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Stratégie RSE : l’exemple de Trade Development Consulting

Julia Agard dirige Trade Development Consulting, un cabinet de conseil en stratégie, spécialisé en RSE. C’est une économiste brillante, une personnalité rayonnante, mais c’est d’abord une femme pour qui l’engagement a les contours de la nécessité. Elle défend cette thèse selon laquelle la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) relève autant de l’habileté entrepreneuriale que de l’urgence environnementale. 

 

Vous avez étudié au Brésil, en Corée du Sud, vous avez ensuite rejoint le Maroc dans le cadre d’un stage au ministère de l’Économie. Arrivée en France ensuite, puis intégration de Sciences Po avant de faire un MBA… C’est très impressionnant… 

 

Julia Agard  : Le CV n’importe pas vraiment. Ce qui compte, c’est l’engagement et les moyens de le mettre en œuvre. Je suis à présent entourée d’une vingtaine de collaborateurs, avec quinze années d’expérience en moyenne. Nous savons ce qu’est l’entreprise, nous connaissons les urgences auxquelles les directions sont confrontées, nous n’ignorons rien de l’approche mathématique de nos interlocuteurs. En conséquence, nous ne nous présentons pas avec un panneau « Protégez la nature ! », ce serait malhabile et en décalage avec les enjeux. Trade Development Consulting procède plutôt de manière factuelle et chiffrée : Voici ce qu’agir vous coûtera. Et voici ce que vous coûtera la non-action

Nous procédons scientifiquement, nous travaillons à partir d’hypothèses. C’est ainsi que le polytechnicien nous entend : dans l’essentiel des cas, ne rien faire est extrêmement coûteux à moyen ou long terme. Hommes et environnement forment le capital le plus précieux de l’entreprise. En protégeant le salarié, on protège sa société. C’est une équation imparable.  L’avenir est déjà écrit : c’est le sens de l’Histoire. 

On a le sentiment que l’économiste est aujourd’hui pessimiste par nature. Or, on vous sent porteuse d’espoir, d’un espoir puissant et rationnel. Comment l’expliquez-vous ? 

Julia

Julia Agard  : Je suis surtout une pragmatique. Nous avons traversé une période marquée par l’illusion d’un potentiel de croissance infinie. Elle est achevée. Les entreprises qui voudront se développer n’auront d’autre choix que de s’adapter. Si vous voulez, je suis tout à la fois navrée par la situation et convaincue que le monde qui vient sera celui des sociétés lucides. Nous sortons d’un été catastrophique et la récurrence des événements douloureux ne laisse plus aucune place au doute. Notre environnement est en train d’établir des démonstrations et nous devons nous projeter autrement. Il est vrai que l’on parle de RSE depuis de nombreuses années mais, soyons honnêtes, nous nous contentons du minimum. 

 

Ce qui me porte, ce sont les échanges avec tous ces dirigeants, animés des meilleures intentions, mais freinés par un budget limité et le manque de ressources en interne. En France, les PME n’ont pas d’obligation en matière de RSE. C’est pour cela que nous sommes en train de développer une application, un projet innovant de Greentech financièrement accessible à tous. Il proposera, sous forme de pack, les grandes lignes d’une stratégie RSE avec tout ce qu’il faut (outils de mesures, etc.). Le chef d’entreprise prendra conscience que diminuer sa consommation électrique, favoriser la santé mentale des salariés ou réduire son impact global ne sont pas de si gros chantiers. Il y a 146 000 PME (hors microentreprises) en France, qui emploient 3,9 millions de salariés. En reprenant la métaphore du colibri, on comprend vite qu’il y a des choses à faire. 

La phase test de l’application arrive bientôt, et elle bénéficie du soutien de grosses institutions, qui communiqueront très bientôt à ce sujet.

Pardon pour ce stéréotype, mais vos origines amazoniennes ont-elles influencé cet engagement ? 

 

Julia Agard  : Ce n’est pas un cliché, et d’autant plus que l’une de mes grands-mères vient d’une tribu indienne. J’ai quitté la forêt brésilienne à l’âge de 17, mais j’en reste profondément et définitivement marquée. Son immensité vous donne un sentiment de petitesse, elle vous ramène à votre juste place. Elle vous fait aussi intuitivement sentir que la destruction de la nature ne peut pas être un droit, qu’il y a là quelque chose d’incompréhensible, d’injustifiable. 

Par ailleurs, mon genre sexuel compte aussi beaucoup. Il me rend sensible à l’effroyable situation des femmes, ici ou là dans le monde. Là encore, chacun doit en faire un peu. Pour ma part, je suis en train de monter une ONG qui permettra de faire valoir le principe de l’émancipation par l’éducation, en particulier en Amazonie et en Tanzanie. L’idée même « d’être une femme » est une donnée inconnue pour certaines, une étrangeté, une insignifiance. Parvenir à écrire son nom et à se présenter dans le village voisin sera, pour beaucoup, une première avancée. Et je compte bien l’initier.

 

 

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