Les marchés ont connu quelques remous dernièrement, alors qu’Atul Goyal (de Jefferies Group), un des défenseurs les plus ardents de Nintendo, a choisi de réduire son objectif de cours de 10% devant la baisse des ventes de la Switch. La valeur de l’action Nintendo a connu des chutes assez fortes ces derniers mois, la plus importante étant de 34%, même si le cours est légèrement remonté récemment.
La cause du problème est simple : les ventes de Switch sont en baisse, et certains investisseurs doutent que Nintendo réussisse à atteindre son objectif de 20 millions d’unités vendues à la fin de l’année fiscale 2018, un nombre que l’entreprise refuse de réviser.
En vérité, il s’agit d’une situation plutôt courante pour Nintendo. Le problème existe depuis longtemps, car une console principalement soutenue par des jeux développés en interne connaîtra toujours des périodes creuses quand il n’y aura pas de nouvelles sorties majeures.
Sony et Microsoft ne connaissent pas ce problème, puisque le calendrier des sorties sur leurs consoles est rempli par de grands jeux d’éditeurs tiers. Dans le cas de Microsoft, sa console tourne presque entièrement grace aux jeux tiers, puisque très peu de ses titres ont eu un impact sur les ventes de Xbox.
Mais même en 2018, Nintendo se retrouve encore une fois dans la même situation : la Switch ne supporte qu’une fraction des jeux multiplateformes comparé à ses concurrents, et si portage il y a, il faut attendre des mois ou des années avant qu’il ne se concrétise.
Les hits de Nintendo sont indéniables, comme Breath of the Wild et Mario Odyssey l’an dernier, mais, selon les goûts de chacun, il est tout à fait possible d’avoir raccroché sa Switch une fois Odyssey terminé et de ne pas prévoir de la réutiliser avant la sortie de Let’s Go Pikachu et Evoli cet automne. Et c’est précisément ce vide qui cause le ralentissement des ventes.
Difficile pourtant de compatir avec les investisseurs paniqués. Nintendo a toujours fonctionné comme ça. La situation n’a pas changé, c’est la même que pendant presque toute l’histoire des consoles de l’entreprise, qui n’ont jamais été très axées vers les jeux d’éditeurs tiers. C’est le cas maintenant (même si les choses se sont améliorées, avec un accès à des titres comme Fortnite et Minecraft), et c’était le cas pour la Wii U, la Wii, la Gamecube, la N64, etc.
Ce cycle sans fin de sorties de jeux Nintendo ultra-populaires suivies de longues périodes sans nouveautés n’est pas nouveau, et quand l’entreprise traverse véritablement une période de baisse, c’est plutôt dû à l’attractivité de la console elle-même. C’était le cas de la Wii U, dont l’écran central n’a attiré ni les fans ni les joueurs occasionnels, d’où l’échec du système. Cependant, la portabilité de la Switch n’a pas eu le même effet de “fonctionnalité gadget”, mais a au contraire démarqué la console de ses concurrentes.
Il suffit de patienter quelques mois, et Nintendo croulera de nouveau sous les profits une fois que Super Smash Bros et Let’s Go Evoli et Pikachu seront sortis. Chacun de ces jeux représente un titre majeur pour sa franchise, et le ralentissement des ventes devrait donc être compensé : 20 millions d’unités vendues ne paraîtront plus si déraisonnables.
En vérité, dans le cas présent, le yo-yo de la valeur de l’action est principalement causé par des investisseurs qui ne connaissent pas l’entreprise. Nintendo étant ce qu’elle est, nous devrions finir par apprendre ses spécificités.
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