Alors que Paris avait pour ambition de faire office de véritable « terre d’accueil » pour les startuppeurs et autres employés de la City « désemparés » par la sortie du Royaume-Uni du giron européen, une étude réalisée par la start-up Movinga et publiée en exclusivité par Forbes France, montre que la capitale française est (très) loin d’être une destination privilégiée pour ces deux catégories.
Comme dans tout « cataclysme », il y a des perdants et des gagnants. Au regard de cette étude, Paris qui avait la volonté de se placer dans la deuxième catégorie, les pouvoirs publics enjoignant allègrement les forces vives économiques installées en Grande-Bretagne à venir trouver refuge au sein de la capitale française, n’est pas parvenu à réussir son pari. Entre l’incantation et les actes concrets, il y a un pas que moult employés de la City et autres startuppeurs ont décidé… de ne pas franchir, privilégiant d’autres destinations sur le Vieux Continent. Dès lors, où le bât blesse-t-il concernant l’attractivité de la Ville lumière ? La fiscalité française, peut-être, qui jouerait à plein son rôle de repoussoir ? Les plus hardis qui pensaient y trouver un élément de réponse en seront pour leurs frais. Car, en effet, comme révélé par une étude de la start-up Movinga, spécialisée dans le déménagement en ligne, qui publie le premier Baromètre européen des villes de l’après-Brexit, c’est Dublin – en dépit de son taux élevé d’imposition sur le revenu, le plus important sur 10 villes sélectionnées (52%) – qui recueille les faveurs des employés de la City.
Raisons invoquées ? Sa forte proximité avec Londres (70 minutes en avion), le niveau d’aisance en anglais (équivalent évidemment à 100 %) et les loyers de ses appartements haut de gamme (1975.66 € mensuels). En queue de classement, on retrouve Milan qui est considérée comme la ville la moins attractive pour ces mêmes travailleurs à cause, notamment du faible niveau d’anglais (35%), de la distance avec Londres (2h10 d’avion), du prix des billets mais également du tarif de l’immobilier où le loyer mensuel pour un logement haut de gamme flirte allègrement avec les 3 000 euros (2 913,05€).
Baromètre du secteur bancaire : Dublin au sommet, Milan bon dernier, Paris hors du Top 5
« On parle toujours de villes comme Paris ou Francfort, qui se préparent à recevoir les salariés du secteur bancaire fuyant le Brexit » déclare Finn Hänsel, Directeur général de Movinga. Et de poursuivre. « Il existe pourtant d’autres villes, comme Dublin, La Valette, Luxembourg ou Amsterdam, où ces salariés auront potentiellement moins de mal à se sentir chez eux. Pour les particuliers comme les entreprises, il est plus qu’avisé de se pencher sur ces facteurs clés avant de préparer une relocalisation ».
Quid de Paris dans tout cela ? Force est de constater que la capitale française ne figure même pas dans le Top 5 des villes les plus attractives (9e place) aux yeux des employés du secteur bancaire outre-Manche. La faute notamment à un coût de l’immobilier jugé exorbitant, la capitale française remportant la palme, selon cette étude, des logements haut de gamme les plus onéreux avec un loyer mensuel moyen de 3 363,1 euros. Elément cocasse relayé par l’étude mais ô combien révélateur du niveau de vie relativement élevé de la capitale française, le prix du cocktail est ainsi estimé à 12 euros, soit la moyenne la plus élevée du Vieux Continent quand il ne dépasse les 5 euros à La Valette.
Baromètre des start-up : Paris dans les abysses
Là encore, la capitale française n’intègre pas le cercle des cinq premières villes européennes les plus attractives pour les employés de start-up. Pire encore, Paris échoue à une piteuse 11e place en matière d’attractivité (talonnée par une autre ville française, Nantes) et ce en dépit d’une première position en ce qui concerne l’accès au financement (avec une note de 10.0). La « Ville Lumière » est également celle qui abrite le plus grand nombre d’espaces collaboratifs (148). Insuffisant néanmoins pour attirer dans ses filets les employés de start-up qui lui préfèrent, et de très loin, Berlin.
Ainsi, la capitale allemande, si elle se place juste derrière Paris pour les deux derniers critères évoqués, bénéficie aux yeux des expatriés britanniques d’un niveau d’aisance en anglais supérieur (56% contre 39%), et surtout d’un prix de l’immobilier défiant toute concurrence. En atteste le montant du loyer mensuel moyen pour une collocation estimé à 465,75 euros, quand il faut débourser presque le double, soit 812,5 euros, à Paris. A l’autre bout du palmarès, Copenhague est la ville qui attire le moins d’employés de jeunes pousses en raison de loyers encore plus prohibitifs qu’à Paris (1 133 euros pour une collocation), de sa faible disponibilité en capitaux… et du prix élevé de la pinte de bière (6,05 euros en moyenne). Une étude riche en enseignements à une semaine (le 29 mars) de l’activation de l’article 50 par le Royaume-Uni, soit la première étape vers une sortie effective du giron européen.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits