Attention secousses possible sur les marchés obligataires !
Après être sortie des radars pendant des décennies, l’inflation a signé son grand retour sur le devant de la scène en 2021. Qualifiée au départ de transitoire par une majorité d’économistes, la hausse des prix à la consommation paraît désormais s’installer dans le paysage. Pour combien de temps ? Et à quel niveau ? Ces questions cruciales, qui détermineront les choix des banques centrales dans les prochains mois, restent ouvertes. Seule certitude : si l’inflation enclenchait la fameuse boucle auto-entretenue prix-salaire, les banquiers n’auront d’autres choix que d’augmenter leurs taux, ce qui se répercutera immédiatement sur les marchés obligataires.
Chez Ostrum AM, le scénario dominant est celui d’une inflation en forme de cloche : après avoir été réveillée par le Covid, elle atteindrait un point haut aux États-Unis et en Europe fin 2021 avant de redescendre tout au long de 2022. La hausse des prix se maintiendrait toutefois à un niveau élevé, supérieur du moins au seuil fixé par les banques centrales, sans doute autour de 3 %. Dans ce contexte, l’inflation devrait susciter d’importants débats monétaires. En 2020, déjà une vingtaine de banques centrales dont celles du Brésil ou de la Norvège ont décidé de resserrer leur politique. Le mouvement devrait s’accélérer. La visibilité reste toutefois très faible. Et dans ce brouillard, les acteurs agissent par à-coups. Le marché a été ainsi pris à revers ces derniers mois par des décisions inattendues des banques centrales du Canada ou d’Angleterre.
Sur les marchés souverains, il conviendrait alors de valoriser les obligations indexées sur l’inflation, les obligations vertes, mais aussi, avec précaution, les marchés émergents. Côté corporate, les gérants s’éloignent des obligations bien notées, les « investment grade », à la rentabilité très faible, voire même négative pour un tiers de ces entreprises. En revanche, les obligations « high yield », décotées, peuvent être intéressantes. Leur rémunération reste bien sûr modeste mais leur risque est si faible, que la rentabilité se défend. Les analystes misent en effet sur un taux de défaillances d’environ 2 %, dans cette catégorie de titres.
Du côté de DNCA, deux principaux scénarios ont été identifiés. En cas d’inflation durable, provoquant une augmentation des taux, les gérants conseillent de se positionner sur des titres de très longue duration. En revanche, si les taux ne remontent pas, les marchés obligataires n’offriront que très peu d’opportunités. Il faudrait mieux dans cette option favoriser les actions. Dans cet environnement chahuté, l’investisseur doit in fine faire preuve avant tout de flexibilité. Le pire des scénarios côté obligataire restant celui d’une remontée rapide des taux, qui provoquerait un effondrement immédiat de la croissance. Ces aléas se lisent d’ailleurs dans le faible nombre d’acheteurs restés actifs sur les marchés obligataires. Ne restent quasiment plus que les acteurs contraints : en premier lieu, banques centrales et assureurs.
Propos recueillis entre le 6 et le 7 décembre 2021.
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Article rédigée par Stéphane Déo (Ostrum AM) et Fabien Georges (DNCA)