« Polyculturel et nomade » ! Pour se décrire, O Gringo utilise spontanément ces mots évoquant les sources des cultures anciennes et le futur ouvert à l’inconnu d’un prochain voyage… Sur le marché mondial de l’art, Bastien Tomasini, jeune artiste français, a rapidement « émergé » de la nuée des émergents, pour cause de singularité et de passion non contenue ! Mais l’homme est discret, c’est donc uniquement de l’artiste O Gringo que l’on parlera aujourd’hui. Oui ! Mais…. Pourquoi ce nom ?
Le sourire transparait dans la voix au moment de l’explication attendue : « Je voyage beaucoup et quand je suis parti au Brésil, tout le monde m’appelait comme ça, car j’étais « l’étranger » ! ça m’est resté et je trouve que cela me va bien !… » Le décor est posé et l’on entend presque siffler les trains ancestraux qui continuent à sillonner les plaines désertiques de l’Est du Brésil. Et O Gringo prend ce train improbable pour un voyage de 3 ans, apprend le portugais, déchaine son imagination et ses mariages de culture…
Retour en Europe avec une première visite au Portugal en 2018. Pour Bastien, la découverte se transforme en histoire d’amour pour Lisbonne : les couleurs, les motifs et l’énergie qui se dégage des murs de la ville, recouverts de carreaux de faïence aux couleurs variées, parfois déclinées de manière surprenante…
Le niçois connaît et aime la mer et le soleil… Mais au Portugal, la combinaison des deux avec le côté sauvage d’espaces et de lieux préservés suscite un enchantement qui ne cessera plus. Cette première visite dans le pays de la nostalgie et du fado est décisive pour l’artiste, qui décide d’acquérir un pied à terre près de Lisbonne, où il réside maintenant régulièrement.
O Gringo, inspiration et différence …
Les supports essentiels des travaux d’O Gringo sont les carreaux de Faïence, les fameux Azulejos portugais, que l’on trouve aussi déclinés autrement en Espagne…
- Les thèmes que je choisis sont liés à mes ressentis, à une rencontre entre une émotion extérieure et une logique d’enchaînement… J’utilise du vrai carrelage et je m’inspire du fado et de la culture portugaise, une culture avec de l’amour. Mais je modernise le message, car si le support est ancestral, ma patte est digitale… Le carreau est un support magnifique, extrêmement original et relié à la terre. Ce qui déclenche en moi un désir de création relève de l’invisible, des sentiments qui me traversent dans un contexte particulier. Par exemple, lors de mon premier passage au Portugal, j’ai assisté à un spectacle de Fado… J’ai été profondément touché par la mélancolie de ce style musical et émerveillé par sa richesse. L’image qui s’est gravée dans ma tête est celle d’une histoire d’amour mettant en scène une femme pleurant le départ de son homme vers la mer. Après une visite au Musée National de l’azulejo de Lisbonne, j’ai décidé de réunir ces deux symboles extrêmement forts dans une représentation artistique. Et c’est devenu « mon » histoire !
Êtes-vous un artiste atypique ?
- Je ne sais pas ! Surtout, je suis sincère. Ce qui fait mon originalité, ou ma différence, c’est que je ne crée pas une œuvre d’art, j’écris une histoire d’amour ! Je veux pouvoir partager des émotions à travers mes créations. Ce ne sont pas uniquement des compétences artistiques, c’est la fusion entre le rêve, le désir, une culture, des ressentis et la traduction matérielle sur une œuvre. C’est surtout la volonté de faire partir ceux qui regardent pour une escapade vers un ailleurs qui les appelle… Je voyage souvent dans des lieux historiques qui m’inspirent ; à Lisbonne, j’ai été positivement captivé par ce somptueux musée où l’on peut voyager à travers les siècles, en découvrant chaque Azulejos avec ses caractéristiques. Dans la pratique, j’ai photographié chaque détail découvert sur les murs afin de compléter graphiquement et historiquement mon histoire d’amour avec le carreau de faïence… D’abord, je définis l’esprit dans lequel je vais créer une « collection » d’œuvres, comme un livre en plusieurs chapitres !! Je détermine une thématique pour chaque élément de ce livre ouvert et donne un titre à chacune des œuvres. J’écris son histoire, il faut que celle-ci ait du sens. Ensuite seulement, je suis prêt à organiser une séance photo en studio avec des modèles, en essayant de restituer au maximum l’émotion que je souhaite retranscrire dans mes œuvres. Et c’est seulement après cela que commence un très long processus numérique où je transforme chaque élément de ma recherche en œuvre d’art. Si je suis au Portugal, je me fournis sur place en Azulejos et si je suis ailleurs, je les importe. Une fois la partie numérique terminée, je réalise une impression numérique spéciale en haute définition sur les supports en faïence.
Un Solo Show au musée national des Azulejos à Lisbonne, c’est une grande nouvelle ?
- C’est un véritable événement ! Aujourd’hui j’ai le privilège de préparer mon exposition personnelle au Museu Nacional dos Azulejos à Lisbonne. Je trouve incroyable de travailler sur ce voyage historique, que j’ai commencé au 16ème siècle et poursuivi jusqu’au 18ème ! Et encore plus pour réaliser cette combinaison fantastique alliant la musique nationale – le fado – et les motifs figuratifs sur des carreaux. Il s’agit d’une exposition personnelle qui débute le 18 mai 2023 et dure quatre mois ; à tous points de vue, c’est pour moi un cadeau : reconnaissance de mon travail artistique et retour aux origines, car c’est dans ce musée que mon inspiration est née. Entre quinze et vingt œuvres seront exposées dans la Salle principale du Musée, un lieu qui accueille entre deux et trois mille personnes par jour.
La collection ne sera pas en vente pendant la durée de l’installation. Elle recèle une surprise qui met en scène un autre aspect du talent d’O Gringo : la photographie. C’est ainsi que sont capturées les poses d’une dizaine de chanteurs de fado en cours d’interprétation, en intégrant l’émotion provoquée par le contexte choisi par l’artiste, en lien avec les œuvres voisines… Les photos des chanteurs prendront vie le jour du vernissage puisque les modèles en chair et en os prêteront leur voix pour contribuer à l’ambiance de l’événement.
Pour O Gringo, quel que soit le pays dans lequel les carreaux de faïence sont présents, ils sont bien plus qu’une simple décoration ; c’est une référence qui raconte l’histoire à toutes ses époques. Le Portugal, terre de l’Azulejos, est emblématique du carreau décoré et terre de prédilection de l’artiste. C’est donc pour lui une jubilation d’exposer dans ce musée. La boucle est bouclée. Les œuvres retournent là où elles sont nées.
O Gringo, avez-vous d’autres histoires à raconter dans l’immédiat ?
- Oui, j’aimerais parler d’une rencontre clé, qui s’est déroulée il y a un peu plus d’un an. J’ai eu le plaisir de collaborer avec un grand spécialiste du marché international de l’art, Robert Bartoux. C’est le Président des Galeries Bartoux, un groupe international de 20 galeries à travers le monde, représentant toutes une nouvelle génération d’artistes contemporains. Cela a été un grand plaisir de me plonger dans cette expérience et Robert Bartoux m’a conseillé de travailler dans des formats encore plus grands pour amplifier l’impact de mon travail. Ce conseil m’a beaucoup fait évoluer et je considère que cela m’a ouvert une nouvelle porte sur l’avenir. Et sinon, dans l’actualité, je peux évoquer un projet réalisé et en galerie actuellement, il s’agit de Rosalia...
ROSALIA fait flamber la Galeria de arte Alaux, à Valencia !
Si l’on aime faire le lien entre une musique culturellement puissante et une traduction graphique de sa résonance, on ne peut éviter l’Espagne et son Flamenco … O Gringo nous fait donc encore découvrir un mariage d’amour entre l’interprétation très contemporaine du flamenco de Rosalia et les chatoyantes couleurs d’une petite ville aux murs couverts d’azulejos…
Une collection qui s’inspire de la grâce, de la force tirées du Flamenco et de la culture espagnole historique des Azulejos. Ces deux mouvements artistiques sont exprimés avec brio dans un melting pot haut en couleur et en formes et c’est à Valencia que l’on peut découvrir un univers contrasté, puissamment éclairé par des couleurs primaires et adouci par des formes ondulatoires. O Gringo investit la Galerie ALAUX, galerie d’art contemporain à Valencia créée fin 2022. Ouverte à tous, cette galerie « sans filtre » – sauf ceux de la qualité et du choix – vise à réveiller la fibre artistique de tout un chacun en proposant de l’inédit, du créatif, du local et surtout, des œuvres accessibles aux profanes comme aux initiés. Avantage certain, la galerie se situe en plein cœur de Valencia et est largement ouverte au public. Au sein de la Galerie Alaux, Rosalia s’expose en une dizaine d’œuvres, relayées dans la ville par des tableaux muraux en 9 carreaux…
Suivez la faïence, vous trouverez O Gringo !
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