Amazon, Futur Concurrent De Fedex et UPS ?

Amazon a récemment annoncé des bénéfices records de 1,9 milliards de dollars (1,54 milliards d’euros) pour le dernier trimestre de 2017. Il s’agit du plus gros bénéfice jamais enregistré par l’entreprise. Il surpasse de loin toutes les prévisions. Connue pour sacrifier les profits au nom du développement, la stratégie de la marque a fini par payer.

Amazon n’est pas près d’arrêter d’investir dans presque tous les secteurs d’activités possibles et imaginables. Après le cloud, l’internet des objets, le divertissement, la musique, l’épicerie et bien sûr, le commerce au détail, l’entreprise annonçait récemment vouloir monter une société d’assurance santé en collaboration avec Berkshire Hathaway et JPMorgan Chase, en plus de rumeurs concernant le secteur pharmaceutique. L’éventail d’ambitions d’Amazon est donc très large et bien fourni.

Le secteur de la voiture autonome semble cependant avoir été délaissé par la marque alors que les adeptes de la conduite autonome pensent que cette technologie sera bientôt commercialisée, promettant ainsi des routes plus sûres, moins de circulation, la réduction des émissions de CO2 et des coûts de transport. Voilà pourquoi les entreprises de la tech, y compris de nombreux rivaux d’Amazon, investissent des milliards de dollars pour parfaire cette technologie en toute transparence. Pour certaines sociétés, notamment Uber et Tesla, le développement de la conduite autonome est une question de vie ou de mort. Avant de prendre la porte l’an dernier, l’ancien PDG d’Uber, Travis Kalanick, en avait fait sa priorité. Pour d’autres, les enjeux sont moins importants, mais leur engagement reste clair. Google a son propre développeur de véhicules autonomes (Waymo). Apple et Microsoft se sont également lancées dans le secteur en recrutant des équipes d’ingénieurs. Il est assez facile de deviner quel est l’objectif de ces entreprises : développer des systèmes d’exploitation pour un produit qui va générer une quantité astronomique de données personnelles pouvant être vendues à d’autres entreprises. 

Les ambitions d’Amazon paraissent plus raisonnables car l’entreprise souhaite uniquement se concentrer sur la livraison autonome. Bien évidemment, il s’agit d’un objectif stratégique cohérent pour le commerçant. La mise en place d’un tel service relève tout de même du défi. De leur côté, Fedex et UPS ne disposeraient pas des ressources nécessaires pour concurrencer Amazon si cette dernière mettait en circulation une flotte de camions autonomes. Se limiter à la livraison semble cependant un objectif assez restreint pour une entreprise qui nous avait habitués à s’investir plus franchement dans de nouveaux secteurs d’activité. Amazon nous donne souvent l’impression de se lancer à corps perdu dans de nouvelles entreprises avec l’espoir de récupérer des parts de marché. C’est ce qu’elle fait parfois, mais pas tout le temps. En réalité, Amazon aborde les nouveaux marchés de deux manières différentes : soit en plongeant tête la première, en investissant abondamment et en finissant par surpasser la concurrence, soit en tâtonnant, en voyant ce qui marche, ce qui ne marche pas, puis en utilisant son dynamisme et ses ressources pour développer le meilleur produit ou la méthode la plus adaptée. C’est ce que l’entreprise à fait avec Kindle, Amazon Echo et Amazon Web Services. 

Amazon n’était pas la première entreprise à proposer une liseuse électronique, un assistant domestique ou un service de cloud, mais elle a réussi à devenir leader du marché grâce à ses produits. Cela peut nous aider à comprendre pourquoi la marque ne s’est pas lancée dans le développement de véhicules autonomes aussi férocement que d’autres. Il est possible qu’Amazon pense que les produits proposés actuellement ne sont pas parfaits et qu’elle préfère attendre de voir ceux qui seront commercialisés en premier. Elle pourra alors se lancer à ce moment-là. Bien sûr, il est également possible qu’Amazon pense que la conduite autonome n’est qu’une mode ou que la livraison autonome offre peu de potentiel de développement et ne sera jamais commercialement viable. 

Cependant, nous pensons qu’Amazon cache bien son jeu : son programme de développement de véhicules autonomes est certainement plus avancé qu’elle ne le laisse croire. Et bien qu’elle souhaite d’abord rivaliser avec Fedex et UPS, ses ambitions vont bien au-delà. Étant donné les capacités de la marque à développer les innovations avec succès, les fans de véhicules autonomes et ceux d’Amazon devraient s’attendre à être surpris.