Français envers les États-Unis s’est effondrée, atteignant 25 %. Ce chiffre marque une baisse drastique de 40 points par rapport à 2010 (dernier sondage en date) ; tandis que sous Barack Obama, la sympathie envers les États-Unis culminait à 65 %. Ce recul place l’image des États-Unis à son niveau le plus bas depuis quatre décennies, dépassant même l’impopularité enregistrée sous George W. Bush à la suite de la guerre en Irak. À titre de comparaison, au plus fort des tensions franco-américaines en 2003, la cote de sympathie des États-Unis n’était jamais descendue sous la barre des 30 % (31 % en 2005, 30 % en 2007).
Favoriser l’économie française
L’analyse du profil des Français qui restent favorables aux États-Unis sous l’ère Trump met en évidence un écart notable selon le genre (30 % d’opinions positives chez les hommes contre 21 % chez les femmes). Par ailleurs, l’adhésion à ce pays varie fortement en fonction des sensibilités politiques : seulement 15 % des personnes se déclarant de gauche conservent une opinion positive, contre 33 % des Français se situant à droite et 36 % à l’extrême droite. Ce soutien atteint même 37 % chez les sympathisants du Rassemblement National, illustrant une fracture idéologique marquée dans la perception des États-Unis.
Cependant, d’autres raisons entrent en jeu pour expliquer ce phénomène, notamment une volonté de favoriser l’économie nationale. Ainsi, 62 % des Français évoquent leur soutien à l’emploi local. Paradoxalement, cette motivation est particulièrement présente chez les électeurs de droite (84 % chez les sympathisants LR-DVD), alors même qu’ils apparaissent moins marquée par l’opposition au nouveau président américain. Reste que ce mouvement de boycott n’est pas près de s’inverser. Il semble appelé à s’amplifier dans les mois à venir : 57 % des Français déclarent avoir l’intention de boycotter des produits ou services issus de marques américaines, dont un quart de manière déterminée.
Étude par questionnaire autoadministré en ligne du 14 au 17 mars 2025 auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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