Simon Paris, PDG, Finastra
L’industrie financière a connu des grands changements ces dernières années. Par exemple, il y a cinq ans à peine, si un saisonnier voulait renvoyer de l’argent à sa famille dans son pays d’origine, un frais élevé de transfert international lui aurait été facturé. Ou encore, une personne à faible revenu pouvait avoir du mal à accéder à des services bancaires adaptés à sa situation.
Aujourd’hui, les services bancaires sont souvent personnalisés en fonction des besoins individuels. Ce même travailleur peut facilement renvoyer de l’argent à ses proches un prix très réduit et de manière instantané. Au même temps, il existe maintenant des outils éducatifs et des nouveaux produits pour ceux qui, traditionnellement, avaient du mal à accéder aux services bancaires, qui les aident à bien gérer leurs finances personnelles. Tout cela, grâce à la finance ouverte.
Un tel 81 % des institutions financières françaises interrogées pour le rapport de Finastra « Financial Services, State of the Nation » ont déclaré que la finance ouverte est importante. Fondée sur l’ouverture de la technologie, de l’esprit et de la culture, cette dernière s’articule autour de trois axes principaux : le développement de nouveaux écosystèmes financiers, la prise de décision durable et l’évolution sociétale.
Le développement de nouveaux écosystèmes financiers
La finance ouverte, alimentée par la technologie cloud, favorise la création des nouveaux marchés et de nouvelles économies, ce qui permet aux institutions financières d’améliorer leur efficacité opérationnelle et de s’adapter rapidement aux nouvelles demandes de consommateurs, tout en augmentant la rentabilité, la satisfaction et la fidélisation des clients. Qu’il s’agisse de solutions technologiques destinées aux populations sous-bancarisées ou d’efforts collectifs pour étendre l’accès aux femmes, des collaborations à l’échelle de l’industrie rassemblent les connaissances, les idées et les ressources pour répondre aux demandes de clients et de communautés spécifiques.
Afin d’ouvrir la finance à un plus grand nombre de personnes, tout en créant de nouvelles sources de revenus pour les institutions financières, les banques font souvent appel aux outils comme la banque en tant que service (BaaS) et la finance intégrée. Ces dernières alimentent la banque composable, conséquence de la plateformisation. Grâce à cela, les institutions peuvent personnaliser leur service pour des profils de clients spécifiques, comme les migrants, ou autour de ces écosystèmes d’innovation. Il s’agit de s’adapter à l’évolution de la demande des clients et de vendre aux clients les produits dont ils ont besoin.
La favorisation de la prise de décision durable
Parmi les principaux avantages de la finance ouverte se trouve un meilleur accès aux données. La finance ouverte facilite l’accès aux ensembles de données de tiers via des interfaces de programmation (APIs) ouvertes. Cette capacité est souvent utilisée par les institutions financières pour analyser les données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), ce qui leur permet de se conformer rapidement et efficacement aux nouvelles réglementations, ainsi que de mieux comprendre les risques et leur positionnement actuel, favorisant dès lors un environnement propice à la croissance durable.
De plus, la finance ouverte soutient l’investissement d’impact en encourageant de canaliser les fonds vers des initiatives vertes et de construire des portefeuilles durables et rentables. Cela garantit que les investissements ne produisent pas seulement des rendements financiers, mais qu’ils contribuent également de manière positive au développement durable.
La numérisation des chaînes d’approvisionnement repose aussi sur la finance ouverte, ce qui aide l’industrie à développer un commerce mondial qui sera plus inclusif et plus transparent. En mettant l’accent sur la provenance des biens verts, les pratiques respectueuses de l’environnement peuvent être intégrées dans les transactions commerciales. De plus, grâce à la puissance de l’intelligence artificielle (l’IA) générative, les institutions peuvent également analyser et renforcer la mesure de la performance ESG tout en fournissant des services financiers personnalisés afin de créer un système financier plus efficace et plus inclusif.
L’évolution sociétale
La finance ouverte peut transformer les sociétés, réduire l’inégalité et façonner un avenir progressiste. La technologie nous aide à combler les lacunes pour favoriser l’émancipation économique et mieux répondre aux besoins des personnes non bancarisées ou sous-bancarisées. Cela pourrait même signifier sortir les gens de la pauvreté en leur permettant de prendre les premiers pas vers l’épargne, la création et la gestion de patrimoine.
En facilitant ce genre de changement sociétal, l’industrie pourrait devenir un champion de l’inclusion financière. La finance ne se démocratise qu’à travers la numérisation et l’expansion d’un écosystème connecté de fournisseurs d’applications pour les services financiers pour vraiment transcender les barrières géographiques et financières. En même temps, le coût du service est réduit, ce qui rend ces nouveaux marchés plus attrayants pour les institutions.
Par exemple, les infrastructures fondées sur les identités numériques et la facturation électronique peuvent permettre une prise de décision de crédit fondée sur l’IA et basée sur des données de transaction en temps réel, avec la capacité supplémentaire de compléter l’historique de crédit à l’aide de données supplémentaires ou d’autres sources. En conséquence, les banques peuvent mieux servir davantage de micro, petites et moyennes entreprises (MPME) tout en réduisant les coûts d’intégration.
La finance s’est révolutionnée grâce à son ouverture. Les paiements sont devenus plus rapides et plus efficaces, la conformité réglementaire, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (AML), a été rationalisée, les décisions de prêt pour les petites entreprises ou la finance verte ont devenu mieux informées, l’outil Treasury as a Service a permis une plus grande transparence et une plus grande agilité, et des changements sociétaux positifs ont été mis en œuvre. Les institutions doivent continuer à profiter de cette opportunité pour travailler ensemble et innover afin d’obtenir des résultats qui profitent à l’ensemble de la société.