Jusqu’à présent, l’industrie 4.0 optimisait la communication entre les moyens de production. BOS-Software innove en utilisant la technologie au service de l’humain, toujours dans l’industrie. Une information synchronisée est apportée aux différents départements d’une entreprise, via l’application ScreeN sur des écrans ou des tablettes. Un atout qui permet à chacun de gagner en autonomie, puisque les équipes sont alors capables de se répartir elles-mêmes le travail. Fabien Droux et Stéphane Ménard, fondateurs de BOS-Software, nous en disent plus.

 

Quelle est l’histoire de BOS-Software ?

FD : BOS-Software est née en 2008. Stéphane Ménard avait monté une première entreprise dans laquelle il développait des programmes pour de grandes institutions. J’étais moi-même à la direction d’une petite entreprise de service informatique, où nous réalisions du développement et de l’intégration de solution pour l’industrie. Notre rencontre a donné lieu à de nombreux échanges, tandis qu’en parallèle, plusieurs tendances se détachaient sur le marché, dont notamment la sortie de l’iPhone en 2007, qui permettait une recherche d’information plus facile, plus intuitive. Dans l’organisation des sociétés, le Lean Management commençait à se démocratiser. Enfin, l’industrie 4.0 pointait elle aussi le bout de son nez. Dans ce climat, nous avons créé BOS-Software et son produit ScreeN avec la volonté d’apporter des solutions de management visuel de la production dans le but d’aider l’industrie à devenir plus agile.

SM : Nous sommes implantés dans l’arc jurassien suisse, berceau de l’industrie horlogère et de la précision. C’est auprès des fabricants de composants horlogers que notre aventure a commencé. Nous avons ensuite pris de l’ampleur en intéressant les grandes marques elles-mêmes, ainsi que des entreprises œuvrant dans les domaines du médical et de l’aérospatial.

 

Comment implantez-vous votre solution au sein des entreprises ?

SM : BOS-Software aide les sociétés à digitaliser leur production à partir de leur ERP (Entreprise Resource Planning). Avant toute chose, il est très important pour nous de comprendre comment fonctionne un client. Notre solution se fond ensuite dans les pratiques de l’entreprise. La production est numérisée pour que chacun puisse avoir facilement accès à des documents, informations, valeurs ou chiffres utiles à la réalisation de sa tâche. Grâce à ScreeN, l’information arrive plus vite et de façon synthétisée. Les processus sont améliorés, mais l’entreprise conserve son identité dans sa manière de produire : les projets sont spécifiques à chaque client.

FD : ScreeN a fait ses premiers pas grâce à nos early adopters (primo adoptants), c’est-à-dire des clients réceptifs aux nouveautés technologiques. Néanmoins, nous constatons aujourd’hui un changement de paradigme. Les entreprises ont compris que développer leur agilité industrielle leur permet de conserver leur avantage concurrentiel. Elles sont de plus en plus nombreuses à faire d’elles-mêmes le premier pas vers nous pour obtenir ScreeN.

 

Quelles sont les tendances du moment ?

FD : Historiquement, les ERP ont fait leur apparition dans les années 80. Intégrer des systèmes informatiques dans la gestion de la production est désormais un réflexe acquis pour les sociétés. Or, pendant longtemps, les ateliers des entreprises industrielles étaient dépourvus d’écrans. L’information était alors transmise par un responsable à l’ensemble des salariés. Une tâche devenue bien vite compliquée, lorsque plusieurs ateliers devaient être synchronisés ensemble, avec des temps de passage différenciés entre les pièces à réaliser. Les systèmes de gestion ont donc facilité l’organisation de ces entreprises. Plus tard, dans les années 90, il était alors courant de faire construire des usines en Chine. Pourtant, des limites ont été trouvées à ce modèle, notamment en termes de qualité et de réactivité.

La grande tendance européenne est aujourd’hui de produire des pièces de meilleure qualité, dont celles destinées au luxe, mais en moindre quantité. C’est la fin des séries, car les produits sont amenés à être changés plus rapidement. C’est plutôt la personnalisation des articles qui est en augmentation. Il importe alors d’être réactif dans toute la chaîne de création de valeur. Les entreprises doivent choisir des sous-traitants proches d’elles géographiquement, mais aussi au niveau de la mentalité et du contact humain. De la sorte, elles peuvent s’adapter facilement aux tendances du marché. Ainsi, les entreprises délivrant des pièces ou collaborant avec des donneurs d’ordre doivent être de plus en plus agiles. D’où la nécessité pour elles d’intégrer l’accès à l’information directe au sein des ateliers.

 

Comment votre entreprise a-t-elle traversé la pandémie mondiale ?

SM : La crise sanitaire a provoqué un ralentissement du marché chez nos clients, mais nous l’avons à peine senti chez BOS-Software. Les entreprises ayant encore les moyens de s’équiper ont lancé des projets de réorganisation afin d’être prêtes au moment de la reprise.

 

D’après vous, comment l’industrie 4.0 va-t-elle évoluer ?

FD : Il y a actuellement de plus en plus d’acteurs sur le marché, le contexte pourrait être comparé à l’avènement des ERP. De nouvelles solutions sont apparues et même si le marché s’est concentré autour de quelques noms importants les entreprises qui disposent d’une offre de niche très spécialisée ont de belles opportunités devant elles. Pour durer, les petits acteurs devront se positionner de façon très spécifique, délivrer des solutions parfaitement adaptées aux spécificités des clients et développer un véritable partenariat avec ceux-ci.

SM : L’industrie 4.0 est en marche et le potentiel est immense pour ce nouveau virage. Personne n’envisage un instant de ralentissement dans ce domaine.