Il existe de nombreux sites urbains ayant accueilli des activités industrielles. Ceux-ci se retrouvent, bien souvent, à l’état de friches polluées. La reconquête de ce foncier est un enjeu majeur en matière d’aménagement territorial. Les projets d’aménagement représentent environ 70% du marché de la dépollution (études et travaux) et concernent principalement des sites en zone urbaine. La complexité et la diversité des pollutions rencontrées représentent un véritable défi que seuls de véritables experts peuvent affronter. C’est le cas du réseau regroupant Canopée & Partners (qui est aussi le nom du réseau), Exact Environnement, et Almadius. Jérôme Pantel, président de Canopée & Partners et animateur du réseau, répond à nos questions.

 

Le marché des sites et sols pollués en France est-il en progression ?

Ce marché pèse environ 1 milliard d’euros et connaît un taux de croissance de 2 à 3 % par an. Une fois les sites libérés de leurs activités industrielles ou de services, les prescripteurs sur ce marché tels que l’ensemble des acteurs du secteur de l’immobilier récupèrent ces anciens sites, pour les réhabiliter en fonction de leurs différents projets.

 

Quel est le métier d’un spécialiste de la dépollution des sols ?

Pour schématiser, il comporte deux aspects. Le premier concerne les sites industriels pour lesquels il existe un encadrement juridique. On parle ici des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), soit toute exploitation susceptible de créer ou de provoquer des pollutions. Ces dernières représentent peu ou prou 30 % du marché. Ce qui veut dire que 70 % du marché est en dehors de ce cadre pour lequel l’expertise des intervenants est indispensable. Aujourd’hui, l’approche nationale est de raisonner en termes de risques pour l’environnement et pour l’usager. Si, par exemple, le projet consiste en la création d’un hôpital ou d’une crèche sur une friche industrielle, la dépollution à mener sera bien plus importante que s’il s’agit de bâtir des entrepôts.

 

Comment votre entreprise intervient-elle concrètement ?

La première étape va être de poser un diagnostic en caractérisant les pollutions ; diagnostic que l’on va étayer avec une étude des risques sanitaires et environnementaux. Il faudra, le cas échéant, dimensionner les travaux de dépollution. A partir de là, des entreprises vont être mandatées pour réaliser la dépollution effective. Cette partie du travail n’est pas réalisée par le réseau d’experts. En dehors de ces études, notre réseau apporte son expertise en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage ou maître d’œuvre dans le suivi du projet depuis la conception de l’appel d’offre jusqu’au contrôle final de l’entrepreneur en charge des travaux.

 

Le secteur comporte de grosses entreprises. De votre côté, vous et vos partenaires êtes des PME organisées en réseau. Quelle en est la raison ?

Ce modèle d’organisation nous permet d’intervenir sur des dossiers importants en étant pleinement concurrentiels face aux grosses structures. Le réseau nous permet de jouer sur la complémentarité des expertises pour répondre aux appels d’offre : l’un des partenaires sera plus particulièrement spécialisé dans le dimensionnement des travaux, le deuxième sur les risques en matière de toxicologie, le troisième sur les aspects juridiques et réglementaires, etc. Le modèle en réseau nous permet également d’assurer une couverture géographique étendue. Notre réseau est constitué actuellement de trois partenaires (Canopée & Partners, Exact Environnement et Almadius) et il est amené à grandir. Notre ambition est de devenir le réseau de référence en matière d’ingénierie de dépollution auprès des administrations et des décideurs, aussi parce que notre mode de fonctionnement est très agile. Nous n’avons pas attendu la crise du Covid-19 pour fonctionner à distance, en télétravail, avec toute la souplesse que cela apporte, par rapport aux gros prestataires, souvent plus rigides.