L’avènement de plateformes de streaming comme Spotify et Apple Music a largement rétabli les chiffres d’affaires de l’industrie de la musique, bien que sans les marges artificiellement gonflées qui allaient de paire avec le format CD.
Lorsque Napster a été lancé en 1999, la plate-forme de musique numérique a déclenché un tsunami révolutionnaire de découvertes musicales et de partage de fichiers, prenant de court l’industrie musicale. L’activité à marge élevée de la vente de CD a été complètement décimée, incitant certains labels à demander l’interdiction de l’Internet. Heureusement, l’Internet est toujours là, et la révolution de la musique numérique n’a cessé de prendre de l’ampleur
Le lancement de l’iTunes Music Store en 2003 a sans doute été le tournant de l’histoire de l’industrie de la musique numérique. Apple a accompli quelque chose qui avait échappé jusque-là aux grands labels en difficulté, à savoir, créer un modèle convivial de magasin de musique numérique sous licence qui permettait aux consommateurs d’accéder facilement à la musique qu’ils aimaient. Associé aux iPod et iPhone, appareils innovants d’Apple, iTunes a introduit une expérience client transparente, qui a converti des millions de personnes au monde de la musique numérique.
Dans les années qui ont suivi, l’application iTunes a été étendue au point de devenir un fourre-tout pour la consommation de nombreux types de médias tels que les podcasts et la radio Internet, et aussi comme une plateforme pour activer et sauvegarder les iPhones. Lors de la dernière keynote, Apple a dévoilé une suite de trois nouvelles applications, plus ciblées, conçues pour remplacer iTunes : Apple Music, Apple TV et Apple Podcasts. Les fonctions de sauvegarde, de restauration et de synchronisation pour iPhone, iPad et iPod sont maintenant intégrées dans le Finder de macOS Catalina. Apple a confirmé que « les utilisateurs auront accès à l’ensemble de leur bibliothèque musicale, qu’ils aient téléchargé les chansons, les aient achetées ou les aient extraites d’un CD » dans un communiqué de presse publié plus tôt cette semaine.
Alors que le premier géant mondial de la musique numérique passe à sa nouvelle incarnation et perd son nom de marque emblématique*, Forbes s’est entretenu avec des experts de premier plan de l’industrie musicale au sujet de l’héritage remarquable d’iTunes.
Stephen O’Reilly joue un rôle influent dans l’industrie de la musique en tant que directeur de ie:music et ie:ventures, qui représentent des artistes dont Robbie Williams, Passenger et compositeur Craig Armstrong. Sa carrière a été au cœur de l’évolution de la musique numérique, en tant que directeur marketing de la société pionnière Mobile Roadie, responsable mondial des ventes et du marketing chez Gramofon, société de matériel de streaming, et directeur marketing de la plateforme radio Internet Shuffler.fm.
Il pense qu’iTunes a marqué le début de l’ère de la musique numérique et, par la suite, de l’ère de la musique mobile : « iTunes a permis la création d’une source de chiffres d’affaires numériques significative et substantielle qui était entièrement nouvelle. La facilité d’achat sans effort d’un titre sur iTunes permettait également aux consommateurs de dépenser facilement sur leur ordinateur de bureau, puis sur leur iPod et leur iPhone. L’aisance avec laquelle il est devenu possible de dépenser de l’argent pour de la musique numérique au lieu d’aller sur Napster ou d’autres sites illégaux a fait une énorme différence. Seul Steve Jobs aurait pu convaincre l’industrie du disque d’adopter le modèle iTunes 99 centimes par titre / 9,99€ par album. »
O’Reilly considère qu’iTunes a transformé la perception de la musique jusque là endommagée par le boom du partage de fichiers : « iTunes a mis une valeur sur la musique numérique, à la place du concept selon lequel ce qui est numérique est gratuit. Grâce à l’acquisition de Beats Music, Apple fait en sorte qu’Apple Music devienne un géant et soit un concurrent très apprécié dans le paysage sain du streaming. »
O’Reilly est également très favorable à la stratégie de conservation d’Apple : « Je pense qu’Apple va continuer à doubler le taux de conservation et le contexte. » Comme beaucoup d’autres dans l’industrie de la musique, O’Reilly aimerait voir plus d’abonnés payants aux services de diffusion en continu, afin de s’assurer que les artistes et les auteurs soient rémunérés équitablement pour leur travail lorsque les ventes de CD et d’iTunes s’effacent.
Vickie Nauman est une consultante et conseillère dans l’industrie de la musique en tant que fondatrice de CrossBorderWorks. Au cours de sa brillante carrière, elle a été présidente de 7digital Inc (États-Unis) et productrice de contenu pour MusicNet, deux concurrents d’iTunes, ainsi que Global Alliance Manager pour Sonos, société leader dans le domaine du matériel musical. Nauman est franche en ce qui concerne l’impact d’iTunes sur les consommateurs du monde entier, « iTunes a créé un sens de l’ordre dans la musique numérique en 2003, non seulement pour les consommateurs, qui pouvaient acheter les singles qu’ils voulaient à un prix qu’ils comprenaient pour une lecture facile sur leurs appareils, mais aussi pour l’industrie musicale, avec un nouveau modèle autour du téléchargement à la carte. »
Elle ajoute que l’accent mis par Apple sur l’expérience client a fait une énorme différence dans l’adoption de la musique numérique : « iTunes a marqué le début d’une nouvelle ère dans le domaine de la musique numérique avec des chansons et des albums sous licence légale qui ont aidé de nombreux consommateurs à faire la transition entre l’achat de biens physiques et l’achat de biens numériques. Ce pont était essentiel, car nous n’en étions qu’à nos débuts, et nos téléphones, nos réseaux et nos systèmes d’exploitation en étaient encore à leurs balbutiements. Mais l’intégration matériel/logiciels/contenu d’Apple a évolué au fil du temps et a contribué à mettre en lumière l’élégance et la portabilité d’une collection de musique. »
Nauman est optimiste quant aux nouvelles perspectives offertes par l’innovation musicale numérique : « J’attends avec impatience la prochaine génération d’expériences musicales au-delà des modèles de streaming actuels – la musique est prête pour une segmentation et les consommateurs sont tout aussi passionnés aujourd’hui qu’il y a 18 ans par les nouvelles façons de vivre la musique qu’ils aiment. »
*Additif – l’iTunes Music Store – et l’option d’acheter et de télécharger de la musique – demeure, mais la fonctionnalité est déplacée vers une barre latérale dans la nouvelle application Apple Music pour Mac. Sous Windows et iOS, l’application iTunes est inchangée pour le moment.
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