La philanthropie est à la fois un art et une science dont le but ultime est de transformer notre société en un monde meilleur, mais également plus équitable. Il s’agit cependant de trouver la meilleure formule pour atteindre ce résultat.
Selon la Fondation de France, la valeur des actifs détenus par le secteur philanthropique est estimée à environ EUR 8,5 milliards en France. Un capital considérable. Pourtant, avec autant d’argent consacré à la lutte contre les problèmes sociaux et environnementaux majeurs, on aurait pu s’attendre à nombre d’exemples de réussite à grande échelle. En réalité, ils ne sont pas si nombreux.
Ainsi sur le plan médical, certaines campagnes comme l’Initiative mondiale d’éradication de la poliomyélite, partenariat public-privé lancé par le Rotary International, ont atteint leur but et quasiment réussi à éradiquer cette maladie. Sur le plan de la biodiversité, la conservation du rhinocéros blanc du Sud compte également parmi ces victoires : alors qu’il n’en restait que 50 à 100 à l’état sauvage au début du XXe siècle, on en compte aujourd’hui environ 20 000.
Mais pourquoi n’y a-t-il pas plus d’exemples de ce type ? Peut-être parce que l’utilisation du capital philanthropique n’est pas optimale. Afin de s’assurer que les dons ont un impact durable, et ce à long terme, les donateurs et philanthropes peuvent s’appuyer sur certains principes :
1. Ecouter son cœur, mais suivre sa tête
La philanthropie est souvent directement liée au vécu des donateurs, et c’est ce qui les amène à s’engager. Mais cela ne suffit pas dans la plupart des cas. En effet, lorsqu’un philanthrope souhaite faire un don durable avec un impact à long terme, il doit adopter une approche entrepreneuriale et appliquer une stratégie claire.
2. Tirer parti d’un avantage unique
Les gouvernements sont tributaires de leur succès électoral, les entreprises de leurs actionnaires. Les secteurs public et privé ont généralement des exigences précises et suivent la devise: réussir, et réussir vite. Le capital philanthropique n’est pas soumis à ces pressions. Echouer, apprendre et s’adapter demande de la patience. Un don philanthropique durable se construit souvent sur une ou plusieurs générations.
3. Au-delà du bienfaiteur, un vrai partenaire
La philanthropie crée un déséquilibre des pouvoirs inévitable entre le donateur ou le bienfaiteur et le bénéficiaire. Ce désé- quilibre aboutit souvent à une relation biaisée, le pouvoir étant entre les mains du bienfaiteur, plutôt que de l’expert. Les relations les plus fructueuses fonctionnent comme des partenariats, où deux égaux aux compétences et aux ressources com- plémentaires unissent leurs forces pour atteindre un objectif commun.
4. Ne pas se laisser séduire par les initiatives les plus palpitantes
Les solutions qui ont le plus d’impact ne sont pas toujours les plus attirantes et, par conséquent, ce sont souvent celles qui reçoivent le moins de financement philanthropique. Citons l’élimination des plastiques dans les océans, en opposition à la réduction ou au développement de rem- placement de plastiques à usage unique.
5. Tirer profit de l’échec
La philanthropie ne devrait pas craindre l’échec et les philanthropes qui réussissent le mieux comprennent l’importance de la remise en question, de tirer les leçons et de les partager pour augmenter l’impact et l’efficacité de leurs projets.
La France a une longue histoire de donateurs et philanthropes qui ont utilisé leur fortune pour rendre le monde meilleur, d’Anne-Françoise de Fougeret et de Jean Firmin Marbeau au XIXe siècle à Albina du Boisrouvray ou Alexandre Mars au XXIe siècle. Alors que l’expertise des philanthropes modernes devient de plus en plus transparente et professionnelle, leurs successeurs pourront s’inspirer de leur succès et poursuivre leur trajectoire vers une philanthropie à l’impact durable.
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