L’assistance funéraire à l’épreuve de la Covid-19

Créée en 1995, Anubis est une société d’assistance funéraire internationale. Elle est au service des familles lorsqu’un décès survient en France, mais aussi (et surtout) à l’étranger. Elle apporte écoute, informations, et sérénité quant aux démarches propres à l’organisation du rapatriement du corps et des obsèques, quel que soit le pays. Dominic Vernhes est le fondateur d’Anubis. Il nous explique en quoi la crise sanitaire et la fermeture des frontières (ou non) ont challengé son activité.

Qu’est-ce qui vous distingue d’une entreprise de pompes funèbres ?

Dominic Vernhes : Anubis est un prestataire B2B d’assistance funéraire internationale pour des grands comptes, ONG, services diplomatiques… Nos activités sont développées autour de l’assistance aux proches, la logistique funéraire internationale, la gestion de crises et d’événements exceptionnels. En pratique, nous n’avons pas de relation commerciale directe avec la famille du défunt, sauf cas exceptionnel où il n’y a pas d’assurance. En effet, le plus souvent, cette partie relève du domaine de l’assurance du défunt dans le cadre d’un contrat d’assistance rapatriement de corps. Les proches du défunt sont en relation avec Anubis pour une organisation de rapatriement, quel que soit le pays. Nous répondons alors aux volontés de la personne décédée, exprimées par la famille. Une proximité s’installe avec les familles endeuillées. Une organisation se met en place jusqu’au moment où l’être cher est rapatrié dans son pays d’origine.

Notre assistance funéraire est disponible sans barrière géographique ni linguistique, d’un pays à l’autre, même dans des zones réputées difficiles. Nous prenons en charge des personnes décédées qui avaient l’habitude de voyager, et dont la disparition survient de manière soudaine, que ce soit dans un cadre professionnel ou touristique. Il y a aussi les résidents permanents à l’étranger, dont le retour à la terre natale est logique. Anubis est organisée en plates-formes en France, dans les DOM (en Martinique et à Saint-Martin), avec des représentations au Canada, au Cameroun et au Vietnam. Les entreprises du funéraire de tout pays font partie intégrante de notre organisation, en composant les bases de notre réseau de prestataires. Anubis est aussi agréée agent IATA Cargo, avec des centres logistiques dans les zones aéroportuaires d’Orly, Roissy CDG et Lyon. La prévoyance funéraire et l’organisation d’obsèques pour les grands comptes sont centralisées via notre plateforme TelObsèques.

Pouvez-vous donner quelques exemples de votre activité ?

Dominic Vernhes : En août 2005, Anubis a été mandatée par l’État français pour prendre en charge au Venezuela la gestion et le retour des 152 victimes martiniquaises du crash aérien de Maracaibo. Cette difficile épreuve nous a incités à créer un département de gestion de crises et d’événements exceptionnels. S’en sont suivies plusieurs missions extérieures, à Bahreïn, en Éthiopie, en Guinée équatoriale, en Haïti, au Mali, mais aussi en France, lors des attentats de Paris et Nice. Suite à un appel d’offres remporté en 2012, le groupe Anubis est devenu le partenaire d’assistance funéraire du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. En novembre 2017, lors d’un événement international organisé par ITIJ Industry (International Travel and Health Insurance Journal) à Barcelone, Anubis a remporté un award dans la catégorie Ancillary Assistance Service Provider of the Year.

Comment gère-t-on une société d’assistance funéraire durant une pandémie ?

Dominic Vernhes : Nos équipes de professionnels ont affronté plusieurs crises en une seule en mars 2020. Outre la crise sanitaire, nous avons dû nous adapter au télétravail tout en maintenant notre activité. Nous avons aussi connu une crise au sein de notre clientèle, puisque nos clients grands comptes étaient en difficulté avec la mise en place du télétravail. Lorsque le premier confinement a été décrété, de très nombreux rapatriements étaient alors en cours. « Mars 2020 : 364 rapatriements en cours au départ de 61 pays à destination de 56 pays » Dans de rares cas, dus à la fermeture des frontières et l’arrêt de certaines liaisons aériennes, le transport des corps n’a pu avoir lieu. Les obsèques (incinération ou inhumation) des défunts se sont déroulées sur place et cela a demandé une adaptation de notre organisation. En sa qualité d’assisteur funéraire, Anubis a toutefois redoublé d’efforts pour trouver des solutions.

Nous avons fait en sorte de répondre aux demandes des familles, en rapatriant les corps par avion ou vol cargo, par route ou bateau. Nous maîtrisons notre domaine d’activité et notre réseau à l’étranger. Notre expertise nous a donc permis de nous adapter à cette situation particulière pour respecter au maximum les souhaits des défunts. Avec la deuxième vague de Covid-19 est arrivée une nouvelle crise. Elle était toutefois mieux préparée, car notre clientèle l’était. De plus, nous avions moins de cas positifs à l’étranger. La législation funéraire des pays s’est peu à peu ajustée, et nous avons pu nous appuyer sur des bases pour déterminer si le rapatriement était possible ou non. La crise a été mieux gérée, car les liaisons aériennes ont été réorganisées, avec la mise en place de vols cargo. Il y avait également moins d’activités, avec la limitation des voyages à l’étranger.

Quel constat tirez-vous de cette situation ?

Dominic Vernhes : Notre assistance est atypique dans le milieu funéraire. Elle s’est révélée primordiale durant cette crise, agissant dans la continuité d’activité de nos clients grands comptes comme interface d’organisation en amont pour les familles et pour les professionnels du funéraire. Anubis se situe dans la philosophie d’un assisteur, mais nous sommes également très attachés à celle des professionnels du funéraire, avec laquelle nous entretenons des rapports de compétences. Anubis est d’ailleurs adhérent de la CPFM, la Confédération des professionnels du funéraire et de la marbrerie. Dans cette crise sanitaire, ces professionnels sont amenés de jour comme de nuit à gérer énormément de décès. Covid ou pas, ils interviennent bien souvent dans des conditions difficiles, faisant face aussi à des familles désemparées par les restrictions que cette crise impose. Parfois au détriment de leur vie privée, ils maintiennent un service public dans l’ombre du quotidien. Ces professionnels du funéraire, toutes catégories confondues, font partie des services d’urgence. Un accès prioritaire au même titre que les autres professionnels de l’urgence serait légitime et preuve de reconnaissance de cette profession.