Le marché du cheval est paradoxal, d’un côté ce sport à l’origine aristocratique se démocratise totalement à l’image du golf, de l’autre côté, le milieu équestre officiel reste très conservateur et attaché à un protocole strict et immuable.
Dans l’entre deux, une société française FLEX-ON, née de la rencontre d’un ingénieur et d’une cavalière, réveille le marché pour le plus grand bien des cavaliers. Nous avons rencontré Caroline et Laurent Bordes créateur de cette jeune entreprise innovante qui galope vite sur son marché !
Comment est née l’idée de révolutionner l’étrier du cavalier ?
Nous avons remarqué qu’après 50 ans, les cavaliers avaient du mal à marcher, à cause de problèmes articulaires, aux genoux, chevilles. Ils finissaient par boiter et devoir arrêter ou raccourcir leur temps de pratique équestre, avec regrets. Nous avons cherché à minimiser ce problème pour les cavaliers de tous âges. Nous avons travaillé avec des laboratoires sportifs pour mener une étude biomécanique : nous avons mesuré ce qui se passe sous le pied du cavalier. Puis en collaboration avec des designers ; nous avons conçu un étrier, combinant métal et polyamide, qui absorbe les chocs. Le tout dans une démarche écoresponsable en utilisant des matériaux à minima recyclables. En 2014, nous lancions notre premier étrier Flex-on, le Green composite, fabriqué dans le Sud-Ouest.
Comment a été accueillie cette innovation de pointe dans un milieu équestre conservateur ?
Notre produit, de par ses qualités, a tout de suite fait l’unanimité. Il offre ce que cherche tout sportif, la performance, le confort et la sécurité. A partir du design générique, nous avons donc décliné 5 gammes adaptées aux différentes disciplines équestres (Jumping, complet, endurance, polo, Horse ball, dressage…). Les cavaliers ont aussi beaucoup apprécié la possibilité de personnalisation de nos étriers, 100 % configurables sur mesure. Il nous reste à peaufiner notre nouveau produit pour la course, où le poids est crucial pour les jockeys. La conception de cet étrier high-tech se fait avec des experts de l’aéronautique pour utiliser le carbone réputé pour sa résistance et légèreté. Nous explorerons bientôt le Western, une nouvelle discipline émergeante avec de nombreux concours dans le monde, qui fait référence à l’usage du cheval des gardiens de troupeau et leur agilité (slalom, lasso…). Même si nous sommes sur un marché de niche, il y a un fort potentiel car les pratiques du cheval se diversifient sans cesse.
Quelle a été votre stratégie gagnante pour innover et sauter les obstacles du marché en France et dans le monde ?
Notre moteur, c’est la créativité. Nous n’avons pas d‘œillères, nous pensons que le milieu équestre peut être libre et ouvert. Nous ne nous mettons aucune barrière dans l’innovation, nous utilisons les techniques et matériaux d’autres univers. Nous laissons libre cours à notre imagination et lorsque nous travaillons avec des designers, eux-mêmes n’en reviennent pas de notre audace !
Par contre, nous respectons les codes qu’impose la Fédération Internationale que nous connaissons bien. C’est ainsi que nous avons pu acquérir notre forte reconnaissance dans le milieu.
Pouvez-vous nous dévoiler vos prochains projets d’innovation équestre ?
Le projet d’innovation qui nous stimule en ce moment, c’est la selle de cheval. Nous voulons créer la selle de demain, que l’on gardera à vie. Nous sommes choqués par le nombre de selles reprises par les vendeurs qui génèrent un stock de selles d’occasion de plusieurs millions d’euros. Nous sommes dans une démarche écoresponsable et sur-mesure, d’une selle que l’on pourra faire évoluer, réparer et nous accompagnerons nos clients dans la durée.
Comment voyez-vous l’évolution de votre entreprise familiale ?
Nous sommes une jeune entreprise innovante, ambitieuse tout en restant autonome. Nous enregistrerons un CA de 3M d’euros en 2020 avec une croissance de 30 % et des exportations dans 45 pays. Nous sommes installés dans le Sud-Ouest et faisons travailler 10 salariés et beaucoup d’acteurs locaux pour les assemblages et les fabrications de nos sous-ensembles. Nous allons lancer une deuxième phase de levée de fonds en 2021, pour passer à la vitesse supérieure.