Apple souffre à l’ouverture de Wall Street après avoir fait tanguer les marchés actions européens toute la journée. Cause de cette « onde » de choc : l’annonce de la baisse de sa prévision de chiffre d’affaires trimestriel imputable au recul de ventes d’iPhone en Chine. Un « événement » rare dans l’histoire de la firme à la pomme dont le dernier « profit warning » remonte à 2007.
Les lendemains de fêtes sont souvent ravageurs et Apple ne fait pas exception à la règle. Après une fin d’année morose sur le front des marchés actions mondiaux, la firme de Cupertino a davantage plongé les opérateurs dans leur marasme en émettant son premier avertissement sur résultats… depuis l’année 2007. Ainsi, dès les premiers échanges, le titre Apple a piqué du nez, s’effondrant de 8% à Wall Street. Dans le collimateur : les ventes d’iPhone en « Grande Chine » qui ont particulièrement souffert du climat délétère entre Pékin et Washington sur fond de guerre commerciale. Mais pas seulement. « Les ventes d’Apple en Chine ne se portent pas bien depuis quelques trimestres, en partie parce que les prix sont trop élevés – au-delà de la barre des 1 000 dollars », souligne Kiranjeet Kaur, analyste au cabinet d’études IDC et cité par Reuters. Et d’ajouter : « C’est presque trois fois plus cher que les téléphones d’autres fabricants qui inondent le marché de masse ». A l’heure où la force de frappe de Huawei, puissance régnante locale, a éjecté Apple de la seconde marche du podium des plus gros vendeurs de smartphones dans le monde et part à l’assaut de la citadelle Samsung, la firme à la pomme va vite devoir « revoir sa copie ». D’autant plus que l’arrestation, début décembre, au Canada de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei Technologies, à la demande des Etats-Unis, a suscité une levée de boucliers en Chine, où ont été signalés des cas de consommateurs se détournant des produits Apple.
Une « vision » partagée par Tim Cook, PDG de la firme de Cupertino qui a affirmé que si Apple n’était pas « stricto sensu » prise pour cible par les autorités chinoises, il semblerait néanmoins que certains consommateurs pourraient avoir décidé de ne pas acheter d’iPhone ou d’autres appareils du groupe, perçu comme un représentant des Etats-Unis. Avant d’esquisser une forme de « mea culpa » relatif à la trop grande confiance du groupe. « Même si nous anticipions des difficultés dans des marchés émergents importants, nous n’avons pas mesuré l’ampleur de la décélération économique, surtout en Grande Chine », pointe Tim Cook dans une lettre adressée aux investisseurs. Pour autant, aucune remise en question « frontale » sur des prix toujours plus élevés et le positionnement haut de gamme d’Apple qui suscite pourtant la circonspection des analystes. Divers éléments qui ont donc conduit à la « correction » de la prévision du chiffre d’affaires du premier trimestre de l’exercice décalé du concurrent de Samsung.
Les fournisseurs d’Apple en souffrance
Une première depuis le lancement du premier iPhone. Dans le détail, Apple table désormais sur des ventes à hauteur de 84 milliards de dollars contre une « fourchette initiale » comprise en 89 et 93 milliards de dollars. Le consensus s’élevait alors à 91,5 milliards de dollars, très loin de « l’ajustement » effectué par Apple. L’entreprise avait déjà entamé son chemin de croix dès les échanges après-bourse de mercredi soir, reculant déjà de 8%, ce qui a eu pour conséquence de voir sa capitalisation boursière passer à 700 milliards de dollars, loin des 1 100 dollars du mois d’octobre dernier. Ce qui creuse l’écart avec Microsoft et Amazon et même Alphabet, maison mère de Google, dont la capitalisation s’élevait à 730 milliards de dollars mercredi soir. En dépit de son effet dévastateur – les principaux fournisseurs d’Apple au premier rang desquels AMS qui recule de 20% ou encore STM Microelectronics qui perd 7,04%, ce qui en fait la plus forte baisse du CAC 40, sont en souffrance – cet avertissement d’Apple n’est pas vraiment une surprise pour les analystes. En effet, certains signes n’ont pas trompé les spécialistes notamment lorsque la firme à la pomme avait déclaré, en octobre dernier, ne plus communiquer sur les chiffres de ses ventes d’iPhone, ce qui laissait augurer une baisse des volumes des ventes de l’emblématique smartphone.
En outre, un mois plus tard, Tim Cook avait évoqué un ralentissement de la croissance de pays émergents tels que le Brésil, l’Inde et la Russie pour expliquer la prévision prudente du groupe pour le premier trimestre. Il avait toutefois souligné qu’il « ne mettrait pas la Chine dans cette catégorie » de pays. Mais depuis ce « profit warning », Apple est la première multinationale à s’inquiéter des tensions commerciales entre la Chine et Les Etats-Unis. Un « élément » qui ne peut à lui seul expliquer les difficultés du groupe au sein de l’empire du Milieu, comme l’explique, via Reuters, Hall Eddins, économiste chez Capital Investment Counsel. « Les propos de Tim Cook sur l’impact des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine pourraient être une critique contre (le président américain Donald) Trump mais cet argument pourrait aussi constituer une excuse pour s’exonérer des erreurs commises par le groupe au cours du dernier exercice ». Fin de citation. Apple, dont les ventes unitaires de l’iPhone sont restées pratiquement inchangées par rapport à l’exercice précédent, tandis que le chiffre d’affaires de l’iPhone a augmenté de 18% à 166,7 milliards de dollars, grâce essentiellement à la hausse des prix, ne devrait pas échapper à une bonne remise en question de sa stratégie en Chine. Et ailleurs.
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