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Salon Du Bourget : Boeing Domine Airbus Dans La Bataille Des Commandes

© Getty Images

Le traditionnel match des commandes au salon du Bourget a tourné à l’avantage de l’américain Boeing qui a dominé de la tête et des épaules l’avionneur européen Airbus.

La 52e édition du salon de l’aéronautique et de l’espace a livré son verdict : Boeing a remporté son face-à-face avec son meilleur ennemi Airbus. Si la dernière édition de 2015 – le salon du Bourget se tenant tous les deux ans, les années impaires, en alternance avec la grand-messe britannique de Farnborough – était davantage serrée (Airbus remportant les suffrages en termes de promesses de ventes quand Boeing triomphait sur les commandes fermes), le « cru 2017 » ne souffre, en revanche, d’aucune contestation. La firme de Seattle a dominé de la tête et des épaules le salon qui a baissé le rideau, pour les professionnels, jeudi soir, avant de laisser place au grand public dès vendredi matin. Dans le détail, Airbus a déclaré avoir reçu 326 commandes fermes et engagements de commandes pour une valeur théorique de 39,7 milliards d’euros tandis que Boeing en revendique 571 pour 74,8 milliards et en prévoit d’autres d’ici la fin du salon. Mais l’avionneur européen est tatillon, voire circonspect, sur les chiffres avancés par son rival. En effet, Airbus estime que le chiffre réel des commandes de Boeing porterait à ce stade sur 443 appareils, en retranchant les conversions de commandes précédentes en exemplaires du nouveau 737 MAX 10. Mais l’état-major d’Airbus n’a pu que se rendre à l’évidence comme en attestent les propos empreints d’impuissance de son directeur commercial, John Leahy. « Est-ce-que c’était plus mou que les années précédentes ? Oui. Est-ce-que nous reconnaissons que Boeing a vendu un peu plus d’avions que nous ? Oui ».

Mais le duopole, à travers ces chiffres, a clairement réussi son salon et les commandes témoignent de l’éclatante santé du marché aéronautique. Boeing est parvenu à combler son retard sur la gamme des monocouloirs avec le lancement particulièrement réussi du 737 MAX 10. « Le MAX 10 doit apporter plus de valeur pour nos clients et plus d’énergie au marché », avait déclaré le patron du groupe Boeing, lors de la conférence de presse inaugurale du Bourget. Selon les analystes cités par Reuters, le cinquième membre de la famille 737 MAX a clairement vocation à occuper le segment des monocouloirs les plus grands, face au succès de l’A321neo d’Airbus qui peut transporter jusqu’à 240 passagers. « Le MAX a volé la vedette », s’est félicité Ihssane Mounir, responsable des ventes de la division d’aviation commerciale de Boeing. « C’est probablement l’un de nos meilleurs salons ». De son côté, Airbus a terminé le salon sur une bonne note avec une commande ferme, in-extremis jeudi soir, de 12 A321neo par Air Lease Corporation.

A380+ « la surprise du chef » d’Airbus

Autre « point positif » pour Airbus, l’intérêt manifeste de Emirates pour une modernisation de sa flotte actuelle d’Airbus A380 sur la base des améliorations proposées par l’avionneur dans le cadre de la future version de son très gros porteur, l’A380+, présentée en grandes pompes dimanche, veillée d’armes du salon. Cet A380 « New Look » dispose notamment d’un intérieur entièrement repensé. Le réaménagement de la cabine doit permettre d’ajouter 40 à 50 sièges en configuration standard, portant le total à plus de 600 places. De nouvelles ailettes permettent de réduire la consommation de carburant jusqu’à 4%. Dans le détail, l’appareil aura au décollage plus de poids, 578 tonnes au maximum, ce qui lui permettra au choix de transporter 80 passagers de plus ou de parcourir 300 milles nautiques de plus. L’A380plus est un moyen efficace d’apporter une performance opérationnelle améliorée et encore plus économique en même temps », avait déclaré, John Leahy. Dès le lendemain, lundi, ouverture officielle du salon, Fabrice Brégier, directeur général délégué d’Airbus a fait savoir qu’il était déjà en discussions « avec plusieurs clients » concernant ledit appareil.

Ce dernier a également d’ores et déjà fait savoir que la production de ces nouvelles ailettes ne serait lancée que si Airbus recevait une commande importante. « S’ils nous disent, nous vous proposons ces ailettes sur la base d’un ‘retrofit’ [modernisation d’un avion existant], pour économiser 2,5% de carburant, j’examinerai la question », a déclaré à la presse le président d’Emirates, Tim Clark. Emirates est de loin le premier client de l’A380. Il en a commandé 142 exemplaires dont 95 sont actuellement en service. L’état-major de la compagnie émiratie a souligné qu’il ne voulait pas se retrouver avec des appareils dépassés et obsolètes.

La concurrence sur rampe de lancement

Outre le tandem historique Airbus-Boeing, le « millésime 2017 » a également consacré l’arrivée de nouveaux acteurs « aux dents longues » sur le marché de l’aviation civile. Ainsi, Le japonais Mitsubishi Aircraft a exposé son avion régional MRJ pour la première fois en Europe, un mois après les vols d’essais de nouveaux monocouloirs russes et chinois. La Chine et la Russie entendent aussi construire des gros porteurs, ayant constitué à cet effet une coentreprise. Enfin, comme évoqué également par Reuters, le cabinet de conseil Alix Partners évalue à 7 ou 8% la part des nouveaux entrants – Russie, Chine, Japon – parmi les quelque 13 000 avions civils actuellement en commande dans le monde. Vivement 2019 !

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