Rechercher

Assiste-t-on a une flambée des défaillances d’entreprises en France ?

« Ces défaillances ne pèsent pas de manière importante sur le bilan des banques. Cependant, en réponse à cette évolution, les banques demandent plus de collatéral, ce qui peut diminuer la capacité d’endettement des petites entreprises. Le sentiment et les prévisions ne sont pas bien orientés mais le nombre de créations d’entreprises reste important. »

Une contribution de Anne-Sophie Alsif, Cheffe économiste de BDO France et Arthur Cluet, Directeur BDO Advisory

 

Depuis la fin des aides aux entreprises post-covid, de nombreuses entreprises disparaissent. En effet, on observe en France, une forte augmentation du nombre de défaillance d’entreprises depuis la fin du Covid en raison de l’atténuation du « quoi qu’il en coûte ». En 2023, le nombre de défaillances d’entreprises a augmenté de 35% par rapport à 2022, atteignant 53 343. Néanmoins, il est important de relever les éléments suivants. Le niveau reste inférieur à celui d’avant la crise sanitaire : en 2019, il y avait 51 145 défaillances. La hausse est en grande partie due à l’effet de base : les mesures de soutien mises en place pendant la crise (comme le PGE) ont artificiellement baissé le nombre de défaillances en 2020 et 2021. Enfin, la hausse est hétérogène : elle est plus forte dans certains secteurs, comme l’hôtellerie-restauration, le commerce de détail et la construction.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’évolution du total des défaillances d’entreprises. La croissance est revenue sur un niveau atone tandis que la France sort d’une période de forte inflation. Ce contexte est forcément négatif pour les entreprises. La croissance plus faible traduit une diminution de la demande, c’est donc un niveau d’activité plus contenu pour les entreprises ce qui implique une augmentation des défaillances. La hausse de l’inflation traduit l’augmentation des coûts pour les entreprises et diminué leurs marges, impactant les entreprises les plus en difficultés et provoquant leur défaillance. Les taux d’intérêts ayant suivi une trajectoire haussière depuis deux ans, le coût de la dette a aussi beaucoup augmenté pour les entreprises en difficultés.

Par ailleurs, l’impact économique de ces défaillances reste limité à 0,44% des encours de crédit au niveau de sa moyenne historique. Ces défaillances ne pèsent pas de manière importante sur le bilan des banques. Cependant, en réponse à cette évolution, les banques demandent plus de collatéral, ce qui peut diminuer la capacité d’endettement des petites entreprises. Le sentiment et les prévisions ne sont pas bien orientés mais le nombre de créations d’entreprises reste important.

L’indice de climat des affaires est en dessous de 100 depuis fin 2023. Il reflète la perspective négative pour plus de 50% des chefs d’entreprise sondés. Cette perception négative peut les inciter à reporter des investissements, à embaucher moins de personnel et à réduire leurs dépenses. Par ailleurs, aujourd’hui 60% des PME rapportent une augmentation du coût du crédit. Cette augmentation des taux d’intérêts augmente la difficulté de financement et est un des principaux freins à la diminution du nombre de défaillances d’entreprise.

Il est important de noter que le nombre de créations d’entreprises en France a explosé ces dernières années. En 2022, plus d’un million d’entreprises ont été créées, un record historique. En effet la création d’une entreprise est devenue plus simple et plus rapide grâce à la dématérialisation des procédures et l’entrepreneuriat est de plus en plus valorisé et encouragé en France. Par ailleurs, de nombreux dispositifs d’aide à la création d’entreprises ont été mis en place.

Ainsi, en 2024, les défaillances d’entreprises devraient continuer à augmenter, mais à un rythme plus modéré. La barre des 60 000 défaillances sur un an glissant pourrait être dépassé. Néanmoins, ces chiffres sont à relativiser : ce cumul de défaillance n’est que la contrepartie de la fin progressive du « quoi qu’il en coûte » de la période COVID ; dans un contexte où la situation macroéconomique se maintient malgré le ralentissement du taux de croissance. enfin, le nombre de créations d’entreprises étant également en forte augmentation, il est normal que le nombre de défaillances augmente également.

 


À lire égalementLe fonds de dotation, entre philanthropie et transmission

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC