Dans cette interview pour Forbes France, Aurélie Guillemette, Directrice générale adjointe de HP France, revient sur les engagements de l’entreprise en matière de développement durable et d’inclusion.
En quoi consistent vos programmes HP Renew et HP Revitalize ?
HP Renew est une offre complète de services qui vise à réduire l’empreinte carbone des parcs informatiques. Les pilotes de ces programmes ont été lancés en 2023 en France et ont vocation à se développer au niveau mondial. Cette offre a été créée pour répondre à l’évolution des besoins et actes d’achat de nos clients, en particulier chez nos grands comptes. Pour répondre à leurs exigences RSE, ces entreprises cherchent à réduire l’empreinte carbone de leurs activités en identifiant les principaux postes d’émissions. Les équipements IT peuvent représenter un poste sur lequel agir.
Intégré à cette offre de services, HP Revitalize est notre premier programme de reconditionnement de PC portables professionnels qui inclut des services de récupération et de recyclage du matériel en fin de cycle. En effet, un PC reconditionné a une empreinte carbone réduite jusqu’à 77% par rapport à un PC neuf. Et le reconditionnement joue un rôle clé dans la réduction des déchets électroniques en prolongeant la durée de vie des équipements. Avec HP Revitalize, nous permettons ainsi à nos clients professionnels de s’impliquer dans l’économie circulaire en choisissant pour leur parc informatique des PC reconditionnés et garantis par HP.
Nous pouvons aussi évoquer notre solution HP Managed Services qui permet aux entreprises de nous confier la gestion du cycle de vie de leurs appareils, avec la possibilité de prolonger la durée de support de son matériel jusqu’à 7 ans. En réalité, un collaborateur ne cherche pas vraiment à posséder un ordinateur si le niveau de service fournit répond à ses attentes.
Pourquoi est-ce important de réduire l’empreinte carbone de son parc informatique ?
Le numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et près de 2,5% pour la France, selon l’Ademe-ARCEP. C’est 1,5 fois plus que l’ensemble du transport aérien et cette empreinte devrait doubler d’ici 10 ans.
La prise de conscience autour de l’empreinte numérique est désormais partagée par toutes les parties prenantes de notre propre écosystème. C’est même devenu une nécessité depuis 2021 : la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC) a créé de nouvelles obligations pour les acheteurs publics. Elle leur impose a minima 20 % d’achats informatiques issus du réemploi, de la réutilisation ou intégrants des matières recyclées.
La loi REEN de 2021 entend aussi responsabiliser les entreprises sur leur pollution numérique et la pression des investisseurs et des consommateurs en bout de chaîne est de plus en plus forte. Une étude de 2019 de l’Ademe avec Harris Interractive confirme que 88% des Français déclarent que l’indice de durabilité les influenceraient dans leurs achats, 83% pour l’indice de réparabilité.
D’après votre expérience en tant que partenaire des entreprises qui souhaitent réduire leur empreinte, quel est l’état de maturité de l’écosystème sur ces sujets ?
Les organisations travaillent sur des stratégies durables directement ancrées dans leur business, ce qui traduit une certaine maturité quant à leur volonté de se transformer. La logique de changement durable se fait désormais en profondeur et en synergie. Chez HP, nous cultivons ces enjeux depuis notre création il y a 80 ans en tant que société citoyenne et inclusive. Et toutes les règles que nous appliquons poussent tout notre écosystème à changer.
Lancé en 2023, notre programme Amplify Impact est par exemple destiné à aider nos partenaires commerciaux à concilier performances et préservation des ressources à l’aide de cursus de formation, d’outils marketing et d’auto-évaluation. C’est tout l’intérêt d’une économie de la fonctionnalité qui marie développement durable et rentabilité.
On peut ainsi allonger significativement la durée de vie de nos appareils dès leur éco-conception et réduire nos ventes de nouveaux produits en nombre. Nos services de reconditionnement représentent aujourd’hui 14% de notre offre et devraient atteindre 25% d’ici 2025. De plus, notre solution IT Asset Disposition prévoit la mise en place de prestations de services qui garantissent la réutilisation ou le recyclage des appareils dans les meilleures conditions.
Qu’en est-il de vos propres efforts pour réduire l’impact de votre supplychain ? Existe-t-il un chaînon manquant dans votre stratégie ?
Il n’y a pas vraiment de chaînon manquant et nous souhaitons atteindre la neutralité carbone sur l’ensemble de notre chaîne de valeur d’ici 2040. Plus de 60% de notre empreinte carbone correspond à notre chaîne d’approvisionnement, c’est donc sur ce maillon que nous concentrons la majeure partie de nos efforts. Tout l’enjeu est de favoriser le multimodal pour regrouper les expéditions d’équipement et réduire les déplacements inutiles.
Nous avons par exemple atteint 40% de circularité sur nos produits et emballages et l’objectif est de dépasser les 75% d’ici 2030. Nous optimisons aussi les trajets grâce à l’IA mais le plus gros du travail est le fait de faire accepter au client qu’il ne sera pas livré en 24 heures. Cela passe aussi par le fait de leur faire comprendre l’intérêt de ne pas avoir besoin de changer de PC tous les 5 ans ou moins.
Au-delà de ces efforts, il faut rappeler que deux tiers de l’empreinte de l’informatique sont liés à l’étape de fabrication, de l’extraction de ressources à l’assemblage. Nous travaillons avec un écosystème de sous-traitants composé de plusieurs milliers d’acteurs et notre mission est de s’assurer que toute la chaîne soit respectueuse de l’environnement et des droits humains.
Nous ne pouvons pas agir seuls car nous dépendons aussi beaucoup de nos sous-traitants et de nos partenaires qui s’occupent de la vente indirecte. Nous devons tous contribuer à ériger une nouvelle manière de produire et de consommer du numérique.
Cela se travaille avec l’ensemble de l’écosystème et certains de nos clients ont des niveaux de maturité ou d’exigence bien différents. Les banques ont par exemple un poids de l’IT important à assumer sur l’ensemble de leur empreinte et leurs exigences en termes de sécurité et de performance sont très fortes.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos efforts en matière d’inclusion numérique et d’engagement sociétal ?
Les sujets sociétaux croisent souvent ceux de l’environnement et notre maître mot répond au principe du « No one left behind », ne jamais laisser personne au bord de la route. La fracture numérique est toujours très marquée, en particulier chez les pays les plus pauvres et les femmes. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), près de 3 milliards d’habitants dans le monde sont des “exclus numériques”.
En France, près de 13 millions de personnes sont touchées par cette fracture et cela peut se traduire par des difficultés d’accès à l’éducation, à l’emploi ou aux soins. HP s’engage à promouvoir l’inclusion numérique en favorisant l’accès aux équipements, au réseau et aux compétences techniques nécessaires pour réduire les inégalités numériques.
Au niveau mondial, HP a permis d’accélérer et d’améliorer l’équité numérique pour 45 millions de personnes en 2023, avec un objectif de 150 millions de personnes d’ici 2030. En France, nous avons mené des programmes d’accompagnement et de mentorat aux compétences numériques dans des organisations ciblées. Chaque salarié de HP France peut consacrer 4 heures par mois de son temps de travail pour former des personnes éloignées du numérique à travers diverses associations partenaires comme Hour of Code, Campus numérique ou encore Konexio. Au total, 7500 heures de bénévolat ont été réalisées l’an passé.
Une autre partie du travail correspond à l’éducation et la sensibilisation à l’IA ou à toutes les nouvelles technologies en général. Ces actions visent à rassurer et sensibiliser sur l’impact réel qu’elles peuvent apporter. Cet effort est notamment fait dans le cadre de l’initiative Impact Tank à laquelle nous participons et qui accompagne les mouvements collectifs engagés dans la construction d’une économie à impact positif.
Enfin, nous avons aussi formé nos collaborateurs à la Fresque du Climat et des « green teams » ont été créées dans nos bureaux de Meudon et Grenoble pour insuffler des dynamiques internes autour d’activités de développement durable.
Quels conseils donner aux entreprises qui souhaitent réduire leur empreinte mais qui ne savent pas comment s’y prendre ?
Il faut rappeler l’importance de réaliser un calcul de son empreinte carbone du Numérique et de la faire auditer. Cependant, il faut bien avoir conscience que toutes les organisations n’ont pas les moyens d’analyser ces données d’infrastructure IT en interne. Pour les plus petites entreprises, il est conseillé de passer par des solutions simples au début – comme le fait de commander une flotte de matériel informatique reconditionné et de s’assurer que les matériels qui ne fonctionnent plus soient correctement recyclés. L’objectif de ce calcul est ensuite de passer d’un mode réactif à un mode proactif et d’obtenir plus de visibilité d’exécution. Il s’agit surtout de « faire simple » et de toujours avoir une visibilité sur le poids qu’occupe l’IT dans son organisation pour se rendre compte des efforts à déployer.
Une fois que l’on a obtenu une meilleure visibilité sur son impact, il est possible de le réduire via différentes méthodes selon son secteur d’activité. Cela peut être le fait d’optimiser ses chaînes d’approvisionnement, de revoir sa façon de produire, de travailler en circuits courts voire même d’avoir recours à de l’impression 3D pour produire certaines pièces à réparer par exemple.
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