Cette ancienne ballerine de l’Opéra de Paris ne vit que pour sa passion : la danse ! Elle lui doit beaucoup : des souvenirs heureux, des rencontres exceptionnelles et un caractère bien trempé, forgé dans la sueur et, parfois même, la douleur. Aujourd’hui, elle lui rend tout ça : productrice dynamique, elle fait briller les Étoiles et, du même coup, les regards de toutes celles et ceux qui se rêvent Nijinski ou Pavlova.
Cannes, le 14 août dernier… Dans les coulisses du Palais des Festival, à quelques minutes du lever de rideau, les danseurs de Dream, la création de Julien Lestel, l’un des meilleurs chorégraphes français, s’échauffent, s’étirent, s’encouragent. Tous ressentent alors une pointe de trac et une furieuse envie. Celle de retrouver la scène et les applaudissements du public dont, Covid oblige, ils ont été privés de trop longs mois. Mais en cet instant, il est une artiste pour qui l’émotion est encore plus forte : Alexandra Cardinale, la soliste invitée. Parce qu’elle se produit « à la maison » ou presque, dans la ville qui l’a vue naître et travailler ses premiers entrechats.
« Même si je l’ai quittée à onze ans pour rejoindre l’École du Ballet de l’Opéra National de Paris, cela me fait forcément quelque chose de revenir sur la Croisette. D’autant que ma ville natale fut aussi la terre d’accueil de l’une des plus grandes étoiles du XXe siècle : Rosella Hightower. »
Mais il n’y a pas que la corde sentimentale qui vibre ce soir-là dans le cœur de l’ancienne danseuse du Ballet de l’Opéra National de Paris. Alexandra a, en effet, une autre bonne raison de se réjouir de la représentation à venir : c’est un peu grâce à elle qu’elle peut avoir lieu. C’est qu’elle n’en est pas que l’une des interprètes ; elle en est aussi et surtout la productrice. Un rôle qu’elle porte à travers sa propre entreprise : AC Opéra Ballet Production. Elle l’a fondée en 2010, à une époque où une rupture des ligaments croisés, survenue lors d’une répétition, laissait planer un doute sur la poursuite de sa carrière de danseuse.
« Il n’était pas question d’arrêter la danse. Mais je savais qu’avec une telle blessure, je ne rechausserais pas mes chaussons avant longtemps. Il m’a d’ailleurs fallu cinq ans pour retrouver la scène du Palais Garnier. L’époque fut éprouvante, je ne vais pas le nier. Mais j’ai su en tirer parti en développant une autre facette de ma personnalité : le goût d’entreprendre, celui-là même qui m’a conduit à mener de front ma vie d’artiste et des études supérieures, jusqu’à l’obtention d’un diplôme Entreprenariat et Management – Sciences-Po Paris »
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandra Cardinale n’est pas entrée dans le monde des affaires sur la… pointe des pieds ! Elle a rapidement marqué les esprits avec « Gala d’Étoiles », sa première production. Le coup d’essai s’avère un coup de maître. Au point que, onze ans après l’édition inaugurale, cette soirée exceptionnelle associant, autour de la danse classique et contemporaine, les étoiles et solistes de l’Opéra de Paris et de grands artistes internationaux, fait toujours battre le cœur des amateurs de chassés, jetés et autres glissés.
Forte de cette première réussite, Alexandra va alterner avec un même enthousiasme bohème et business. Elle danse au sein de l’Opéra de Paris jusqu’en 2018 et, dans le même temps, enrichit son expérience de productrice avec Isabelle Ciaravola et ses solistes, le film documentaire Les Adieux avec Clairemarie Osta et Nicolas Le Riche, ce danseur étoile dont les pas de deux avec Sylvie Guillem ou Aurélie Dupont ont longtemps enflammé le public parisien.
« J’ai nourri mon activité de productrice des valeurs forgées par mon expérience de danseuse. Car, selon moi, les deux mondes ne sont pas si éloignés. Que faut-il pour lancer et développer une entreprise ? Une expertise, de la ténacité, l’esprit de compétition, le goût de l’effort, le sens du sacrifice et ce soupçon d’âme qui vous fait reconnaître de suite le talent des autres. Des qualités que l’on retrouve dans la danse de haut niveau. Toutes ces années à apprendre et travailler mon art sur les parquets du Palais Garnier, à écouter et observer Pina Baush, William Forsythe, Roland Petit, Patrick Dupont, Marie-Claude Pietragalla et tant autres géants, m’en ont convaincue. »
Parmi toutes les étoiles croisées par Alexandra, il en est une qui brille plus particulièrement à ses yeux : Julien Lestel. Après avoir fait pendant plus d’une décennie les beaux jours de l’Opéra National de Marseille, il mène une brillante carrière de chorégraphe avec sa propre compagnie. Une réussite à laquelle la patronne d’AC Opéra Ballet Production n’est pas tout à fait étrangère…
« Nous nous connaissons pour avoir fait tous les deux nos armes à l’Opéra de Paris. Et j’ai eu la chance de danser avec lui en 2009, dans l’un des premiers spectacles de sa compagnie. Depuis, il m’invite régulièrement dans ses ballets. Cela dit, nos liens ont dépassé le simple cadre artistique depuis plusieurs années. Nous formons en effet un duo productrice-chorégraphe aussi solide qu’enthousiaste. J’ai eu ainsi le plaisir, pour ne pas dire le privilège, d’accompagner ses plus récentes créations : Puccini, Misatango, Dream ou bien encore L’éternel et l’éphémère, une web-série tournée dans les plus beaux musées parisiens et toujours disponible sur YouTube. Et je ne compte pas en rester là ! J’aime son univers, sa capacité de marier le néo-classique-moderne et le pur contemporain, la grâce et la gestuelle précise de l’un et l’énergie brute de l’autre. C’est d’une modernité, d’une beauté et d’une volupté incomparables. »
L’actualité de ce tandem ? Mosaïques, une chorégraphie puissante, tout à la fois athlétique et charnelle. Les téléspectateurs de la chaîne Mezzo en ont eu la primeur, en novembre 2020. Les spectateurs parisiens pourront la (re)découvrir le 16 février prochain, à 20h, sur la prestigieuse scène de la salle Pleyel. Une soirée qui, sans aucun doute, appelle une tournée, tant en France qu’à l’Étranger. On peut faire confiance à Alexandra pour cela !
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