Le confinement décrété pour stopper la progression du Covid-19 a bouleversé le calendrier bien réglé des compétitions de foot. La suspension de la saison suscite de nombreuses inquiétudes concernant l’économie et les rentrées financières des clubs professionnels.
La question des droits TV
D’après les données publiées par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), les droits TV ont représenté à eux seuls 901 millions d’euros des entrées financières de Ligue 1 durant la saison 2018-2019. C’est dire si leur versement représente un enjeu majeur pour les clubs. Or, devant l’interruption des compétitions provoquée par les mesures sanitaires, certains diffuseurs ont manifesté des réticences. C’est notamment le cas de Canal+ et de beIN Sports qui ont fait part fin mars à la LFP de leur intention de ne pas s’acquitter du prochain versement des droits TV. Toutefois, après maintes discussions, un accord a été trouvé le 24 avril 2020 entre la LFP et ses diffuseurs. Ces derniers ont consenti à payer les droits des matchs de L1 et L2 qui ont déjà été joués. En attendant la reprise des compétitions, les chaînes télé diffusent en replay des matchs de légende. De quoi faire patienter les supporters qui attendent avec impatience de vibrer devant un match de Premier League en streaming ou devant leur télé.
Des clubs fragilisés par l’absence de rentrées financières
Hormis les droits TV, les finances des clubs dépendent également du marketing, de la billetterie, des transferts, ou encore du sponsoring. Concernant les entrées financières de la ligue 1 pour la saison 2018-2019, la DNCG indique que la part due aux opérations de sponsoring atteint les 415 millions d’euros. Cette somme s’élève à 635 millions pour les transferts. L’absence de match en raison du confinement risque donc de peser lourd dans la trésorerie des clubs. Pour le spécialiste de l’économie du sport Pierre Rondeau, la crise économique qui affecte le monde du ballon rond apparaît comme « une crise globale, systémique et exogène ». Ainsi, des partenaires financiers qui vivent des heures difficiles dans le contexte actuel risquent fort de suspendre leur contrat avec les équipes de foot. C’est déjà le cas de « Bistrot Régent » qui a annoncé ajourner sine die son partenariat avec les Girondins de Bordeaux.
Vers la remise en question d’un modèle ?
Qu’il s’agisse du salaire des joueurs ou des charges liées aux assurances et aux impôts, les clubs de foot sont amenés à débourser de fortes sommes d’argent au cours d’une saison. Ainsi, pour la saison 2018-2019, les dépenses moyennes des clubs de L1 ont atteint les 2 605 millions d’euros selon la DNCG. Or, la crise économique induite par le coronavirus risque fort de mettre en exergue les limites du modèle footballistique français. Pour Pierre Rondeau, celui-ci repose sur « une logique de rentabilité ». Un club a ainsi « le droit de s’endetter s’il présente des garanties de remboursement sur les saisons suivantes ». Ces garanties sont essentiellement les droits TV, les fonds propres, ou encore les potentialités d’investissement des actionnaires. Or, les difficultés actuelles changent la donne et ébranlent les certitudes d’hier. La logique du cas par cas est plus que jamais de mise. Par exemple, concernant les fonds propres des clubs français, seul l’OL est aujourd’hui dans la mesure d’en dégager grâce à son centre d’entraînement et son stade.
Les mesures de confinement laissent indubitablement planer de nombreux doutes quant à la santé financière des clubs de foot ainsi que la pérennité du modèle footballistique actuel.