Le président américain a annoncé la mise en place de droits de douane à l’encontre du Canada, du Mexique et de la Chine vendredi 31 janvier. Les valeurs du secteur automobile sont celles qui ont le plus fortement reculé.
Les marchés redoutent-ils une guerre commerciale de la part des États-Unis ? Après l’instauration de taxes douanières par Donald Trump le vendredi 31 janvier, les bourses asiatiques et les places financières européennes ont chuté. À la bourse de Tokyo, l’indice Nikkei a dévissé de 2,66%. À Séoul, l’indice Kospi chutait de 2,52 % en fin de séance. En Europe, le réveil a également été marqué par un recul. Le Cac 40 a décroché de 1,8%, dans la même veine que le Dax allemand. Milan a perdu 1,4% et Madrid 1,5%.
« Les bourses ont chuté car les investisseurs craignent que les politiques protectionnistes de Donald Trump soient inflationnistes », signale Christopher Dembik, stratégiste chez Pictet Asset Management. Dans la nuit de vendredi à samedi, le président américain a mis sa menace à exécution en instaurant des droits de douane à ses principaux partenaires commerciaux. Une surtaxe de 25 % a été appliquée aux produits en provenance du Canada (à l’exception des hydrocarbures, taxées à 10 %) et du Mexique, tandis que ceux venant de Chine sont soumis à une taxe de 10 %.
Bras de fer
Pour autant, « l’amplitude de la baisse n’est pas dramatique », remarque Christopher Dembik. Les annonces de Donald Trump étaient attendues et les marchés n’ont pas été pris au dépourvu. « Les investisseurs ont intégré que la position américaine était une tactique de négociations afin de faire pression sur ses partenaires. Les droits de douane n’ont pas vocation à se pérenniser même si un échec des négociations restent possibles, poursuit-il en estimant que les bourses mondiales pourraient repartir à la hausse dès mardi.
Le Canada a déjà riposté alors que se profile une rencontre avec le président américain ce lundi. Donald Trump doit également s’entretenir avec le chef d’État mexicain dans la foulée. Pour le moment, la Chine n’a pas répliqué, mais a promis de le faire.
L’Europe se prépare également à un bras de fer avec les États-Unis. Le déficit commercial de la première puissance économique vis-à-vis des 27 était estimé à 214 milliards de dollars sur un an en novembre selon une note de la Direction générale du Trésor parue en janvier. Inacceptable pour Donald Trump, qui a annoncé vendredi que les produits européens seraient les prochains sur la liste.
Si la chute des indices boursiers européens demeure moins marquée qu’en Asie, les valeurs du secteur automobile ont fortement reculé. À Paris, Stellantis chute de 6,08 % tandis que Renault cède 2,3 %. En Allemagne, Volkswagen plonge de 5 %. Mercedes et BMW reculent chacun de 3,8 %. À Stockholm, Volvo affiche une perte de 5 %.
« C’est le secteur qui va être le plus concerné par la hausse des tarifs douaniers, note Christopher Dembik. Une entreprise comme Stellantis, par exemple, cherchait un relais de croissance aux États-Unis. »
Dollar fort
Ce lundi, Emmanuel Macron a réagi aux menaces de droits de douane américains sur les produits européens. Le président français a déclaré que l’Europe devra « se faire respecter » si elle est « attaquée » sur le commerce. Reste qu’en coulisses, les négociateurs européens ont déjà établi une liste de produits américains qu’ils envisagent d’acheter en plus grande quantité afin de réajuster légèrement la balance commerciale entre la zone euro et les États-Unis. « Ce serait une victoire publique pour Donald Trump sans nécessairement un coût financier élevé pour l’Union européenne », rapporte le stratégiste.
De son côté, l’euro peine face au dollar, reculant de 1,3 % à 1,0226 dollar. Sans surprise, les monnaies des pays affectés par la vague de droits de douane imposés par Donald Trump accusent également un net repli face au billet. Le peso mexicain chute de 2,19 % à 21,12 pesos pour un dollar, tandis que le dollar canadien recule de 1,32 %, s’établissant à 1,4715 pour un dollar américain. De son côté, le yuan échangé hors de Chine se déprécie de 0,2 % à 7,3400 yuans pour un dollar, d’après Bloomberg.
« Les études montrent que les pays qui adoptent des mesures protectionnistes favorisent la valeur de leur propre monnaie, donc c’est logique que le dollar se renforce, rapporte Christopher Dembik. De l’autre côté, le dollar joue un rôle de valeur refuge donc il y a un décrochage des autres monnaies. »
Les cryptomonnaies ont également fait les frais des annonces de Donald Trump. Le bitcoin, plus importante devise numérique, reculait de 2,86 % à 94 193 dollars, après avoir enregistré une baisse allant jusqu’à près de 6 %. L’éther, deuxième plus grande cryptomonnaie, a chuté de plus de 26 % en séance, atteignant 2 135 dollars, selon Bloomberg. « Cela montre que les cryptoactifs sont purement volatils et que ce n’est pas une valeur refuge comme on a bien voulu nous faire croire », relève Christopher Dembik.
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