Avec sa récente victoire sur la Transat Jacques Vabre aux côtés de Sébastien Josse, Armel Le Cléac’h s’impose comme l’un des meilleurs skippers de la décennie. Avant de remonter à bord de son Ultim Banque Populaire XI, le 7 janvier prochain, pour attaquer le tour du monde en solitaire, il a bien voulu répondre à nos questions.
Désirée de Lamarzelle : Comment pourriez-vous déjà décrire la Transat Jacques Vabre que vous avez remportée ?
Armel Le Cléac’h : La course a été comme on l’imaginait, c’est-à-dire avec beaucoup de sportivité et d’engagement. Nous avons des bateaux qui ont énormément progressé, et qui permettent des courses très homogènes. Cela se joue maintenant sur des détails et sur la stratégie, avec des petits réglages de vitesse. C’est ce que l’on a réussi à faire avec Sébastien. C’était une super course où finalement les quatorze jours se sont passés très vite. Gagner pour les 30 ans de la Transat Jacques Vabre a une saveur particulière.
Vous avez remercié votre co-équipier Sébastien Josse à l’arrivée de la Transat, pourquoi ?
Mais parce que cela a été quatorze jours de pur plaisir avec lui à bord du bateau, Personnellement le choix du co-équipier s’est toujours bien passé, mais on peut se tromper. Finalement, quand on se retrouve en mer avec son lot de difficultés ou de stress, les tensions peuvent vite monter. On a beaucoup travaillé ces dernières semaines, et je le remercie parce qu’il m’apporte cette première victoire. Lui, il avait déjà gagné.
Cette victoire donne du baume au coeur avant de vous attaquer au tour du monde en solitaire en Ultim dans quelques jours, comment voyez-vous ce nouvelle épreuve ?
Je suis bien conscient du challenge que présente ce tour du monde. Cela sera plus physique seul mais en même temps la Transat m’a permis de me préparer physiquement. J’ai hâte car c’est un beau défi et cela sera certainement un grand moment.
Vous aviez eu des déconvenues avec des précédentes éditions de la Transat.
En effet, l’histoire de la Transat avait mal commencé pour moi en 2005 avec un chavirage. Lors des précédentes éditions j’avais plutôt bien figuré, mais jamais sur la première marche du podium. C’est autre chose d’aller chercher la victoire.
Banque Populaire vous a toujours soutenu : est-ce compliqué la double casquette de sportif de haut niveau et de chef d’entreprise pour monter vos projets ?
En général on a la double casquette de chef d’entreprise et de sportif. Mais avec Banque Populaire nous avons un fonctionnement différent et ce partenariat montre une certaine évolution dans le monde de la course en voile. Je peux me concentrer sur la partie sportive sans m’occuper de la gestion : celle du budget, du management général, de l’équipe. J’ai un directeur d’équipe et un directeur technique qui travaillent toute l’année avec moi. J’entretiens une relation particulière avec mon sponsor, avec qui on a mis en place tout un programme de course et d’objectifs. Avec notamment un travail de représentation à travers de nombreuses opérations sur tout le territoire et où il faut aussi être disponible pour se déplacer. Ma double casquette aujourd’hui, c’est être à la fois le pilote du bateau mais aussi l’ambassadeur de Banque Populaire, de la marque que je représente. Il faut faire le parallèle entre les risques que prend la banque qui accompagne ses clients, et celui de m’accompagner dans les risques que je prends en mer. C’est un sponsor fidèle, et partenaire historique depuis 35 ans de la voile. Banque Populaire sait ce que signifie sur le long-terme le fait de construire de belles histoires.
Banque Populaire est également parrain de relais de la flamme olympique et c’est vous qui serez en charge de lui faire traverser l’océan…
Oui, c’est une récompense. C’est à mes yeux à la fois une source de fierté et une mission à remplir en termes d’image. La course au large est un sport en solitaire, qui se pratique presque essentiellement en France. Et parmi eux une majorité des équipes est installée en Bretagne. Pendant trois semaines le monde va regarder les jeux se dérouler dans notre pays, donc je suis fier de participer un peu à cette histoire avec notre bateau, et de porter haut l’esprit du sport durant cette traversée de Brest aux Antilles en juin.
Porter haut les valeurs de dépassement de la voile et d’un savoir-faire technologique ?
Oui. Ces bateaux servent en effet de laboratoire technologique pour beaucoup d’entreprises qui travaillent avec nous. La construction de notre bateau qui a duré deux ans a réuni près de 150 entreprises dont nombreuse travaillent avec nous toute l’année. L’assemblage final est à Lorient. Banque populaire, qui est propriétaire du bateau, a investi 12 millions d’euros pour construire ce bateau. Derrière sa construction, il y a l’économie induite de ce réseau d’entreprises qui travaillent. Avec à la clé tout un savoir-faire aussi que l’on véhicule.
C’est aussi un transfert de technologie vers de nouvelles solutions écologiques…
Grâce à ce que l’on teste pour gagner en vitesse et diminuer notre consommation carbone, notamment par l’exploitation du vent, cela permet de faire progresser les alternatives écologiques dans le transport. Comme l’autonomie du bateau avec les panneaux solaires que l’on teste et qui permettra peut-être encore de déboucher sur des panneaux encore plus résistants.
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