Pionnier sur le développement d’ingrédients de substitution aux silicones et dérivés pétrolier, l’acteur de la chimie verte Biosynthis travaille désormais sur des alternatives au palme, avec des processus responsables. Son CEO, Thierry Bernoud, nous parle de leur approche.
Quelles sont les expertises de Biosynthis ?
Lors des débuts de Biosynthis il y a 15 ans, nous avons mis au point des substituts pour les silicones volatiles. Dans la famille des silicones en cosmétique, il existe des produits issus d’une chimie de polymérisation, mais aussi des solvants qui entrent en œuvre pour solubiliser ou véhiculer ces compositions. Ce sont ces derniers qui sont le plus impactants, et ils entrent à 80% dans les compositions des fabricants de silicones.
Depuis 3 ans, nous avons commencé à travailler sur la substitution des sulfates dans les shampoings, avec des radicaux biosourcés et responsables. En partant des chaînes carbonées d’huiles végétales pures, nous réalisons notre chimie verte, qui nous permet de faire en 24h ce que le pétrole décompose en des millions d’années.
Il y a eu une prise de conscience sur ces sujets ?
Nous faisons face à une forte demande, notamment de groupes cosmétiques ayant pris des engagements à horizon 2030 et qui souhaitent se tourner vers des produits biosourcés, offrant les mêmes propriétés. Pour y répondre, nous prévoyons d’augmenter nos volumes de production et de sourcing.
En quoi l’impact environnemental de toute la chaîne de production est-il un enjeu crucial ?
Il ne suffit pas seulement d’utiliser des ingrédients biosourcés, il faut surtout que les process soient plus vertueux et responsables. L’analyse de cycle de vie permet de jauger toutes les étapes, du sourcing au process. Cette méthode d’évaluation, normée par les ISO 14 040 et 14 044, prend en compte 16 catégories d’impacts vis-à-vis de l’environnement.
L’enjeu est aussi d’être biodégradable, et facilement, c’est-à-dire que la biodégradation soit supérieure à 60% en 28 jours. C’est le cas de la majorité de nos produits : étant très proches des huiles végétales, ils se dégradent bien plus vite que des chaînes ramifiées. Ils présentent également une très faible éco-toxicité.
Nous nous engageons désormais sur la substitution des dérivés de palme, avec un concept baptisé RSPP (Responsible Substitution of Palm-Petrol). Nous avons ainsi espoir de fabriquer dans le futur nos matières premières nous-mêmes, en partant d’huiles sourcées en Europe, voire en France, afin de se passer d’un sourcing asiatique pour l’huile de palme. Pour cela, nous souhaitons favoriser une agriculture raisonnée des oléagineux.
Dans cette visée, vous utilisez votre propre hydrogène vert dans vos process ?
Nous fabriquons notre hydrogène vert in situ, ce qui nous évite de devoir en faire venir par transport routier chaque semaine.
Nous utilisons de l’eau récupérée lors de nos process de fabrication et nous cassons la molécule d’eau en H2 et O2 avec de l’énergie électrique renouvelable, produite par nos panneaux solaires.
Nous envoyons directement l’hydrogène dans nos process, et nous rejetons de l’oxygène pur à 98% sur le toit de notre usine, ce qui correspond à une forêt de 10 hectares. Nous aimerions trouver une application pour cet oxygène dans le domaine médical.
La consultation du présent article est notamment soumise aux CGU de Scribeo