Le « workation » ou « tracances », organisation qui combine vacances et télétravail, est en plein essor auprès des Français. La pandémie de Covid-19 et la démocratisation du télétravail ont dopé la popularité du phénomène. Les jeunes sont particulièrement attirés par ce système, et de manière générale, par les solutions de flexibilité de leur temps de travail.
Intérêt plus prononcé des Millenials pour les « tracances »
Selon une enquête réalisée par International Workplace Group en mars 2023, « 31 % des employés de bureau interrogés envisagent de travailler sur leur lieu de vacances cet été ». Ils y voient un moyen d’associer découverte d’un nouveau lieu et travail, et d’avoir des vacances plus longues, sans être limités par les congés payés des salariés.
12 % des répondants avaient déjà organisé leur séjour au moment du sondage, tandis que 19 % en étaient dans les préparatifs. Parmi les adeptes des « tracances », les hommes sont proportionnellement plus nombreux, à (39 %, +13 points de pourcentage par rapport aux femmes). Les Franciliens sont par ailleurs plus enclins au workation, puisque 37 % d’entre eux projettent de prolonger leur séjour et de travailler à distance (pour une moyenne nationale de 31 %).
Un autre chiffre saute aux yeux : 54 % des actifs 18-24 ans prévoient de s’adonner aux « tracances » cette année. 38 % des 18-35 ans connaissent le concept, nettement plus que la moyenne des salariés (27 %). Deux sondages conduits respectivement par VVF et VVF Ingénierie et IWG révèlent qu’« un tiers des 18-35 ans (contre 17 % en moyenne) sont disposés à tester ce concept, même si pour l’instant, ils ne sont que 9 % à avoir tenté l’expérience ».
Néanmoins, ils conditionnent cet essai à la disponibilité d’un cadre propice avec les ressources nécessaires, notamment une connexion WiFi performante. 25 % préfèrent un environnement plus classique, indispensable à leur concentration et leur productivité. En outre, seuls 13 % des sondés ont accès à cette possibilité au sein de leur entreprise.
Malgré ces différents freins, pour les auteurs des études, « cet intérêt traduit les difficultés qu’éprouvent les millenials à se déconnecter ». Ces derniers sont d’ailleurs 92 % à se plaindre d’être de moins en moins en mesure de maintenir une frontière claire entre leurs vies privée et professionnelle. 58 % ont toujours des activités liées au travail pendant les congés (contre 51 % pour tous les actifs) et ils sont 79 % à rester accessibles sur leur téléphone.
Intérêt marqué des millenials pour certaines formes de travail plus flexibles
Au-delà du travail en vacances, les moins de 35 ans se montrent plus ouverts que les autres professionnels aux solutions permettant de bénéficier de congés payés. Ainsi, 72 % se disent prêts à faire des journées plus longues pour gagner des jours de vacances additionnels, une proportion nettement supérieure à la moyenne de l’ensemble des actifs (52 %).
Dans cet esprit, 63 % de cette génération est « très favorable » à l’idée d’une semaine de quatre jours, qui leur permet de profiter de longs week-ends, contre 44 % des actifs. Néanmoins 37 % souhaitent d’abord tester le modèle.
En revanche, comme tous les autres travailleurs, 83 % des millenials refusent de sacrifier des jours de congé dans l’objectif de préparer leur retraite.
Une autre proposition rencontre peu de succès : les « vacances illimitées », qui autorisent un salarié à prendre des vacances à leur convenance, un principe propre aux freelances, mais en contrepartie, ces absences ne sont pas rémunérées.
Seuls 14 % des personnes interrogées par VVF ont répondu « pour », alors que la proportion des réponses négatives atteint 59 %. Pour les 12 % de jeunes professionnels qui l’approuvent, deux avantages majeurs émergent : la souplesse (8 %) et la possibilité de travailler plus pour gagner plus (4 %).
Pour les autres, le refus est justifié principalement par la crainte de perdre de l’argent, ce qui dissuaderait la prise de congés, entraînant une fatigue physique et mentale, voire pour 25 %, une hausse des accidents du travail.
Ces réticences ne sont pas surprenantes, compte tenu de l’importance pour les Français de l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, ainsi que du bien-être au travail. 58 % et 33 % redoutent pour leur part une désorganisation de l’entreprise ou de leur activité.