Face au douloureux et complexe problème du chômage des jeunes dans le royaume, l’entreprenariat semble représenter la solution la plus directe et la plus durable. En ce début de décennie 2020, suite aux nombreux appels du souverain, l’heure est à l’action, pour l’élaboration d’un nouveau modèle de développement économique et social, qui met la jeunesse au cœur de ses orientations stratégiques. Revue de détail des quatre clés pour la réussite du plan Royal.
Doté d’une enveloppe globale de 8 milliards de dhs (dont 6 cofinancés par l’Etat et le secteur bancaire, et 2 mis à disposition, sans intérêt par le Fond Hassan II), le « Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat », lancé le 29 janvier dernier sonne comme une mesure d’urgence pour donner de nouvelles perspectives d’avenir à la jeunesse.
Réduire les inégalités sociales, favoriser l’émergence d’une classe moyenne agricole, promouvoir l’emploi, accompagner l’entreprenariat individuel et de la petite et moyenne entreprise sont autant de voies pour créer de la valeur, individuelle et collective, et par ce biais, élever le revenu national. Pour y parvenir le Maroc, mise sur un plan intégré d’accompagnement, basé sur des crédits à taux de crédits particulièrement bas. Plafonnés à 1,75% pour les bénéficiaires en zone rurale, et à 2% en milieu urbain, c’est une première dans le pays où le chômage touche plus de 26% chez les jeunes de 15-36 ans, et ce malgré les nombreuses tentatives publiques passées.
Accompagner les jeunes promoteurs pour éviter de reproduire les erreurs du passé
Nombreuses et variées, les solutions proposés par le pays depuis le début des années 90 pour lancer l’entreprenariat chez les jeunes, ont toujours achoppé sur trois insuffisances au moins : la non pertinence des projets ou la non préparation suffisante des créateurs entrepreneurs ; la lourdeur des procédures ; et l’insuffisance des financements. Un trio d’insuffisances cité à dessein par ordre d’importance.
Le postulat de base est pourtant simple. La priorité en matière d’entreprenariat réside dans la motivation, la préparation et la personnalité du créateur. Des aspects, étroitement liés à la qualité et faisabilité du projet.
Chacun le sait : ne peut être entrepreneur qui veut ! Or nous pouvons et devons former, conseiller et accompagner les entrepreneurs en herbe sur la voie de la réussite. C’est à ce niveau, crucial, que le curseur du nouveau programme inédit, lancé par le roi Mohammed VI, devrait être placé.
C’est aussi sur ce point fondamental que les institutions publiques dédiées, les banques, les conseillers privés, les ONG, les Autorités, l’Université et le réseau de la formation professionnelle doivent s’investir, celui de repérer les talents prometteurs et les projets à fort potentiel.
Mettre en place des critères de sélection rationnels et transparents
Il va sans dire qu’un taux d’échec raisonnable est inévitable. Les projets innovants et ambitieux, sont même sous-tendus par des taux de risque élevés, c’est pourquoi, le risque d’échec ne doit inhiber ni le financeur, ni le créateur.
Il s’agit simplement de mettre en place un mode de sélection des bénéficiaires et des projets « finançables », qui soit fondé sur des critères rationnels, transparents et éloignés de tout esprit de clientélisme ravageur.
Opérer un changement drastique des mentalités
Les candidats aux financements dans le cadre du fonds des 8 milliards de dhs, doivent être convaincus qu’il ne s’agit pas d’une subvention étatique accordée à perte, mais bien de prêts bancaires remboursables.
Le pays a besoin d’entrepreneurs, citadins et ruraux, diplômés ou non, d’horizons divers, commerciaux, agricoles, industriels, artistiques… Pas d’assistés. La culture des ardoises passées que l’Etat a du éponger est à oublier. Pour de bon !
L’aspect des procédures est non moins crucial. Les jeunes, baignant dans les nouvelles technologies, ont développé des réflexes qui sont hostiles aux lourdeurs administratives, surtout quand celles-ci sont basées sur des intentions douteuses, de corruption, par exemple.
Une mobilisation maximale des donneurs d’ordres
Le rôle de tout l’environnement national des affaires est également appelé à se mobiliser en faveur de cette expérience plus que prometteuse. Une véritable synergie des donneurs d’ordres doit se mettre en place en vue de lever tous les obstacles à la réussite de cette initiative. Le réseau bancaire se doit d’offrir aux produits et services adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs ainsi que l’accueil et la promotion nécessaires auprès des consommateurs. Le financement n’intervient quant à lui qu’en bout de chaine.
Il est sûr que le programme qui vient d’être lancé offre l’opportunité la plus appropriée. Un fonds important, susceptible certainement d’être renfloué, des taux d’intérêts bas jamais offerts auparavant, des financements d’investissements et de roulement adéquat, ainsi que de l’accompagnement ciblé à la clé. Une graine de nouveaux créateurs peut germer.
Par Ahmed Azirar. Économiste, membre fondateur de l’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique (www.imis.ma )