Des milliers d’ouvriers syndiqués des usines de Boeing ont voté jeudi soir en faveur d’une grève, infligeant un coup dur au constructeur d’avions déjà soumis à une intense surveillance quant à la sécurité de ses appareils.
Un article de Siladitya Ray pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
Faits marquants
- Les districts 751 et W24 du syndicat International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM), représentant environ 33 000 ouvriers d’usine de Boeing, ont annoncé que leurs membres ont voté à 94,6 % pour rejeter l’offre contractuelle de l’entreprise et à 96 % pour la grève.
- Les ouvriers ont rejeté un accord provisoire de l’entreprise qui proposait des augmentations salariales de 25 % sur quatre ans et une réduction des coûts de santé.
- Après l’annonce du résultat du vote syndical, le président du District 751 de l’IAM, Jon Holden, a déclaré : « Il s’agit d’une question de respect, du passé et de lutte pour notre avenir ».
- Holden, qui avait précédemment encouragé les travailleurs à accepter l’offre de Boeing, a indiqué que la direction du syndicat est prête à retourner à la table des négociations avec l’entreprise et « à tenter de résoudre les problèmes et répondre aux besoins des membres ».
Citation importante
L’IAM a déclaré à propos de la décision des ouvriers d’usine de Boeing : « Les membres de l’IAM à travers l’Amérique du Nord se tiennent solidaires de nos membres dans le nord-ouest du Pacifique et en Californie. Notre objectif est d’obtenir un contrat solide qui réponde aux besoins de nos membres ».
Contexte clé
Il y a une semaine, Boeing et le syndicat avaient trouvé un accord provisoire pendant le week-end pour éviter une grève. En plus de la hausse salariale proposée, l’entreprise s’était engagée à produire son prochain avion dans son usine située dans la région du Puget Sound, dans l’État de Washington. Stephanie Pope, responsable de la division des avions commerciaux de Boeing, a qualifié cet accord d’« historique », soulignant qu’il offrait « la plus importante augmentation salariale générale jamais proposée, une baisse des coûts de santé pour rendre les soins plus accessibles, des contributions accrues de l’entreprise pour la retraite, ainsi que des mesures favorisant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée ». Lundi dernier, Jon Holden a conseillé aux membres du syndicat d’approuver cet accord, en expliquant que les négociateurs « ne pouvaient pas garantir que davantage pourrait être obtenu en cas de grève ». Cependant, il a reconnu auprès du Seattle Times qu’une grève restait probable, ajoutant : « Les employés estiment que cela n’est pas suffisant ».
Tangente
La grève survient alors que Boeing fait l’objet d’une surveillance accrue concernant la sécurité de ses avions de ligne et qu’elle fait face à d’autres crises, notamment des défaillances liées à sa capsule Starliner. Les 737 MAX de Boeing ont été impliqués dans deux crashs mortels en 2018 et 2019, entraînant leur immobilisation pendant plus d’un an et demi. Plus tôt cette année, la sécurité du 737 MAX a de nouveau été remise en question lorsqu’un panneau de porte s’est détaché lors d’un vol d’Alaska Airlines, quelques minutes après le décollage. En juillet, Boeing a accepté de plaider coupable à une accusation de complot en vue de commettre une fraude, dans le cadre d’un accord avec le département de la Justice concernant les deux accidents du 737 MAX. L’entreprise reste par ailleurs sous le coup d’une enquête criminelle distincte liée à l’incident d’Alaska Airlines. De son côté, le premier vaisseau spatial habité de Boeing, le Starliner, a rencontré des difficultés lors de sa mission initiale le mois dernier. Bien qu’il ait transporté les astronautes de la NASA Sunita Williams et Barry Wilmore vers la Station spatiale internationale, le Starliner a dû revenir sur Terre sans eux en raison de problèmes de sécurité.
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