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AccorHotels Jette L’Eponge Et Renonce À Air France-KLM

Getty Images

Si AccorHotels avait, au début du mois de juin, fait part de son intérêt pour le rachat de toute ou d’une partie de la participation de l’Etat au sein de la compagnie aérienne Air France-KLM, l’hôtelier a finalement annoncé ce matin renoncer à ce rapprochement, estimant que « toutes les conditions n’étaient pas réunies ».

AccorHotels fait machine arrière. Après avoir officiellement manifesté son intérêt, début juin, pour reprendre toute ou une partie de la participation de l’Etat (en l’occurrence 14%) au sein du capital de Air France-KLM, l’hôtelier a finalement tourné casaque et préféré focaliser son attention sur d’autres opérations moins complexes à finaliser.  Si  AccorHotels dit rester convaincu du « fort potentiel de création de valeur d’un tel projet », le groupe du CAC 40 considère que « les conditions ne sont pas réunies à ce stade et préfère ne pas poursuivre ce projet ». Sibyllin, mais efficace et qui va redonner, sans doute, un peu d’air au titre en Bourse qui a été particulièrement chahuté depuis l’annonce de ce potentiel rapprochement. Ainsi, le 4 juin, date à laquelle AccorHotels a fait part de son intérêt, l’action du groupe à la bernache dorée se retrouvait plongée dans les abysses du CAC40, décrochant de 7% sur la séance tandis, qu’à l’inverse, le titre Air France KLM s’envolait peu ou prou dans les mêmes proportions pour dominer de la tête et des épaules le SBF120. Ce qui, reconnaissons-le, ne lui était pas arrivé depuis des lustres. Si certains analystes jugeaient le projet « intéressant », d’autres, dès le 4 juin, émettaient des réserves sur le bien-fondé d’une telle opération.

« Nous pensons que l’achat d’une participation dans une compagnie aérienne augmenterait la volatilité du bénéfice par action et serait contre-intuitive », écrivaient, à l’époque, les analystes de Kepler-Chevreux,  disant préférer un partenariat commercial entre les deux sociétés plutôt qu’une prise de participation.  Pourtant, sur le papier, « l’offre » était particulièrement séduisante. « « Les deux groupes opèrent sur le même marché du tourisme mondial et (…) ont une typologie de clients très similaires (…). AccorHotels bénéficierait clairement du savoir-faire d’Air France en matière de ‘yield management’, de e-commerce ou de programmes de fidélité », développaient les analystes d’Oddo toujours cité par Reuters. Ainsi, le groupe hôtelier, en intégrant le capital d’Air France, se serait donné un sérieux coup d’accélérateur face à la concurrence et aurait ainsi pu, sereinement, « confronter son projet industriel de croissance ». Avec en ligne de mire la volonté de ciseler une offre « avion-hôtel », et contrecarrer les velléités d’Expedia et autres plateformes de réservations en ligne telles que Booking. 

Séduisant sur le papier, mais…

Mais tous ces beaux scénarios et autres plans sur la comète se sont heurtés au fracas de la réalité. Si financièrement cette participation (14,3 %, soit l’équivalent de 430 millions d’euros) de l’Etat ne pesait pas bien lourd pour AccorHotels, doté d’une trésorerie conséquente depuis la récente cession de son pôle immobilier, l’opération s’avérait particulièrement complexe à ficeler, d’autant que les relations entre les états-majors des deux groupes n’étaient pas forcément les « meilleures du monde », Air France accusant notamment AccorHotels d’interférer dans le processus de nomination de son prochain dirigeant.  Anne-Marie Couderc, présidente par intérim – et non-exécutive – de la compagnie franco-néerlandaise s’était même fendue d’un courrier, regrettant « des perturbations externes regrettables et négatives, liées pour certaines à la manière dont le groupe AccorHotels manifeste son intérêt capitalistique pour le groupe Air France-KLM». Fin de citation.

Alors que les candidats ne se bousculent pas au portillon pour reprendre les commandes de la compagnie, le groupe a semble-t-il privilégié son processus de nomination avant de discuter avec un éventuel futur partenaire… pourtant très bien connu des huiles du transporteur aérien. Déjà, en 1999 au moment de l’introduction en Bourse d’Air France, le groupe hôtelier avait fait part de son intention d’entrer au capital de la compagnie nationale. Plus récemment, du temps d’Alexandre de Juniac (aux manettes jusqu’en 2016) et de Jean-Marc Janaillac, cette « idée » était également remontée à la surface. La sortie de l’Etat aurait eu l’avantage de permettre de réaliser de véritables réformes structurelles afin que la compagnie puisse redresser sa compétitivité.

AccorHotels toujours en chasse 

Autre point ayant pesé dans la balance, et soulevé par le Figaro, faisant office de « coup de canif » supplémentaire à la faisabilité de l’opération, le fait que la législation européenne impose que plus de la moitié du capital d’une compagnie européenne soit détenue par des Etats membres ou des ressortissants de l’Union. « Une condition » pas remplie par AccorHotels dont l’actionnariat est davantage dominé par des investisseurs chinois, qataris et saoudiens. L’hôtelier aurait dû donc se mettre en quête de co-investisseurs français ou européens. AccorHotels devrait néanmoins rapidement se remettre de cette « désillusion » et se mettre en quête d’une autre proie d’envergure dans les prochains mois.

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