Herman Miller incarne le design dans le monde entier. Depuis sa création en 1905, l’entreprise a toujours conjugué avant-gardisme et innovation afin d’imaginer un mobilier inspirant – au plus haut point – pour les personnes où qu’elles vivent, travaillent, se cultivent, se ressourcent et jouent. Interview avec Stéphane Lafarge, Directeur Europe d’Herman Miller.
Pouvez-vous présenter en quelques chiffres votre groupe ?
Stéphane Lafarge : Le groupe Herman Miller est une entreprise centenaire présente dans plus de 100 pays dans le monde. L’entreprise emploie plus de 8 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires global de plus de deux milliards et demi de dollars. Le groupe Herman Miller est composé de neuf marques qui interviennent dans le B to B, mais aussi le B to C.
À travers ces neuf marques, que commercialise le groupe Herman Miller ?
Stéphane Lafarge : Nous proposons du mobilier professionnel pour les entreprises, mais aussi du mobilier et des équipements pour la maison (Hay, Naughtone). Le groupe Herman Miller est également un fabriquant de textile (Maharam), un fabricant d’accessoires de bureau (CBS) et une entreprise qui intervient dans le secteur de la santé (Nemschoff). Au sein du groupe, la société Maars fabrique des cloisons vitrées que l’on peut retrouver dans tous types d’environnement. En somme, le groupe Herman Miller représente un ensemble de solutions pour tous les moments de notre vie. La phrase qui résume notre philosophie est la suivante : « Le design au service de l’humanité ». Finalement, la mission de notre entreprise est de créer des designs, des produits et des solutions d’aménagement, qui vont faire que les espaces dans lesquels nous évoluons au quotidien deviennent des actifs stratégiques. Une entreprise investit beaucoup dans les technologies qu’elle utilise ou dans son capital humain. Notre métier est de faire en sorte que les espaces dans lesquels nous évoluons deviennent des leviers de performance.
Le pouvoir de l’espace est donc un enjeu clé pour les entreprises que vous accompagnez ?
Stéphane Lafarge : Si vous êtes une entreprise et que l’on parle d’environnement de travail, vous vous devez de proposer à vos collaborateurs des environnements qui vont leur permettre d’exceller, de se dépasser, mais aussi de se sentir considérés. Nous avons tous vécu ce moment où en entrant quelque part, vous savez en une demi-seconde si vous voulez y rester ou en partir. À l’université, l’espace peut permettre aux étudiants de mieux apprendre, au corps enseignant de tester de nouvelles méthodes pédagogiques. Il y a là un enjeu d’employabilité pour les étudiants. Dans le domaine de la santé, l’organisation de l’accueil des familles dans des espaces adéquats, la chambre du patient ou les espaces pour les personnels soignants, peut avoir un effet sur la santé des patients.
L’ergonomie est donc un terme clé pour définir l’activité du groupe Herman Miller ?
Stéphane Lafarge : Absolument, le bien-être ergonomique est au cœur de notre travail, mais nous nous efforçons toujours d’aller plus loin et de résoudre aussi des questions d’ordre cognitif et social. La dimension du bien-être cognitif s’intéresse à notre capacité à se concentrer, à traiter les informations que l’on reçoit en permanence. Vous voyez immédiatement que les espaces influencent fortement notre capacité à réfléchir, à prendre du recul, ou au contraire à échanger des informations. Notre métier consiste ici à planifier ces espaces. Enfin, le bien-être social est extrêmement important pendant cette période de pandémie. À une époque où nous avons le choix de travailler à la maison, dans des espaces de coworking, ou au bureau, les espaces de travail peuvent recréer ces liens, les renforcer, ou au contraire les empêcher. Herman Miller s’est toujours intéressé aux trois dimensions du bien-être pour penser et concevoir des solutions produits et des concepts d’aménagement véritablement efficaces. Si l’on veut faire revenir les employés sur leur lieu de travail et les motiver à passer une heure dans les transports, nous devons augmenter la qualité des aménagements et offrir toujours plus de services et de valeur ajoutée aux employés. C’était vrai avant, et ça l’est encore plus au lendemain de la crise sanitaire. C’est là tout l’enjeu et nous tentons de faire comprendre aux chefs d’entreprise qu’ils peuvent agir.
Plus précisément, pour parvenir à développer des solutions efficaces, Herman Miller place l’innovation au cœur de son activité ?
Stéphane Lafarge : Tout d’abord, Herman Miller ne dessine jamais ses solutions de mobilier seul. Dans toute notre histoire, nous avons toujours fait appel à des designers externes à l’entreprise. Nous pensons que cela enrichit notre vision du design et notre réflexion. Si l’on devait résumer ce qui rend Herman Miller unique dans son industrie, je retiendrais trois aspects principaux : d’une part, notre groupe a dès les années soixante, théorisé une méthodologie d’aménagement basé sur les activités des gens. 50 ans plus tard, le concept de planification des espaces selon les activités est très à la mode. Aujourd’hui, nous offrons ce service à nos clients. Cette méthode s’appelle « Living Office ». D’autre part, depuis des années, les codes de la maison ont envahi le bureau. Depuis un an, c’est désormais l’inverse qui se passe avec l’apogée du télétravail. Grâce à ses 9 marques, le Groupe Herman Miller est à la croisée de ces différents univers : tant celui du bureau que celui de la maison. En termes d’innovation face à ces nouveaux enjeux et face aux nouvelles façons de travailler, notre groupe apporte des solutions produits novatrices qui mélangent les codes de la maison avec les codes du design professionnel. C’est une chose relativement unique sur notre marché !
Enfin, le troisième élément qui fait la singularité de notre groupe, c’est sa capacité à travailler avec ses clients dans une quête d’amélioration continue de leurs espaces. Nous sommes capables de mesurer la qualité perçue et l’efficience des espaces de travail. Aujourd’hui, nous avons des technologies qui nous permettent de mesurer les taux d’utilisation des espaces. Sur l’aspect qualitatif, nous travaillons avec un organisme du nom de Leesman, qui permet de recueillir des données plus subjectives de la part des employés ou les utilisateurs d’un espace donné.
Notre métier est d’anticiper les évolutions du monde du travail, observer les signaux faibles et proposer des solutions innovantes à nos clients. Nous croyons au pouvoir du design et à l’impact positif des espaces sur les personnes et les organisations. Jamais auparavant ces questions n’ont eu autant de pertinence.