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Chez Mincatec Energy, le stockage hydrogène c’est du solide !

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Mincatec Energy est une start-up spécialisée dans le stockage de l’hydrogène sous forme solide. Elle propose une alternative sécurisée et efficiente pour répondre aux besoins des industries et de la mobilité. Une technologie prometteuse, développée en France, qui s’inscrit dans les enjeux de décarbonation et de réindustrialisation. Explications avec Yann Genninasca, Président de Mincatec Energy.

 

En quoi l’hydrogène est-il une solution clé pour la transition énergétique ?

L’hydrogène est une énergie propre : son utilisation n’émet pas de gaz polluants. Lorsqu’il alimente une pile à combustible, il ne rejette que de l’eau. Dans un moteur thermique, il rejette de l’eau et de faibles quantités d’oxydes d’azote, mais pas d’émission directe de CO₂.

De plus, cette ressource est abondante et peut être produite localement — bien que la production d’hydrogène décarboné nécessite des améliorations. Des réserves d’hydrogène naturel, également appelé hydrogène blanc, ont été identifiées dans le bassin Lorrain, ouvrant des perspectives prometteuses. En tant que vecteur énergétique, l’hydrogène peut remplacer progressivement les énergies fossiles.

En effet, bien qu’il offre un potentiel intéressant, l’hydrogène présente des défis significatifs en matière de transport et de stockage, qui nécessitent encore des solutions adaptées. L’hydrogène complète les énergies renouvelables et pourrait jouer un rôle majeur dans la décarbonation des industries lourdes.

Cependant, cette technologie doit gagner en maturité. Les coûts de production et des équipements, encore élevés, devraient diminuer avec le développement des capacités industrielles. Pour réussir cette transition, il est crucial d’investir dès maintenant dans l’hydrogène, tout en fixant des objectifs réalistes. Sa montée en puissance nécessitera une adoption progressive et maîtrisée.

 

Pouvez-vous revenir sur la création de Mincatec Energy ?

Il faut d’abord parler de Mincatec. Cette société d’ingénierie a été créée il y a près de 12 ans et est spécialisée dans les moteurs à combustion, pour l’aéronautique et l’automobile. Notre secteur R&D s’est interrogé sur le vecteur énergétique de demain. Son choix s’est porté sur l’hydrogène. Plusieurs problématiques s’offraient alors à nous : sa production, son transport, son stockage, ou son utilisation.

En tant qu’entreprise à taille humaine, nous avons choisi de nous concentrer sur un domaine spécifique, à savoir le stockage. À l’époque, ce sujet était peu exploré, et jamais étudié sous l’angle de l’efficience énergétique.

Les premiers travaux en ce sens ont débuté au sein du groupe en 2016, et Mincatec Energy a vu le jour en 2020. Cette société industrielle est donc spécialisée dans le développement, la production et la commercialisation de réservoirs de stockage hydrogène sous forme solide de type hydrures métalliques. Son organisation se veut digne de celle d’un grand groupe. Elle respecte notamment des normes de gouvernance et de certification rigoureuses (EN 9100, ISO 9001 et ISO 14 001).

Mincatec Energy dispose d’une structure solide et de processus performants. Elle a reçu de nombreuses distinctions : le titre de lauréat « Première Usine », Solar Impulse, ainsi qu’une intégration au sein de l’index H40 et du réseau French Tech. Engagée dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), elle a obtenu pour la deuxième année consécutive la médaille de bronze EcoVadis.

Cette cohérence entre innovations technologiques, respect des normes et engagements RSE fait de Mincatec Energy un acteur incontournable de la transition énergétique, en phase avec le développement de l’hydrogène.

 

Quels sont les défis du stockage de l’hydrogène ?

L’hydrogène est la plus petite molécule naturelle. À ce titre, elle possède une faible densité volumique et exige des précautions particulières lors de sa manipulation et de son transport. Or, comprimer l’hydrogène pour le stocker consomme une quantité significative d’énergie, et requiert l’utilisation de compresseurs coûteux.

De plus, le stockage sous forme gazeuse comprimée nécessite des systèmes de sécurité avancés pour gérer les pressions élevées et garantir une utilisation fiable.

La liquéfaction de l’hydrogène, pour un stockage cryogénique, pose aussi plusieurs problèmes. L’hydrogène doit être refroidi à -253 °C, un processus extrêmement énergivore. Ce mode de stockage représente là aussi des coûts élevés en investissements.

 

En quoi la solution développée par Mincatec Energy est-elle une alternative ?

Notre innovation repose sur l’utilisation d’une poudre métallique capable de « capturer » l’hydrogène. Au contact de cette poudre, l’hydrogène forme un solide cristallin appelé hydrure métallique, où il est « emprisonné ». Une fois dans cet état solide, le stockage devient totalement sécuritaire.

Au-delà de la sécurité, notre solution garantit une efficience énergétique, puisqu’il n’est pas nécessaire de comprimer ou de liquéfier l’hydrogène. Par ailleurs, les réservoirs de Mincatec Energy, conçus en aluminium, sont 100 % recyclables, favorisant ainsi l’économie circulaire.

 

Quels sont les avantages de ce stockage de l’hydrogène solide ?

C’est une boucle vertueuse pour l’énergie. Lors de la désorption (libération de l’hydrogène), le processus génère du froid, une énergie fatale pouvant être réutilisée. Cette approche exploite le froid généré par la réaction endothermique lors de la désorption de l’hydrogène, permettant ainsi de réduire la consommation énergétique globale lorsqu’elle est couplée à d’autres systèmes nécessitant du froid.

Le stockage sous forme solide, bien que plus lourd que les solutions gazeuses ou liquides, reste compétitif. Il est notamment plus léger que les batteries chimiques. Ce système trouve de nombreuses applications, qu’il s’agisse de la mobilité maritime, terrestre (comme les engins off-road ou de manutention), ferroviaire ou encore d’usages industriels, bien qu’il soit moins adapté au secteur aéronautique en raison de son poids.

Le stockage solide d’hydrogène se distingue aussi par sa sécurité accrue, son efficience — sans compression ni refroidissement nécessaires — et sa modularité, offrant une solution flexible et performante.  

 

Pourquoi faire appel à la solution développée par Mincatec Energy ?

Mincatec Energy se distingue par l’utilisation de matériaux spécifiques pour le stockage de l’hydrogène sous forme solide. Il existe des hydrures élaborés à partir de magnésium qui nécessitent des températures de fonctionnement élevées, autour de 300 ° C, ce qui est complexe à mettre en place d’un point de vue industriel. D’autres hydrures basés sur un alliage fer-titane fonctionnent à des températures plus modérées, entre 50 °C et 60 °C, nécessitant une source de chaleur initiale. Les hydrures que nous utilisons, également à base de titane, fonctionnent quant à eux à température ambiante, offrant ainsi un avantage notable par rapport aux solutions précédemment évoquées.

Nos réservoirs sont estampillés NON-ATEX, et donc, ne définissent pas de zone d’atmosphère explosive. De plus, ils ne présentent ni fuite ni perte de capacité dans le temps, et leur design modulaire permet une intégration flexible adaptée aux besoins des industriels.

 

À quels types de marchés vous adressez-vous ?

Des secteurs industriels comme les verreries, les cimenteries, l’agrochimie ou encore l’alimentaire utilisent déjà l’hydrogène. Cependant, 98 % de l’hydrogène actuel provient de sources carbonées. L’objectif est de passer à un hydrogène décarboné, produit à partir d’énergies renouvelables.

Néanmoins, elles sont par nature intermittentes. Il y a donc besoin d’un stockage tampon pour lisser les variations entre une production intermittente et une consommation continue. Les réservoirs Mincatec Energy, avec leur sécurité accrue et leur efficience énergétique, s’intègrent dans cette chaîne industrielle pour stabiliser l’approvisionnement en hydrogène décarboné.

Comme indiqué, l’absence de classification en zone ATEX de nos réservoirs permet leur utilisation en intérieur. Cette spécificité ouvre la voie à des bâtiments à empreinte carbone nulle ou réduite. Ce type de solution telle que proposée par Mincatec Energy pourrait donc devenir un pilier des infrastructures durables.

Un autre domaine d’application concerne l’acheminement de l’hydrogène jusqu’aux points d’utilisation. C’est un défi majeur pour la filière, car les camions-citernes actuels nécessitent des recharges fréquentes et fonctionnent à haute pression, ce qui limite l’efficience. En revanche, Mincatec Energy développe des technologies permettant un ravitaillement simplifié, sans recompression, offrant ainsi une solution plus efficace.

Enfin, les secteurs de la mobilité, notamment fluviale, maritime, terrestre et ferroviaire, représentent des domaines prometteurs pour démontrer la pertinence de notre technologie de stockage d’hydrogène solide. Plusieurs projets sont en cours dans les domaines off-road et fluvial. Le secteur ferroviaire constitue également une autre application stratégique compte tenu des besoins croissants en solutions énergétiques durables.

 

Quels sont encore les freins à une pleine adoption de l’hydrogène et de son stockage sous forme solide ?

Même si l’hydrogène est une solution prometteuse pour la transition énergétique, plusieurs obstacles ralentissent son adoption. À commencer par le coût élevé de la transition. Malgré des contraintes légales qui imposent cette décarbonation, elle représente des investissements conséquents pour les industries.

Quant à l’hydrogène solide, cette technologie est encore méconnue du grand public. Un autre frein est l’absence de réglementation spécifique sur le stockage d’hydrogène solide, ce qui ralentit son intégration sur le marché. Pour surmonter ces freins, il est essentiel de sensibiliser les acteurs publics et privés sur les avantages du stockage solide (notamment en termes de sécurité et d’efficience énergétique). Il est nécessaire d’adapter les cadres législatifs, et enfin, de continuer à innover.

 

Que pouvez-vous nous dire de plus sur Mincatec Energy ?

Depuis sa création, la start-up Mincatec Energy a principalement été financée par des fonds propres, avant de réaliser une levée de fonds à un stade plus avancé. Ce choix a permis à notre technologie d’atteindre sa maturité industrielle, impliquant la mise en place d’une première ligne de production. Cela nous a aussi permis de définir notre stratégie commerciale, répartie sur deux zones clés : EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) et APAC (Asie-Pacifique), cette dernière représentant 45 % du marché mondial du stockage de l’hydrogène.

Notre levée de fonds et le développement abouti de notre produit de stockage hydrogène sous forme solide a permis à l’entreprise de devenir lauréate de l’appel à projets Première Usine, une distinction obtenue par seulement 78 entreprises en France. Nos ateliers de Belfort vont donc être transformés en usine, combinant à la fois réindustrialisation et transition énergétique. Nous prévoyons de mettre notre technologie sur le marché au deuxième trimestre 2025, avec les infrastructures et processus nécessaires pour répondre à la demande croissante en hydrogène.

 

Avez-vous un mot de la fin ?

Les petites entreprises de la filière hydrogène, souvent porteuses de technologies d’avenir, rencontrent de grandes difficultés à obtenir les fonds nécessaires pour développer leurs innovations. Elles sont essentielles et pourtant parfois négligées. Il est essentiel de soutenir l’innovation, souvent impulsée par les petites entreprises, qui jouent un rôle clé dans le dynamisme et le progrès économique.

Par ailleurs, en Europe et en France, la combustion de l’hydrogène est perçue comme une voie sans avenir, en raison des faibles émissions d’oxydes d’azote (NOx). Or, les moteurs à combustion interne hydrogène pourraient émerger rapidement pour réduire considérablement la pollution atmosphérique, tout en étant une solution intermédiaire viable. L’Europe et la France risquent de se laisser distancer par d’autres régions du monde, qui investissent dans cette technologie.

Pour stimuler l’innovation et éviter un décrochage industriel, il faut : adapter les réglementations pour favoriser les nouvelles technologies, encourager les investissements dans des solutions variées, y compris dans des solutions comme la combustion, et reconnaître les progrès déjà accomplis par les entreprises de la filière hydrogène.

 

La consultation du présent article est notamment soumise aux CGU de Scribeo

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