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Stratégie ESG pour les entreprises : simple effet marketing ou un réel objectif prioritaire ?

Source : GettyImages

Les enjeux planétaires actuels incitent les chefs d’entreprise à intégrer dans leur stratégie les contraintes ESG.

Les critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance (ESG) sont actuellement dans toutes les communications des entreprises. De nombreux managers considèrent comme une priorité de les intégrer dans leurs stratégies pourtant on constate encore des disparités concernant la définition d’une stratégie ESG réussie.

Pourcomprendre ces différences de perception, nous avons rencontré Edua Dickerson, vice-présidente de la stratégie ESG et financière chez ServiceNow. Elle est en charge du développement, de la mise en place et du management de la stratégie ESG. Elle dirige également les initiatives en matière de finance, de talents et de requalification.

Elle nous présente sa vision globale des efforts que doivent déployer les entreprises dans le domaine environnemental, sociétal et de gouvernance en nous expliquant que nous sommes actuellement à un point d’inflexion pour ces programmes dans le monde entier.

 

L’ESG est dans tous les discours. Mais pourquoi seulement maintenant ?

Nous sommes tous conscients que la durabilité de notre planète est en jeu. Si la Terre devient invivable, nous sommes tous perdants, même les entreprises les mieux gérées risquent gros. De plus, pour la première fois, nous disposons des ressources nécessaires pour remédier aux inégalités sociétales. Les entreprises se concentrent donc sur des politiques et pratiques ESG qui luttent contre le réchauffement climatique et contribuent à créer un lieu de travail plus sécurisé pour une société plus juste et plus équitable. C’est dans leur intérêt en tant qu’individu et en tant qu’entreprise.

Les entreprises s’aperçoivent que les politiques ESG génèrent des valeurs fortes qui permettent de lutter contre les crises comme les pandémies, les inégalités raciales et les menaces de cybersécurité de plus en plus malveillantes. Ces crises sont interconnectées à des niveaux nationaux comme internationaux et elles ne peuvent être réglées par un claquement de doigts. Il faudra des années d’efforts concertés pour y remédier et c’est un axe central au cœur de tous les programmes et de toutes les politiques ESG.

Quels sont les éléments d’une stratégie ESG solide et comment la développer ?

La stratégie ESG de ServiceNow repose sur trois piliers principaux : préserver notre planète en favorisant la transition vers un monde neutre en carbone, créer des opportunités équitables en cultivant la diversité et en augmentant les investissements communautaires, et enfin, agir avec intégrité en instaurant un climat de confiance grâce à des pratiques commerciales éthiques, transparentes et sûres.

Mon rôle en tant que vice-présidente de la stratégie ESG consiste à concevoir, activer et promouvoir nos politiques ESG en m’assurant que ces dernières font partie intégrante de l’ADN de l’entreprise. Nous voulons voir un impact au-delà de nos quatre murs pour qu’il soit facile pour chacun de mieux travailler, de vivre sa vie au mieux et de contribuer à un monde meilleur. Je suis convaincue que cela est possible car nous avons les outils et la technologie pour résoudre quelques-uns des plus grands défis de la planète.

Pensez-vous que des contraintes ESG fortes aident les entreprises à sortir du lot ?

Oui ! Des études montrent que les entreprises dont les dirigeants s’impliquent sur les questions d’ESG bénéficient d’une croissance plus rapide, d’une plus grande efficacité opérationnelle et d’une transparence accrue.

Leurs entreprises répondent également aux attentes de plus en plus élevées des consommateurs et des investisseurs modernes, voire les dépassent.

Une étude OpenText montre que 83 % des consommateurs dans le monde sont prêt à dépenser davantage s’ils peuvent s’assurer que ce qu’ils achètent provient d’une source éthique. 88 % d’entre eux déclarent qu’ils achèteront en priorité auprès d’entreprises qui ont mis en place des stratégies d’approvisionnement éthique. Cela confirme donc que les efforts ESG ont un impact positif sur la réputation d’une entreprise. Nous constatons également que de plus en plus de consommateurs souhaitent se tourner vers des entreprises qui partagent leurs valeurs dans des domaines comme le réchauffement climatique et la justice sociale.

 

L’ESG permet d’améliorer les résultats nets ?

Bien sûr et les études le confirment, les programmes ESG ont clairement un impact bénéfique sur le bilan des sociétés : McKinsey a publié récemment un rapport dans lequel on apprend que les entreprises les plus performantes en matière d’ESG bénéficient d’une croissance 10 à 20 % plus rapide et d’une valorisation plus importante que leurs concurrents, tout en réduisant les coûts de 5 à 10 % par rapport aux autres entreprises du marché. Et selon un rapport IDC de 2021, 74 % des cadres supérieurs considèrent que les facteurs ESG sont très importants pour créer de la valeur pour l’entreprise.

Il ne faut pas non plus oublier l’avantage supplémentaire qu’apportent des initiatives ESG fortes pour attirer et retenir les meilleurs talents sur un marché du travail très compétitif. Une étude récente de PwC nous apprend que 86 % des employés préfèrent travailler pour des entreprises qui ont des préoccupations identiques aux leurs.

« Être une entreprise citoyenne mondiale (au-delà d’être un chef d’entreprise intelligent) se traduit par avoir une longueur d’avance sur les réglementations. »

 

Qu’en est-il de la conformité réglementaire ?

Les entreprises multinationales font face à un large éventail de réglementations juridiques, fiscales et environnementales quelques soient les marchés où elles sont présentes. L’Union européenne disposant généralement des réglementations les plus avancées puisqu’elles sont d’ailleurs généralement adoptées ailleurs et finissent par devenir la norme dans le monde entier. Aux Etats-Unis, la Securities and Exchange Commission (SEC) vient de proposer de nouvelles règlementations afin d’améliorer et de normaliser les données relatives au climat que doivent fournir les entreprises publiques.

Être une entreprise citoyenne de rang mondial (au-delà d’être un chef d’entreprise intelligent) sous-entend avoir une longueur d’avance sur ces réglementations. De cette manière, lorsque les normes facultatives deviennent obligatoires, ces entreprises sont déjà en accord avec ces réglementations. Et là encore, les investisseurs en prennent note : les entreprises européennes, à l’avant-garde des initiatives ESG, commencent à enregistrer des rendements boursiers plus élevés (12 % supérieures selon une étude récente FT Adviser).

J’imagine que cette tendance se poursuivra car de plus en plus d’investisseurs votent avec leur porte-monnaie pour un changement durable.

Selon vous, quelle est l’importance de la technologie dans la conception d’un programme ESG ?

La technologie est essentielle pour la bonne gouvernance d’un programme ESG. Vous pouvez élaborer une stratégie ESG plus complète et plus ciblée en connectant les services indépendants et en regroupant leurs données. Pour cela, il faut disposer de la bonne plateforme pour rapprocher des départements traditionnellement cloisonnés et indépendants, tels que la finance, les ressources humaines, le risque, la sécurité, les communications et la direction. Une fois qu’ils sont tous connectés, ils peuvent mieux travailler ensemble et concevoir la mise en œuvre d’une stratégie ESG en élaborant des directives claires pour l’entreprise et les fournisseurs.

Grâce à la participation de tous sur une plateforme unique, il est possible d’automatiser les processus de collecte de données, de mesure des progrès et d’établissement de rapports de conformité, éléments essentiels de cohérence et de transparence. L’automatisation contribue à garantir que les ressources et l’énergie sont consacrées à des développements utiles et non à des tâches manuelles et répétitives.

En résumé, c’est la technologie qui permet de centraliser et d’optimiser les efforts de tous pour intégrer les contraintes ESG et les déployer au sein de l’entreprise.

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