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L’évolution de la culture du travail face à l’arrivée du travail hybride

hybride
Source : Getty Images

Durant les 18 derniers mois, les méthodes de travail ont sensiblement évolué et aujourd’hui, principalement pour des raisons sanitaires, les visioconférences et la collaboration numérique sont devenus la norme. Les entreprises ont donc dû s’adapter rapidement à cette nouvelle réalité et à l’évolution des relations de travail au sein des équipes.

Que ce soit au bureau ou non, les moments d’échanges et les interactions entre collègues sont essentiels pour que l’harmonie entre les salariés aboutisse à une expérience de travail positive. L’année 2022 nous montre les prémices d’une nouvelle évolution fondamentale dans la notion de travail : le travail hybride.

Le travail hybride devient une réalité quand une partie des équipes commence à réinvestir les bureaux physiques. Mais contrairement au télétravail, qui était motivé par la pandémie, c’est en général le salarié qui est à l’origine de ce retour sur site. Cela implique donc une réflexion poussée quant aux implications de ce mode de travail et la compréhension des contraintes et compétences nécessaires à la réussite d’une organisation des équipes en travail hybride.

 

Communication, collaboration, harmonie

Il faut bien avoir à l’esprit que le travail hybride n’est pas du télétravail.

Prenons l’exemple de la visioconférence, qui permet des conditions de travail plus souples et plus agiles. Lorsque tous les membres d’une équipe participent en ligne, les interruptions sont plus rares et la fonction de chat facilite les participations de chacun. Une fois de retour au bureau, les équipes se trouvent confrontées à une nouvelle dynamique de pouvoir : les participants à distance sont désavantagés face à ceux qui sont sur place, la présence au bureau donne le lead sur les intervenants « virtuels ».

Durant les dernières années, beaucoup d’entreprises ont réduit leurs investissements dans le « team building », le développement des relations de confiance entre collègues. Avec l’arrivée du travail hybride, la création d’une culture d’entreprise doit être à nouveau envisagée et ce, avec des investissements conséquents.

Pour véritablement libérer et optimiser le potentiel des équipes, il est crucial de réintroduire la communication, la collaboration et l’harmonie. Chaque employé doit pouvoir être entendu et se sentir libre d’exprimer ses idées sans crainte. Les dirigeants doivent catalyser ce changement de culture en montrant l’exemple, en définissant des normes et des attentes claires, avec un feedback et des possibilités d’apprentissage et toujours valoriser les comportements positifs.

 

Un engagement social est incontournable

Il est particulièrement important de garder à l’esprit que l’engagement social et la création d’équipes motivées et soudées s’avèrent être plus complexes dans les environnements de travail hybrides. Une baisse des occasions d’interagir entre personnes implique une baisse des occasions de renforcer les relations. Il a été question de créer une « machine à café virtuelle » mais le terme et le concept sont encore à affiner. Il faut surtout développer une solution qui permet des interactions sociales significatives sans avoir à quitter son poste de travail.

Une des solutions est d’impérativement intégrer l’engagement social directement dans le travail.

Cela passe par la création d’une culture collaborative mais c’est en réalité plus complexe que cela à mettre en place. Il faut trouver le moyen de donner à chaque collaborateur l’occasion et le temps, dans un contexte de travail, de brainstormer, d’apprendre à se connaître et de vivre ensemble des moments d’échanges informels et détendus. C’est seulement ainsi que la cohésion sociale sera renforcée, qu’une relation de confiance s’établira entre collègues et que les liens seront consolidés au sein des équipes.

Pour cela, un changement culturel est nécessaire. Cette évolution doit encourager les rencontres et les moments passés ensemble. Cela implique non seulement de trouver le temps mais aussi d’être capable de formuler un problème ou une discussion de manière à encourager l’interaction sociale dans un groupe diversifié. En investissant dans ce type d’engagement social, les bases de l’amélioration de la performance sont posées, comme celles de la productivité et de la loyauté à long terme.

 

Il est temps d’envisager le travail hybride sous un nouvel angle – Source : Getty Images

 

Hybride, c’est hybride

Il est évident que les communications numériques ne remplaceront jamais les interactions entre personnes. Que ressent un employé qui n’a jamais rencontré son manager ? Ou qui n’a jamais eu l’occasion de faire un repas avec son équipe ? Il risquerait d’en découler une insatisfaction à l’égard de l’intégralité de son expérience professionnelle, ce qui entraînerait un désengagement et une baisse de sa productivité.

C’est pour cette raison qu’il ne faut pas laisser le travail hybride se transformer en télétravail. Si la plupart des entreprises ont fait le constat d’économies financières liées à la réduction des voyages d’affaires pendant la pandémie, le moment est venu de réévaluer les priorités. Réunir les employés pour des moments d’échanges est essentiel pour les entreprises. Il faut surtout comprendre que les avantages dépasseront largement les coûts.

 

Réévaluer la charge de travail

De l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

En théorie, le télétravail permet d’aller chercher ses enfants à l’école, de gérer les urgences domestiques ou simplement de prendre du temps libre en adaptant son emploi du temps professionnel. Mais la réalité n’est pas si positive car lorsque domicile et lieu de travail se confondent, le temps dédié au travail n’est pas toujours clairement cadré, le salarié n’en tire pas toujours les bénéfices prévus en étant trop sollicité. C’est parfois même contre-productif.

En effet, lorsque les frontières entre le temps professionnel et personnel se brouillent, les employés s’épuisent. Des vagues importantes de démissions, baptisées aux États-Unis « Grande Démission », ont d’ailleurs sévi l’année dernière.

Le maintien d’un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée nécessite un changement culturel et de nouvelles compétences. Les employés doivent avoir conscience qu’il n’y a aucun mal à se réserver du temps pour soi et qu’il est normal de ne pas être disponible 24/24 h. Ces constats sont d’ailleurs déjà établis et formalisés, avec des méthodes telles que la restriction des e-mails hors des heures de travail mais ce n’est pas encore suffisant.

Dans les faits, dire à un salarié qu’il est normal de prendre du temps pour lui alors qu’il a trop de tâches à accomplir est totalement hypocrite. Les managers doivent passer du temps à échanger avec leurs collaborateurs pour comprendre et adapter leur charge de travail. Cela nécessite des compétences dont de nombreux managers ne disposent pas encore : la capacité à distinguer les missions difficiles à accomplir seul face aux tâches plus simples, la reconnaissance du niveau d’accompagnement dont un employé a besoin (ou non) pour atteindre ses objectifs. Pour les salariés, la capacité à dire non lorsque la demande n’est pas légitime ou trop lourde à gérer à distance. Favoriser et développer les compétences des managers permettront aux entreprises la réussite de la mise en place d’un environnement de travail hybride.

 

Dernier critère

Le travail hybride n’est plus une tendance passagère et sera appelé à se pérenniser. Il a entraîné des changements fondamentaux dans la vie personnelle des employés et transformé la définition même du terme travail.

Les employés ont maintenant des attentes complètement différentes également. Compte tenu de la demande accrue de travailleurs à haut niveau de diplômes, ces derniers ont également le choix de leur environnement professionnel. En mettant au point une culture qui accepte le travail hybride et donne aux employés les compétences dont ils ont besoin pour s’épanouir, chaque entreprise trouvera le succès sur son chemin. Dans le cas contraire, de nombreuses autres entreprises ne demandent qu’à prendre le relais et accueillir les équipiers déçus.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur(e) : Cat Lang

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