Quel chemin parcouru depuis l’intronisation en 2006, sous l’impulsion du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, des objectifs de développement durables ! Quatorze ans plus tard, l’ISR s’est imposé comme un incontournable du marché de la gestion. Et 2020 a consacré la pertinence de cette approche : au cœur de la crise sanitaire les fonds ISR ont globalement mieux résisté que les marchés. En termes de volume, cette gestion durable a encore de très beaux jours devant elle. La demande des épargnants, de plus en sensibles aux thèmes durables, les autorités publiques et l’offre pléthorique proposée par les maisons de gestion portent la croissance du marché ; tout comme la lente conversion des investisseurs américains qui étaient jusqu’ici encore prudents vis-à-vis de ce type de gestion.
Face au risque de banalisation, les investisseurs doivent se montrer très sélectifs
Chez Mirova comme DNCA, les spécialistes de l’ISR ne se laissent pas pourtant aller à l’euphorie. Ils ont en effet bien conscience des nouveaux défis qui bousculent cette classe d’actifs. Le premier tient à la performance : alors que les marchés devraient a priori réaliser une très solide année en 2021, quelle sera la capacité de résilience des fonds ISR ? Les deux sociétés de gestion insistent ensuite sur la nécessité de sélectionner rigoureusement les placements. C’est la rançon du succès : la labélisation ISR gagnant chaque année du terrain, elle perd mécaniquement de sa capacité discriminante. Pour apprécier la qualité d’un produit ISR, les gestionnaires d’actifs recommandent de vérifier leur impact concret en termes de développement durable et de s’assurer de la qualité de l’information transmise par les sociétés. L’épargnant doit exiger une transparence totale sur l’intégralité du portefeuille, comme les modèles de gestion.
Parmi les actifs labelisés ISR, un secteur sera-t-il particulièrement porteur en 2021 ?
Côté thèmes d’investissement, l’environnement, au cœur des plans de relance européens, apparaît incontournable. Mais alors que les politiques publiques, et notamment bien sûr les plans de relance verts, soutiennent à bout de bras le développement de ce secteur, l’investisseur doit là encore se montrer particulièrement vigilant afin d’éviter le piège des phénomènes de bulles. Au-delà de l’environnement, les thématiques classiques de la santé, de la démographie, des inégalités… restent bien sûr valides. En 2021, l’ISR devrait s’enrichir de nouveaux critères de qualification, estime DNCA. Les sociétés de gestion pourraient peu à peu disqualifier de leur portefeuille les entreprises qui présentent des politiques d’optimisation fiscale, d’utilisation des données personnelles ou l’éclatement des chaînes de valeur trop agressives.
Depuis quelques années, le marché obligataire ISR gagne aussi ses galons. Tiré par le volontarisme public hexagonal, le marché des obligations vertes, des emprunts adossés sur des projets environnementaux, atteint ainsi un début de maturité. Après la France, l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-Uni se sont convertis à l’émission de dettes souveraines vertes. De manière plus confidentielle, se développe enfin pas à pas le tout jeune marché des obligations sociales, fléché vers des projets qui répondent à des défis sociaux. Mirova table sur une lente éclosion en 2021.
Propos recueillis entre le 25 et le 27 novembre 2020.
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