La construction et la gestion des bâtiments génèrent des impacts considérables sur la Planète avec plus de 40% de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre, et plus de 40% des déchets produits. Depuis sa création en 2007, le Groupe ARTEA fait de l’immobilier durable le cœur de son métier et place la question des nouveaux usages au centre de ses réflexions. Rencontre avec Philippe Baudry, PDG et fondateur de la société.

 

Quel est, en 2020, le degré de sensibilité des entreprises aux enjeux de développement durable ?

Aujourd’hui, tout le monde met la main sur le cœur pour jurer qu’il est le plus « vert » du monde et que l’entreprise qu’il dirige à la passion du développement durable. Mais la réalité est qu’il s’agit bien souvent de « greenwashing », sans finalement grande signification. La particularité d’ARTEA, c’est de s’être engagé dans la transition énergétique et le développement durable dès 2007, ce qui était quelque chose de complètement nouveau. A cette époque, et jusqu’en 2012, nos clients nous ont souvent prêté l’oreille au mieux de manière polie, manifestant parfois de l’indifférence. Aujourd’hui, la situation a bien changé. Toutes les entreprises sont en demande d’un volet environnemental, en recherche de performances environnementales, dans le domaine de l’immobilier. Notre offre est celle d’immeubles à énergie positive, tous en autoconsommation. Cela veut dire qu’ils consomment sur place l’énergie qu’ils produisent.

 

Comment encourager concrètement les entreprises dans cette voie ?

Dès le départ, nous avons mis en place le concept suivant : ARTEA offre à ses clients la performance environnementale – avec des immeubles confortables, peu consommateurs d’énergie et qui produisent de l’énergie – sans facturer de surloyer, bien qu’un immeuble répondant à ces exigences ait un coût supérieur à un immeuble standard. Ce choix a été un élément facilitateur, voire fondamental, dans la diffusion de notre offre commerciale. Nous proposons donc des immeubles qui, du fait de leur performance, ont des niveaux de confort très élevés, mais également des niveaux de charges qui sont parmi les plus faibles du marché et sont garantis contractuellement.

 

Jusqu’où va-t-on aujourd’hui en matière de performance énergétique ?

Le Groupe ARTEA est titulaire d’une marque forte, Arteparc, qui développe des parcs tertiaires dans de nombreuses villes de France (Lille-Lesquin, Aix-en-Provence, Grenoble…). Le dernier parc que nous avons inauguré l’année dernière est celui de Sophia Antipolis pour lequel nous avons franchi un nouveau pas. Sur ce dernier, les immeubles produisent l’énergie, l’échangent entre eux, et la stocke de façon à être quasiment autonome (à 70 % contre 30 % en moyenne sur le marché des immeubles à énergie positive). Ce résultat est obtenu par la mise en place d’un smartgrid privé que nous développons. Il s’agit d’un système électrique, employant des cellules photovoltaïques. Grâce à une infrastructure locale, il est capable de gérer la répartition d’énergie entre les différents immeubles dans un espace défini.

Mais cette autonomie est également obtenue grâce à un nouveau pilier de l’immobilier d’entreprise qu’est la recharge de véhicules électriques. Ces derniers vont connaître un fort développement d’ici à cinq ans. Pour alimenter ces nouveaux parcs de véhicules, qui seront ceux des flottes d’entreprises, il faudra en moyenne doubler la puissance électrique de chaque bâtiment. Grâce à nos smartgrids, véritable solution d’avenir, nous avons dimensionné l’infrastructure électrique afin de lui permettre d’alimenter les deux composantes d’un immeuble qui existent désormais : le bâtiment lui-même et les bornes de recharge de véhicules électriques dont le déploiement va s’accélérer et se généraliser dans les entreprises. Nous avons donc anticipé cette nouvelle étape de la transition énergétique et nos immeubles d’aujourd’hui sont déjà prévus pour ces équipements de demain.

 

Cette attention aux nouveaux usages est une constante de votre stratégie ?

C’est bien le cas. La question environnementale ne concerne pas seulement le sujet de la consommation d’énergie. Il s’agit d’une vision globale qui inclut également la question des nouveaux usages et des nouveaux services. C’est ce qui nous a conduit à proposer, à Lille-Lesquin, un projet « utopique ». Sur ce parc de 50 000 m2 de bureaux, 20% sont consacrés à des services divers : cinq restaurants d’entreprise à thème, une crèche, un pôle médical en attente d’ouverture, une salle de sport, un espace de coworking, et un espace de coliving qui sera inauguré dans moins de six mois. Nous avons également mis en place un certain nombre d’animations gratuites destinées aux salariés des entreprises implantées dans le parc. A titre d’exemple, les cours de permaculture rencontrent un franc succès qui ne s’est jamais démenti en deux ans d’existence.

 

En quoi consiste cet espace de coliving ?

Après avoir proposé tous les services liés au coworking, nous bouclons la boucle avec notre offre Coloft. Il s’agit d’une offre de coliving destinée aux actifs urbains en déplacement de courte ou moyenne durée. Plutôt que de louer un appartement traditionnel, ils vont pouvoir, en faisant le choix du coliving dans notre parc de Lille-Lesquin, disposer de l’ensemble des services existants et de la proximité des espaces de coworking pour réaliser leur mission.

Au total, l’offre du Groupe ARTEA est très attractive et nous permet, même en période Covid, de continuer à séduire les entreprises. Du point de vue du développement commercial, nous allons d’ailleurs réaliser une année identique à l’année dernière dans un contexte compliqué, ce qui reste une prouesse. Les prises de commande et les nouveaux baux signés nous promettent d’ailleurs une année 2021 de croissance.