A l’ère d’une transition numérique prégnante, le e-commerce et les solutions dématérialisées se développent de façon exponentielle. Depuis plusieurs années déjà, les usages et habitudes de consommation sont en constante évolution, ce qui implique une adaptation de la supply chain. De l’inventaire à la gestion des retours de commande, l’entrepôt et sa logistique prennent aujourd’hui une dimension 4.0. Décryptage avec Jacques Deckert, Directeur Stratégie Business et Innovation du Groupe Timcod, et Stéphane Loyer, Directeur Commercial chez Zebra Technologies, partenaire majeur de Timcod.
En tant qu’acteurs de l’équipement de la supply chain, pouvez-vous présenter vos activités en quelques mots ?
Jacques Deckert : Timcod est un installateur de solutions informatiques mobiles, comme celles de Zebra qui représente 80 % de notre activité. Nous fournissons différents moyens de communication comme le wifi, grâce auxquels nous améliorons la productivité de nos clients via les flux physiques et l’information dans la supply chain.
Stéphane Loyer : Zebra existe depuis 50 ans, c’est une société américaine qui a inventé le lecteur de code-barres ainsi que les imprimantes à code-barres. Progressivement, nous sommes devenus leader de la collecte de données automatique (AIDC) d’une manière générale, en ayant recours à différentes technologies.
Avec l’essor du e-commerce, comment se transforme le rapport de la supply chain avec le client ?
Jacques Deckert : On est passé à une dimension où le client est « superpuissant ». L’évolution digitale donne beaucoup de transparence sur les marques, le client est roi. Cela génère de nouvelles attentes, ce qui a beaucoup d’incidences sur la supply chain. Les clients donnent aussi plus de sens à leurs achats, et prennent leur décision de manière plus éclairée, en adéquation avec leurs valeurs. On constate particulièrement un effet sur les fonctions Edge business que nous équipons. Il faut par exemple pouvoir assurer des retours de commandes gratuitement, et donc avoir un système d’information et des moyens qui permettent de le faire de manière très économique.
Stéphane Loyer : Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est l’apparition de flux qui n’existaient pas il y a encore 5 ans : retour gratuit, click & collect, la reprise de produits, etc…. Cela apporte des fonctions supplémentaires au client mais il faut que toute la chaîne logistique se transforme pour être bien gérée en termes de transports et d’organisation. Dans le même temps, les sociétés doivent prendre en compte les contraintes RSE.
Comment évolue aujourd’hui ce secteur sur le plan technologique ?
Jacques Deckert : On a connu une révolution technologique extrêmement forte ces dix dernières années avec l’accroissement de la capacité des ordinateurs, qui permettent la réalité augmentée ou encore l’interconnexion des systèmes et des outils. Dans ce secteur, la technologie a été rapidement adoptée. La supply chain est un terrain d’implémentation en terme de révolution technologique. On a déjà des robots qui se déplacent tous seuls dans les entrepôts !
Stéphane Loyer : La technologie du code-barres est désormais enrichie par d’autres technologies qui la rendent encore plus performantes. C’est notamment le cas de la RFID (Radio Frequency Identification) qui est devenue indispensable avec l’essor du e-commerce. Il faut la voir comme un code-barres communicant. Par exemple, la carte Navigo ou le badge d’entreprise utilisent cette technique. On peut également mesurer une quantité d’éléments pour faire un inventaire sans avoir à scanner chaque code-barres. Ce sont des nouveaux usages qui ont vocation à être utiliser pour rendre plus efficace la supply chain, à l’enrichir et à faire moins d’erreur, mais aussi être plus sécurisée.
Quelle place ces évolutions technologiques laissent-elles à l’humain au sein même des entrepôts ?
Jacques Deckert : La technologie fait appel à la robotique 4.0. On a donc recours à la robotisation collaborative. On va tirer le parti d’avoir une meilleure productivité, en mêlant l’humain et le robot. Il ne s’agit plus seulement d’optimiser la productivité, mais d’assister les personnes en leur permettant de prendre moins de risques, de passer moins de temps à faire des tâches difficiles pour se concentrer sur les tâches à plus forte valeur ajoutée.
Stéphane Loyer : D’une manière générale, on remarque une migration de la réflexion des entrepôts, vers de meilleures conditions de travail pour les salariés. La « cobotique » améliore la productivité dans le respect du collaborateur. Le drône, par exemple, permet d’éviter des dangers pour un inventaire.
Concrètement, comment aller vers l’entrepôt du futur ?
Jacques Deckert : L’enjeu principal est finalement la mutation de la collecte manuelle vers une collecte autonome et discrète. On va vers une utilisation croissante des puces RFID ou des capteurs IoT. Une autre étape va être de s’assurer d’avoir les bonnes données, ce qui est rendu possible grâce à l’intelligence artificielle.
Stéphane Loyer : Pour y parvenir, Zebra a développé le concept du « Maturity Model », qui permet à un logisticien de décrire son niveau d’évolution dans la digitalisation de son entreprise. Il consiste à se positionner et détecter les problématiques au sein de l’entreprise, à se fixer une feuille de route sur ses capacités d’évolution, tout en assistant ses collaborateurs. Et la phase finale de notre modèle, qui est celle de l’automatisation intelligente, correspond au moment où les entrepôts pourront réaliser des opérations prédictives.