Le scandale des airbags Takata continue de bousculer l’industrie automobile. Les produits défectueux de l’équipementier japonais ont provoqué, d’abord, sa faillite, mais aussi le rappel de millions de voitures. En Europe, Citroën en fait cruellement les frais.
Depuis 1987, Takata fabriquait des airbags pour de nombreux constructeurs automobiles. La marque s’est rapidement élevée parmi les leaders mondiaux sur le marché des coussins et ceintures de sécurité. En 2017, l’entreprise japonaise compte encore 46.000 employés et 56 usines dans 20 pays, et détient pas moins de 20% du marché. C’est donc à son apogée que le scandale éclate. Mais rien de soudain, car Takata avait dissimulé des défauts depuis de nombreuses années. En effet, dans les années 2000, le géant des airbags commence à utiliser dans ses produits un nouvel agent chimique, le nitrate d’ammonium. Mais celui-ci, sans agent desséchant, est incapable d’absorber l’humidité, ce qui peut conduire au fil du temps et dans des conditions climatiques extrêmes à sa dégradation et à de dangereuses explosions, avec projection de fragments sur le conducteur ou le passager. Takata est accusé d’avoir longtemps tenté de dissimuler le problème, plaçant ses bénéfices devant la sécurité des automobilistes.
2017, la bombe à retardement éclate
Si en 2008, Honda lance un rappel de ses voitures suite à la découverte de ce défaut, ce n’est qu’en 2014 que l’affaire éclate au grand jour lorsque l’agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) s’empare du dossier après une série d’accidents. À ce moment-là, la boîte de Pandore est ouverte et des décès remontant parfois à plusieurs années sont révélés au grand jour. Selon le régulateur américain, 27 décès et au moins 400 blessés ont jusqu’à présent été officiellement attribués aux États-Unis à des airbags défectueux de Takata. Après plusieurs accidents mortels impliquant des Citroën C3, des informations judiciaires ont aussi été ouvertes en Guadeloupe et en Guyane, deux territoires français des Caraïbes, pour « homicides involontaires », selon les parquets locaux. Il y a un an, un jeune conducteur de 26 ans, est mort à cause d’un dysfonctionnement d’un airbag dans sa Citroën C3, et la famille, comme d’autres, demande que justice soit rendue.
Une faillite tonitruante
Au 5 avril 2024, 45 millions d’airbags avaient été remplacés aux États-Unis, soit 68% des pièces concernées dans le pays, et 6 millions restaient à remplacer. De nombreuses marques automobiles étaient équipées d’airbags Takata et ont lancé des rappels de véhicules par millions, comme Honda, Toyota, Chrysler, Ford ou BMW. Le dernier rappel lancé par Citroën en mai 2024 concerne au total 605.772 Citroën C3 (le modèle le plus vendu de la marque, devant la 2CV) et DS3, vendus entre 2009 et 2019 dans une vingtaine de pays en Europe du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, selon des informations AFP.
Selon l’institut de recherche Tokyo Shoko, environ 100 millions d’airbags ont été concernés dans le monde au total. Si Takata s’excuse à plusieurs reprises, il se montre très avare d’explications et rejett initialement toute responsabilité, ce qui a contribué à amplifier la campagne de rappels et à ternir davantage la réputation de l’entreprise. Suite à ce scandale sans précédent réellement éclaté en 2017, Takata dépose le bilan, laissant plus de 1 000 milliards de yens (8 milliards d’euros) de dette et marquant la faillite la plus retentissante d’un industriel dans l’histoire du Japon d’après-guerre.
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