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Boeing : un trou d’air économique

Le 5 janvier dernier, un nouvel incident majeur a ébranlé la confiance des voyageurs sur la fiabilité du moyen-courrier 737 Max-9 de Boeing. L’entreprise fait face à une crise économique majeure depuis.

 

L’incident n’aura échappé à personne : un appareil Boeing 737 airline livré en octobre dernier à la compagnie Alaska airlines, a connu une défaillance critique peu après son départ de Portland, dans l’Ontario. Une partie du fuselage, comprenant une porte d’évacuation et des éléments d’un siège inoccupé, s’est détachée en plein vol, entraînant la libération des masques à oxygène et un violent appel d’air dans la cabine. Si l’avion a atterri en urgence à Portland sans causer de victimes, cet incident jette une lumière crue sur la fiabilité de ces modèles et met Boeing dans une crise économique sérieuse.

Quasi immédiatement, cet incident a eu des répercussions économiques sur Boeing, avec une chute de 7,7 % de son action cotée à Francfort lundi 8 janvier. reflétant ainsi l’impact direct de l’incident sur la confiance des investisseurs et des acteurs du marché financier à l’égard de la société aéronautique.

Sur le plan commercial, la situation soulève des questions cruciales quant à la conception et à la maintenance des avions 737 Max-9. La perte de la porte d’évacuation est prise très au sérieux par les autorités de l’aviation civile, notamment la Federal Aviation Administration (FAA) américaine qui a réagi en identifiant 171 Boeing 737 Max-9 à inspecter avant de les remettre en service. Principalement exploités par Alaska Airlines et Turkish Airlines ces avions sont actuellement cloués au sol, nécessitant une inspection approfondie qui pourrait prendre plusieurs mois avant la recertification. Jean Pierre Maulny, directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), explique à Forbes France les implications économiques et stratégiques de cet incident : « Les coûts liés aux enquêtes, aux correctifs techniques et aux indemnisations aux compagnies aériennes clientes peuvent mettre à mal les finances de l’entreprise »

Selon lui, « l’impact économique est à la fois direct et indirect. » Le risque de perte de confiance dans le modèle 737 Max « va entraîner une baisse significative des commandes pour Boeing ». Cela sans rappeler que la suspension temporaire des vols du 737 Max-9 entraîne des retards dans les livraisons prévues et des pertes de commandes. lla compagnie low cost RyanAir a d’ailleur déclaré par le biais de son directeur général Michael O’leary qu’elle prévoit « qu’il lui manquera cinq à dix avions pour l’été 2024 en raison des retards de livraison de Boeing et obligera probablement la compagnie à revoir la croissance de son trafic à la baisse ».

Un mal pour Boeing, un bien pour Airbus

Le directeur de recherche met aussi en évidence un effet positif pour Airbus, le concurrent européen de Boeing. « Cet incident a du bon pour Airbus », affirme-t-il. Les avions de la société européenne deviennent « plus attrayants aux yeux des compagnies aériennes et des investisseurs, bénéficiant indirectement des problèmes rencontrés par Boeing ». Et pour cause le carnet de commande du constructeur européen ne fait que grossir : « Plus de 8 500 appareils à produire, soit plus de onze ans d’activité, tandis que Boeing, avec 5 914 appareils, soit une différence de 35 % par rapport à Airbus », annonce le Point.

Maulny souligne également que l’impact économique, aussi malheureux soit-il « n’est pas permanent ». Il explique que la réputation actuelle de Boeing est entachée, « mais que l’entreprise pourrait surmonter cette crise en résolvant les problèmes systémiques, ce qui prendra probablement plusieurs mois ».

Malgré le fait que cet événement a pris une tournure des moins tragiques, il soulève néanmoins des questions cruciales quant à la conception et à la maintenance des avions 737 Max-9.

Ce nouvel incident vient s’ajouter à une liste croissante de problèmes pour Boeing, mettant en évidence des lacunes dans le suivi de qualité de l’entreprise. Le modèle monocouloir 737 Max vendu 120 millions d’euros par Boeing a déjà été impliqué dans deux crashs aériens en 2018 et 2019, entraînant la perte de 346 vies, ainsi que 20 mois d’immobilisation et d’arrêt de production. De plus, des problèmes tels que des trous non percés sur le fuselage en août 2023 et des boulons desserrés en octobre dernier ont également été signalés.

 

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