88% des français sont opposés à l’élevage intensif. L’attente sociétale est là, mais qu’en fait le secteur de l’agroalimentaire ?
Si de nombreuses avancées ont été concrétisées, notamment sur la question des œufs de poules élevées en cage, il reste encore beaucoup à faire. L’association L214 alerte sur la réalité des conditions d’élevage et d’abattage des animaux en France. Aujourd’hui, L214 mène une campagne auprès du groupe LDC (propriétaire des marques le Gaulois, Maître Coq et Marie) pour l’inciter à respecter le European Chicken Commitment (ECC), une série de mesures visant à diminuer les souffrances des poulets en élevage et à l’abattoir.
Le point avec Brian Mordasini, coordinateur des relations agroalimentaires et Hélène Gauche, responsable du pôle agroalimentaire pour L214.
Pourquoi cette campagne ?
Sur 800 millions de poulets abattus chaque année en France, 83 % sont élevés de manière intensive. Le groupe LDC est le premier producteur de volailles français, il a donc une responsabilité majeure dans l’évolution des conditions d’élevage et d’abattage des poulets.
Nous lui demandons de prendre des engagements minimaux sur les critères de l’ECC, tels que la baisse de la densité en élevage, une sélection de races de poulets à croissance moins rapide, mais aussi sur des critères d’enrichissement du milieu de vie (perchoirs, blocs à picorer, lumière naturelle). Concernant les conditions d’abattage, nous demandons à ce que les poulets ne soient plus suspendus par les pattes alors qu’ils sont encore conscients, en raison notamment de la douleur et du sentiment de suffocation que cela engendre.
Plus de 100 entreprises se sont engagées à respecter l’ECC, qu’en est-il du groupe LDC ?
Malheureusement, le groupe LDC refuse toujours de s’engager sur ces critères et communique sur sa démarche “ Nature d’Éleveurs ” qui ignore largement les problématiques de souffrance animale.
Par exemple, la diminution des densités annoncée par LDC dépasse amplement la limite maximale (30 kg/m2) préconisée par les études scientifiques. Ils sont très en retard : des marques réputées pour être les plus économiques du marché et des distributeurs se sont déjà engagés à intégrer ces critères dans leur cahier des charges d’approvisionnement.
Le mouvement est en marche, c’est incontestable !
Ce qui est terrible dans cette situation, c’est que le groupe fait obstacle à ces avancées alors qu’en tant que leader, il devrait avoir la responsabilité de faire évoluer les choses dans le bon sens.
Vous interpellez également l’opinion publique sur les mensonges des marques !
Effectivement, la marque Le Gaulois (propriété du groupe LDC) a mis en place une démarche intitulée “ Oui, c’est bon ! ” qui promettait notamment une alimentation sans OGM pour les animaux. C’était un argument de vente très fort. Nous avons fait des recherches, et nous avons eu la preuve que les poulets étaient nourris avec du soja OGM.
Nous avons porté plainte pour tromperie du consommateur et communiqué publiquement sur ces mensonges, et du jour au lendemain, la mention a disparu des étiquettes et du site internet de la marque.
Nous déplorons que le groupe LDC choisisse de tirer les pratiques d’élevage des poulets vers le bas à travers des démarches au rabais et des communications mensongères et espérons une prise de conscience rapide de sa part.