Le basket-ball n’est pas une affaire de ruse, mais de principes fondamentaux qui reflètent une nouvelle culture de la victoire. Les chefs d’entreprise peuvent s’inspirer de cette discipline, et plus particulièrement des Knicks de New York, pour prospérer en 2024.
Un article de Robert Reiss pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
Commençons par un parallèle historique. Le 19 décembre 1968, les Knicks de New York ont échangé leur centre vedette Walt Bellamy et leur meneur de jeu Howie Komives contre la star de la défense Dave DeBusschere. Ce seul échange a modifié trois des cinq positions sur le terrain en faisant de DeBusschere l’attaquant de puissance, ouvrant ainsi la position de centre à Willis Reed et celle de meneur de jeu à Walt Frazier. Du jour au lendemain, l’identité des Knicks s’est considérablement renforcée. Tout le monde jouait une excellente défense tout en étant capable de passer, de rebondir, de voler la balle et de tirer. Chaque joueur était considéré comme un couteau suisse.
Les Knicks de New York ont connu une montée en puissance, ils ont rapidement remporté 18 matchs d’affilée ainsi que deux championnats et Frazier, DeBusschere et Reed ont été sélectionnés parmi les 50 meilleurs joueurs de la NBA de tous les temps.
L’équipe actuelle suit exactement les traces de la dernière équipe championne des Knicks en 1973. Le 30 décembre 2023, ils ont échangé deux des meilleurs joueurs locaux contre la star défensive O.G. Anunoby. Cet échange a non seulement permis de replacer plusieurs joueurs à des postes corrects, mais il a aussi complètement transformé l’identité des Knicks en une véritable culture d’équipe, renforçant ainsi leur identité. Les Knicks avaient abandonné cette culture pendant cinq décennies, avec – sans surprise – aucun titre de champion.
En janvier 2024, les Knicks sont tout de suite devenus la meilleure équipe de la NBA avec 14 victoires et 2 défaites, avec une défense numéro 1 qui maintient ses adversaires sous la barre des 100 points par match. Il y a une semaine, les Knicks ont joué les deux équipes qui ont participé à la série de championnats de l’année dernière, le Heat de Miami et les Nuggets de Denver, champions du monde, et les ont battus avec un score combiné – peut-être inégalé – de 54 points.
Néanmoins, il y a quelques jours, les Knicks ont perdu Julius Randle, l’un des quatre joueurs de la NBA à avoir une moyenne de 24 points, 9 rebonds et 5 passes décisives, à cause d’une blessure à l’épaule. OG Anunoby est également blessé.
Ce week-end, Robert Reiss, journaliste Forbes, a partagé ses idées sur le sport, les affaires et les Knicks de New York pour l’année 2024 avec quelques grands chefs d’entreprise, et voici les conclusions qu’il en tire.
- Être clair sur son objectif et son identité
Lorsqu’Alan B. Miller a fondé Universal Health Services (UHS) en 1979, il avait une vision : il souhaitait créer une entreprise de soins de santé centrée sur le patient, qui les traiterait comme il souhaiterait que sa famille soit traitée. Aujourd’hui, UHS est l’un des fournisseurs de services hospitaliers et de soins de santé les plus respectés aux États-Unis, avec plus de 400 hôpitaux, 94 000 employés et un chiffre d’affaires de plus de 13 milliards de dollars (12 milliards d’euros).
Lorsque Robert Reiss a fait part de ses réflexions sur les Knicks de New York à Alan, actuellement président exécutif d’UHS, celui-ci a parlé de son lien entre le sport et les affaires : « Mes premières années de basket-ball ont jeté les bases de mon approche des affaires : travailler avec diligence, souvent jusque tard dans la nuit et l’après-midi à l’école. J’étais bon parce que j’utilisais mes qualités athlétiques (avec lesquelles je suis né et que j’ai pratiquées tous les jours quand j’étais jeune) à mon avantage. Après avoir parcouru tous les États-Unis pour négocier avec les hôpitaux, je voulais être là pour mes enfants lorsqu’ils faisaient du sport le week-end. Tous mes entraînements de basket-ball ont porté leurs fruits, comme à l’UHS. Les attributs de la persévérance et de la détermination sont durables. »
Équipe, détermination et persévérance sont la règle d’or de cette nouvelle année pour les Knicks de New York. Ce qui est cohérent avec l’identité qu’ils avaient il y a plus de 50 ans : une équipe axée sur la défense où tout le monde pouvait défendre, voler la balle, prendre des rebonds, faire des passes et tirer. Cela signifie que les joueurs sont interchangeables et que tout le monde se concentre sur l’équipe.
Aujourd’hui, les Knicks n’ont pas de joueurs narcissiques qui s’intéressent avant tout à leur réussite personnelle. D’ailleurs, sur les 45 athlètes les mieux payés de la NBA, aucun ne fait partie des Knicks.
- Toujours considérer l’équipe dans son ensemble
Le journaliste de chez Forbes se souvient avoir interviewé il y a quelques années Tony Hsieh, PDG de longue date de Zappos, qui lui a dit : « En tant que PDG, même si j’avais une idée géniale par jour, en impliquant toute l’équipe, nous avons plus d’idées novatrices que je ne pourrais jamais en avoir ».
Lorsque le centre titulaire Mitchell Robinson s’est blessé, le centre remplaçant Isaiah Hartenstein a pris sa place et est devenu l’un des meilleurs rebondeurs, bloqueurs, passeurs et voleurs de balles de la NBA.
Un point intéressant est que quatre des douze joueurs des Knicks de New York en 2024 ont joué ensemble à Villanova où ils ont gagné deux championnats. Jalen Brunson (dont la mentalité de meneur de jeu est assez proche de celle de Walt Frazier), Donte DeVincenzo et Josh Hart sont de véritables couteaux suisses qui peuvent réaliser tout ce qui est nécessaire à l’équipe. Et leur ancien coéquipier moins connu de Villanova, Ryan Arcidiacono, un réserviste des Knicks qui ne joue en moyenne que deux minutes par match et n’a jamais marqué un seul point, a cependant une importance cruciale au sein de l’équipe. Son rôle est unique lors des entraînements. Il reproduit le style de jeu de l’adversaire afin que les Knicks soient préparés à se défendre. Voilà ce qu’est une équipe.
- Performance, mesure et chimie
Lorsque l’on pense à la construction d’une dynastie d’entreprises basée sur la philosophie du sport, on pense à Steve Jones. Il a fait passer Allied Universal d’une entreprise de 12 millions de dollars (11,1 millions d’euros) employant 400 personnes à une entreprise de 20 milliards de dollars (18,6 milliards d’euros) employant 800 000 personnes en s’appuyant entièrement sur des principes sportifs.
Ce week-end, M. Reiss a fait part de ses réflexions sur les Knicks à Steve, qui est actuellement PDG et président mondial d’Allied Universal, et il lui a fait part de son point de vue, fondé sur ses années passées à jouer au football : « On regarde toujours toutes les mesures de performance individuelle et elles sont importantes, mais rien n’est plus important que le fait qu’une équipe joue bien ou travaille bien ensemble. L’alchimie ou la culture d’équipe, comme on l’appelle souvent dans le monde des affaires, est une dynamique qu’il est parfois difficile de mesurer à l’aide de statistiques individuelles, mais si vous y parvenez, l’équipe gagne ! Si vous vous trompez, l’équipe perd ! L’alchimie ou la culture d’équipe l’emportera toujours sur une mesure de performance individuelle, car il n’y a rien de plus puissant qu’une équipe qui travaille et joue ensemble !
Les statistiques les plus populaires au basket-ball sont : les points, les rebonds, les passes décisives et les interceptions. Il s’agit là de statistiques individuelles. Mais il y a une statistique dont on parle rarement, mais qui est peut-être la plus importante des statistiques d’équipe : + -. Elle a en fait été suivie depuis 1996-1997 mais n’est jamais devenue vraiment populaire.
Bien que les victoires et les défaites soient la statistique d’équipe par excellence, + – donne une vue d’ensemble de la manière dont ces victoires sont obtenues. Il s’agit d’une analyse stricte du nombre de points gagnés ou perdus par un joueur ou une équipe pendant qu’ils sont sur le terrain. En janvier 2024, le + – des Knicks est de loin le plus élevé de la NBA.
Cela dit, il est bien sûr beaucoup plus facile de mesurer la victoire dans le sport que dans les affaires. Mais peut-être que les Knicks de New York vous inspireront et vous aideront à prospérer.
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