Créée en 2017, Jobset est une plateforme qui rebat les cartes du recrutement des développeurs. Face à un marché où la demande est supérieure à l’offre, ce sont les employeurs qui se présentent au candidat, dans un système d’enchères inversées. Forbes France s’est également entretenu avec Elodie Djuric, sa fondatrice.
Que ce soit pour les start-up ou pour les grandes entreprises, le recrutement est un immense casse-tête. Et quand il s’agit de faire venir un développeur dans ses rangs, on n’est pas loin du parcours du combattant. D’après une étude du Startup Institute, 79% des entreprises peinent à trouver le bon profil et 41% des entreprises citent les difficultés de recrutement comme une des sources principales de leur échec. Sur Jobset, plateforme de recrutement de développeurs lancée en 2017, ce sont les employeurs qui postulent auprès des candidats et non l’inverse.Aujourd’hui, ce sont plus de 2 000 entreprises, comme EY, Deloitte, Ubisoft, Drivy, Content Square ou Dreem, qui recrutent leurs développeurs de talent grâce à Jobset.
Jobset a développé un processus de sélection rigoureux afin d’identifier les meilleurs développeurs. En moyenne moins de 7% des candidatures sont sélectionnées sur Jobset dont le réseau est uniquement constitué de développeurs d’élite ayant la capacité à résoudre des problèmes de haut niveau et appréciant les challenges en équipe.
L’IA pour créer la parfaite adéquation Développeur/Entreprise
Jobset développe un programme de Natural Language Processing capable d’analyser les données implicites et explicites des CV issus des bases de données publiques et privées. En effet, l’algorithme de Jobset pourra prendre en considération tant les expériences professionnelles, les formations, les projets, les soft skills ou encore les compétences cachées afin de corréler au plus près les attentes du développeur aux besoins du recruteur. Au-delà de la compétence technique, le développement d’algorithmes de Deep Learning permettra à Jobset de valoriser la compétence comportementale des candidats ; l’objectif étant à moyen terme de pouvoir prévoir la performance d’un candidat en équipe, de comprendre son comportement professionnel et d’évaluer sa capacité à s’intégrer dans la culture d’entreprise de manière objective. Jobset pourra alors prédire avec précision les profils compatibles au degré de technicité demandé et aux valeurs portées par la société cliente.
Avec une équipe de près de vingt personnes, Jobset vise un CA de 3 millions d’euros en 2019, soit l’équivalent de 250 à 300 recrutements dans l’année. Pour arriver à cet objectif, la jeune pousse vise à agrandir ses rangs d’une vingtaine de nouveaux collaborateurs.
Elodie Djuric, fondatrice de Jobset, nous éclaire sur le marché en tension des développeurs.
Forbes France : Pourquoi avoir fondé une plate-forme de recrutement spécifiquement dédiée aux développeurs ?
Elodie Djuric : Tout simplement parce que c’est un marché en très forte tension, où la demande est largement supérieure à l’offre. la demande européenne atteint 8 millions d’offres d’emploi IT pour seulement 7 millions de développeurs, les entreprises cherchent de nouvelles méthodes de recrutement rapides et performantes. Jobset veut s’imposer comme un tiers de confiance pour les entreprises qui souhaitent recruter des profils de qualité. Nous voulons permettre de fluidifier ce marché.
Vous parlez plus « d’ingénieurs » que de « développeurs » : pourquoi ce choix lexical ?
Parce que le terme « développer » ne rend pas assez compte de l’étendue de la profession des « développeurs », terme qui renvoie surtout au développement d’applications ou de sites internet. La notion d’ingénieur est à mon sens plus adaptée aux profils que nous recrutons, qui sont aussi des gens capables de programmer des logiciels, de traiter de la data. On devrait parler d’ingénieurs software.
Dans quelle mesure est-ce si important de recruter un bon développeur ?
Disposer d’une équipe d’excellence c’est l’assurance de réaliser une croissance à la mesure de ses ambitions et l’assurance de rester compétitif en assurant sa transformation digitale. L’adage “War for Talents” prend tout son sens dans le marché spécialisé du recrutement technique. Si l’on considère un marché de 26 milliards d’euros en Europe, 3,2 milliards en France et plus de 220 000 emplois IT supplémentaires prévu d’ici à 2022, l’offre spécifique de Jobset à toute sa place aujourd’hui et demain, en France et à l’international.
On retrouve de nombreux dév’ sur les plateformes de freelances. Quel est l’intérêt d’un recrutement par rapport à faire appel à des indépendants ?
De nombreuses entreprises préfèrent le recrutement en CDI, car elles préfèrent internaliser les talents afin de constituer des équipes tech performantes. Les grands groupes visent plus à assurer leur transition numérique. Les start-up cherchent, elles, à soutenir leur croissance.
En parallèle évidemment, les développeurs sont de plus en plus intéressés par le travail indépendant : la demande est très forte, et cela leur offre de multiples challenges professionnels sans peur de se retrouver sans rien du jour au lendemain.
Quelles sont les difficultés rencontrées par les entreprises dans le recrutement des développeurs ?
Pour les start-up, les difficultés concernent d’abord la rémunération : elles ont moins de moyens que les multinationales pour recruter les meilleurs profils. En outre, au sein même des jeunes pousses, il y a une très forte compétition. Ce sera à qui est capable de mettre en place la meilleure stack technique.
Pour les grands groupes, c’est différent. Il y a en premier lieu la question du management, qui dans les grandes entreprises peut être un peu trop rigide, « à l’ancienne ». Il y aussi une grande importance accordée au sens de l’entreprise pour laquelle le développeur va travailler. Il y a des secteurs, qui, à cet égard, sont peu séduisants…
Un des grands enjeux est également celui de la place des femmes dans l’univers des développeurs…
En effet. Il faut noter que 21% des ingénieurs sont des femmes, seulement. Nous demandons à nos collaborateurs responsables de la détection des talents de réaliser un recrutement de une femme pour quatre hommes. Hélas, nous n’y parvenons pas toujours. Notre objectif à terme est de pousser plus de femmes à faire ce genre de métiers et à intégrer les formations qui y mènent.