Il y a exactement 100 ans, Andrew Carnegie, le célèbre philanthrope, s’éteignait à Lenox, dans le Massachusetts. Il se murmure que sur son lit de mort, l’industriel américain aurait été frustré d’emporter avec lui ses 30 derniers millions de dollars.
En effet, ce dernier ne voulait pas léguer plus d’argent aux membres de sa famille, suffisamment riches, mais souhaitait en faire don à des associations caritatives. Il avait déjà donné environ 300 millions de dollars à des œuvres de bienfaisance tout au long de sa vie, démontrant ainsi sa générosité sans égal.
Il estimait au contraire que le devoir d’un millionnaire était de s’assurer qu’il ne lui reste plus rien à la fin de sa vie : « Celui qui meurt avec des millions, qu’il aurait pu redistribuer au cours de sa vie, mourra sans pitié, sans honneur et sans réputation, peu importe l’utilisation qui sera faite de l’argent qu’il ne pourra emporter avec lui. C’est ainsi que le verdict du public sera rendu : L’homme qui meurt ainsi riche meurt déshonoré ».
Fort heureusement, Andrew Carnegie a fait cadeau de quelques solutions pratiques pour les millionnaires inquiets d’une mort sans pitié, sans honneur et sans réputation.
« Si un millionnaire ne sait pas comment faire le bien avec sa fortune, voilà un secteur qui aura toujours besoin d’investissement », écrivait alors le philanthrope. Le secteur en question était l’éducation, et c’est ainsi qu’il a dépensé la plus grande partie de sa fortune d’une valeur de 372 millions de dollars (mise à jour en devise actuelle).
Mais Andrew Carnegie ne s’est pas contenté de léguer de l’argent à des écoles ou des universités. Il a également ouvert plus 3000 bibliothèques publiques dans le monde, une de ses contributions philanthropiques les plus remarquables.
Andrew Carnegie estimait que chacun de ses imitateurs devait avoir une mission. L’ancien Premier ministre britannique Gordon Brown avait déclaré pour un documentaire radio de la BBC sur le millionnaire : « Il met au défi les philanthropes d’avoir une mission claire, afin de se concentrer sur ce qui peut faire la différence et pas simplement sur ce qui les fait vibrer ».
Il était d’ailleurs intimement convaincu que la richesse se devait d’être transférée du vivant de son propriétaire, et c’est pour cette raison qu’il était favorable à un impôt sur les successions à hauteur de 100 %.
The Giving Pledge, la promesse de don lancée par Warren Buffett et Bill Gates, dont les signataires s’engagent à faire don de plus de la moitié de leur fortune à des œuvres de bienfaisance, n’est donc pas suffisante selon les critères d’Andrew Carnegie. Il en va de même pour les grandes fortunes britanniques qui font de maigres dons annuels. On estime en effet que 18 000 personnalités très fortunées (pesant plus de 10 millions de livres sterling) donnent seulement 240 £ à des associations caritatives.
Les dons des millionnaires sont en chute libre à la fois au Royaume-Uni, pays de naissance d’Andrew Carnegie, et aux États-Unis, où il a passé une grande partie de sa vie.
Cette situation assombrit donc le tableau peint par Arndrew Carnegie sur son lit de mort. À l’occasion du centenaire de son décès, peut-être est-il temps d’appliquer les paroles de Gordon Brown : « Il dirait que dans un monde inégal, avec tant de choses à accomplir, nous pouvons faire toujours plus ».
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