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Pour réussir une stratégie ESG, il faut d’abord la rater

ESG
Source : GettyImages

C’est souvent la peur de l’échec qui paralyse de nombreuses entreprises dans la mise en place d’une stratégie ESG.

Je dirige une équipe qui a été formée à la suite d’une réorganisation dans notre entreprise. Dans cette équipe, tous étaient issus de services différents avec des habitudes de travail propres. Pour amener ce groupe à devenir une équipe soudée, efficace et homogène, nous avons dû mettre en place des processus adaptés à tous. Ces nouvelles méthodes nous ont permis de suivre les avancées de chacun sur les projets et de fluidifier la circulation des informations. Cela n’a pourtant pas été évident à mettre en place. Nous avons dû tester successivement trois types d’organisation pour y parvenir et c’est au bout de huit mois que nous avons déterminé la meilleure organisation. La première tentative s’est appuyée sur des processus proches de ceux de l’ingénierie. Cette organisation n’était pas du tout adaptée pour ceux dans l’équipe, qui n’avaient pas de compétences techniques. La deuxième s’est trop appuyée sur la partie commerciale et vente. C’est le troisième essai qui a été le bon ! Il a permis de mettre en place une organisation et des outils adaptés à tous dans l’équipe. Nous bénéficions d’informations exactes, en temps réel avec une entrée simplifiée de données, tout en assurant la transparence pour notre direction. Au fur et à mesure que l’équipe évolue, nous continuons de modifier nos process pour nous améliorer et donc nous commettons bien sûr, des erreurs. C’est parce que nous avons su à chaque fois tirer le meilleur de ces ratés, que nous progressons.  Chaque tentative infructueuse nous permet de gagner en efficacité. C’est donc grâce à nos erreurs que nous sommes maintenant plus efficaces et que nous progressons tous au même rythme. Je pense que cette leçon peut et doit être appliquée à toutes les réflexions en entreprise et en particulier lorsqu’il s’agit de mettre en place une stratégie en matière d’ESG.

Mettre en place une stratégie ESG agile

Dans le monde entier, les questions environnementales, sociétales et de gouvernance (ESG) figurent en tête des priorités des entreprises. Les managers subissent une pression intense pour relever des défis tels que limiter les changements climatiques et les inégalités raciales en mettant en place des mesures et des objectifs quantifiables. Ce sont les employés, les investisseurs et les communautés mondiales qui poussent les entreprises à intégrer l’ESG dans leur stratégie.

De nombreux dirigeants craignent de ne pas réussir à intégrer ces contraintes dans leur développement, pourtant, des ambitions timorées dans la mise en œuvre de l’ESG ne pourront que freiner sa mise en place. Il faut qu’ils fassent preuve d’humilité et que ces décisionnaires soient prêts à accepter de commettre des erreurs. Ils en tireront alors les leçons qui leur permettront ensuite d’être plus efficaces et de s’adapter plus rapidement dans le futur.

Penser plus grand

La plupart des cadres s’accordent à penser que l’intégration et le respect des critères ESG constituent un objectif urgent et de taille. Les entreprises motivées à réduire leur impact sur l’environnement commencent souvent par chercher à réduire leur empreinte carbone. Elles recueillent des données, puis apportent des ajustements à leur chaîne d’approvisionnement mais la collecte de ces informations peut prendre des années. Au fur et à mesure que l’entreprise se développe, la collecte de données devient plus complexe c’est pourquoi les entreprises se retrouvent piégées et souvent n’arrivent pas à dépasser cette première étape.

Je pense que de nombreuses sociétés devraient s’inspirer de l’organisation professionnelles des ingénieurs. Ils utilisent depuis des années des modèles de développement agile. Ce modèle les encourage à faire de nombreuses tentatives et de tirer les conséquences positives de leurs échecs pour faire rapidement de nouveaux essais.  Les startups adoptent souvent cette approche mais à mesure qu’elles de développent, elles deviennent souvent plus conservatrices et moins réactives.

Pour qu’une entreprise de grande taille reste agile, il faut changer qu’elle évolue et modifie sa façon de penser. Leurs dirigeants doivent être capables d’envisager chaque problème commercial à travers le prisme de l’ESG. Ils doivent intégrer sur le court terme les coûts d’un échec pour rebondir rapidement. Cela est plus facile pour une entreprise dans sa globalité mais cela l’est moins quand il s’agit d’une petite structure qui doit atteindre un objectif mobile.

En considérant l’ESG comme un objectif prioritaire et non comme une option, les entreprises peuvent à la fois développer leur chiffre d’affaires et réussir leur politique de développement durable. Un exemple simple : réduire les coûts en mettant en place une chaîne d’approvisionnement plus durable, permet de résoudre deux problèmes à la fois.

Cela fait peu de temps que nous considérons l’intégration des contraintes ESG à un niveau systémique, comme une responsabilité collective. 

Avant la crise, les décisions financières étaient réservées aux directeurs financiers. Aujourd’hui, ces décisions impliquent plus de personnes dans l’entreprise. Pendant longtemps, les cadres considéraient la gestion des contraintes de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) comme une question relevant des RH seules. Cela fait peu de temps que nous pensons ces sujets à un niveau systémique, comme relevant d’une responsabilité collective. Si les entreprises ont la même réflexion pour l’ESG, elles constateront rapidement une amélioration de leurs capacités à s’attaquer à des projets plus complexes. Au lieu de passer des années embourbées pour essayer d’atteindre un petit objectif, elles auront plus de facilités et d’aisance à tenter des choses nouvelles, à échouer rapidement pour ensuite recommencer à aller de l’avant tout aussi rapidement.

Connecter les données à l’action

Ce changement d’état d’esprit nécessite des changements techniques. Les entreprises ont besoin de recruter les bonnes personnes, d‘intégrer les bons processus et les bonnes technologies afin de progresser en matière d’ESG. Pour y parvenir elles doivent associer ces trois contraintes.

Certains dirigeants pensent qu’ils ne disposent pas de suffisamment d’informations pour prendre des décisions, c’est l’une des raisons pour lesquelles certaines sociétés ne parviennent pas à progresser en matière d’ESG. Parfois, c’est exact. Pourtant, et c’est le cas pour la majorité, ils ne savent tout simplement pas où chercher les bonnes informations.

Connecter les services au sein de l’entreprise permet à tous d’avoir accès plus facilement aux données. Cela permet également aux équipes d’agir plus rapidement une fois qu’elles ont obtenu ces données. A l’exemple d’une usine. Avec des données à l’échelle de l’entreprise à portée de main, les équipes peuvent identifier les lacunes en matière de reporting, comme le manque de données sur la quantité d’énergie utilisée par leurs outils. En plaçant des capteurs IoT (internet des objets) sur les machines, elles peuvent simultanément collecter des données, gérer la consommation d’énergie et contribuer à l’automatisation des processus. Si l’entreprise souhaite s’attaquer à des objectifs ESG plus importants à l’avenir, elle dispose de tout ce dont elle a besoin pour agir rapidement. Si une entreprise souhaite se fixer des objectifs ESG plus ambitieux à l’avenir, elle dispose de tout ce dont elle a besoin pour travailler rapidement.

Une étape plus importante que les empreintes carbone

Le pouvoir d’une entreprise connectée ne se limite pas au « E » d’ESG.

Prenez l’exemple d’un établissement de soins de santé qui souhaite optimiser son management et la promotion de ses salariés et qui veut aussi améliorer la satisfaction de ses patients. En combinant la collecte de données aux actes, l’établissement peut agir sur les deux objectifs en même temps. Les gestionnaires peuvent utiliser une plateforme de feedback des patients basée sur l’apprentissage automatique pour analyser les interactions du personnel soignant avec les patients. La plateforme pourra signaler les domaines à améliorer tout en identifiant les potentiels à promouvoir. Deux objectifs n’en font plus qu’un, ce qui permet d’avancer plus rapidement.

L’ESG est trop importante pour être reléguée à une seule équipe ou un seul service. Elle exige de l’agilité, un engagement global à l’échelle de l’entreprise et une volonté de changement. La volonté de changer et le fait d’accepter d’échouer sont indissociables : il y a beaucoup plus d’enseignements, d’idées et d’opportunités dans l’échec que dans le succès. Les entreprises qui veulent réussir feraient donc bien de se préparer à l’échec et de l’accueillir comme un ami et un mentor.

Article proposé par Manisha Arora Senior Director, Chief Innovation Office chez ServiceNow

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