Keyros Medica est une encyclopédie numérique qui révolutionne la formation médico-chirurgicale en produisant, agrégeant et diffusant des tutoriels ultra réalistes en réalité étendue immersive. Alors que les premiers modules sont déjà commercialisés, rencontre avec le docteur Maxime Ros, neurochirurgien,créateur du concept et le docteur Frédéric Teboul de l’Académie Nationale de Chirurgie, et responsable du comité scientifique de Keyros Medica.
Docteur Teboul, vous êtes spécialiste de la chirurgie de la main et du plexus brachial.Quelles évolutions ont marqué le traitement du syndrome du canal carpien ?
Frédéric Teboul : Il y a quelques décennies, traiter ce syndrome nécessitait une anesthésie générale, et une longue convalescence. Aujourd’hui, avec les techniques endoscopiques, l’opération se fait en ambulatoire, sous anesthésie locale, et le patient entame sa rééducation immédiatement. L’évolution vers la chirurgie en cabinet comme une intervention dentaire, est un vrai progrès. Elle présente 3 avantages : une expérience patient moins stressante, une économie de santé, et une empreinte carbone divisée par 3.
Le traitement des paralysies du plexus brachial via les transferts nerveux dont vous êtes un référent mondial a également connu des avancées significatives…
F.T. :La technique consiste à « tourner» une fibre nerveuse fonctionnelle vers un nerf paralysé. Cela permet de restaurer la motricité du muscle paralysé. Initialement, cette technique était destinée aux patients ayant des paralysies du plexus brachial, comme les accidentés de moto. Mais au fil du temps, son champ d’application s’est élargi aux patients cérébro-lésés. C’est une prise en charge élargie du Neuro-Handicap.
Outre vos activités cliniques, vous vous investissez aussi dans la recherche. Quels sont vos travaux actuels ?
F.T. : Mes recherches actuelles, soutenues par la Direction Recherche et Enseignement Ramsay Santé, portent sur les facteurs de croissance et les cellules souches. L’objectif est de régénérer les tissus endommagés sans recourir à des prothèses, grâce à des injections simples de cellules indifférenciées.
Vous travaillez également sur la digitalisation de l’enseignement médico-chirurgical…
F.T. : En effet, en collaboration avec la société Keyros Medica et son CEO, le Dr Ros. Cette entreprise développe une encyclopédie immersive en 3D des techniques médico-chirurgicales. De quoi permettre aux médecins du monde entier d’accéder aux pratiques les plus avancées. C’est un projet ambitieux qui, je l’espère, transformera l’enseignement et la diffusion des connaissances chirurgicales.
Docteur Ros, quel est le grand principe sur lequel repose Keyros Medica ?
Maxime Ros : Nous utilisons les réalités étendues immersives pour enseigner aux professionnels de santé, de l’aide-soignant au chirurgien, le bon geste au bon moment, en utilisant le point de vue « première personne ». Quand on apprend un geste au bloc opératoire, on se trouve à côté du praticien qui opère (voire derrière) et il est impossible de voir exactement comment ce dernier agit. Via notre encyclopédie immersive, nous avons donc accès au point de vue du professionnel qui opère, en voyant à travers ses yeux. Nous sommes exactement à sa place et avons un total accès visuel à tous les gestes effectués. Ce point de vue « première personne » est accompagné de commentaires audio, tandis que de chaque côté de l’écran du casque s’affiche un contenu additionnel qui vient ajouter de l’information. Enfin, en levant la tête, nous avons accès à différents chapitres qui correspondent aux différentes étapes de la procédure.
Il y a obligation d’être muni d’un casque pour suivre la formation ?
M.R. : Non. L’accès à l’encyclopédie peut se faire par l’ordinateur ou sur un téléphone portable via notre application Keyros Medica. Pour accéder à la version correspondant aux réalités immersives, il est nécessaire d’utiliser des petits casques en carton au sein desquels le smartphone va être inséré. Nous distribuons ce dispositif nous-mêmes en plus de nos abonnements mensuels, trimestriels et annuels.
Votre offre est-elle déjà commercialisée ?
M.R. : Oui. Même si l’encyclopédie est toujours en cours de constitution, du contenu de très haute qualité est déjà disponible. Parallèlement, nous continuons à créer des contenus. Exemple avec la phase socle qui regroupe les chirurgies de base que tout interne, aussi bien en France qu’à l’étranger, doit connaître. Ce contenu – qui concerne au total 13 spécialités chirurgicales – est créé en laboratoire d’anatomie avec le procédé SimLife qui permet de reconstituer un environnement semblable au bloc opératoire. Parallèlement, en collaboration avec des professionnels de haut niveau, et notamment avec l’Académie Nationale de Chirurgie, nous créons ce que l’on appelle les « mémoires immersives », que nous allons archiver puis déployer.
Comment la communauté médicale a-t-elle accueilli votre initiative ?
M.R. : Pour cette dernière, c’est une évidence. Notre offre représente le futur, mais également le présent. Elle doit être largement adoptée, notamment au sein du cursus de tout étudiant en médecine, et par le professionnel de santé déjà en poste et qui a une obligation de se former tout au long de sa vie professionnelle. C’est pourquoi, il y aura, de notre côté, une génération continue de contenus.
Votre concept se prête aisément à une déclinaison internationale…
M.R. : L’intérêt de tourner d’abord en français et en France est dû à la très grande concentration de très bons chirurgiens. Mais en samplant leurs voix et en utilisant l’intelligence artificielle, nous pourrons facilement exploiter les tutoriels dans différentes langues, à commencer par l’anglais. Il est clair que notre ambition est aussi internationale.
La consultation du présent article est notamment soumise aux CGU de Scribeo