Avec la croissance d’une entreprise viennent ses responsabilités. Passé un certain degré de développement, on peut considérer que la pénétration de nouveaux marchés peut trouver l’intérêt public comme guide. C’est, précisément, l’orientation choisie par Altheys.Devant l’inquiétante pénurie de sérum physiologique, le laboratoire dermo-cosmétique s’est équipé afin de produire en quantité cette solution saline aux usages variés. C’est un produit simple et nécessaire, au cœur du soin et des pratiques médicales.
L’engagement d’un acteur majeur de la dermo-cosmétique
Altheys, connu pour ces solutions innovantes au plantain lancéolé, s’ouvre ici une nouvelle voie qui n’a rien d’anodin. Initialement, Pierre Vausselin et Hanane Drissi unissaient leurs forces pour lutter contre des affections cutanées telles que l’eczéma. Rapidement, l’efficacité de leurs produits naturels a rencontré le succès espéré. De quoi se reposer sur ses lauriers et sur son plantain ? Manifestement pas.
De prime abord, le choix de cet engagement nouveau a quelque chose de surprenant : pourquoi un spécialiste des dermatoses, habitués aux études cliniques ultra-ciblées, s’intéresserait-il à un produit aussi banal que le sérum physiologique ?
La réponse réside précisément dans le paradoxe et Hanane Drissi répond sur le mode de l’évidence : « En tant qu’acteur phare du soin de la peau, nous connaissons l’importance d’un environnement sain pour la prise en charge des maladies dermatologiques. Or, le sérum physiologique joue un rôle clé dans l’hygiène et la prévention des infections cutanées ». Une manière de pénétrer davantage la chaîne du soin, des gestes quotidiens jusqu’à la prise en charge des maladies de peau. Multi-usages, le sérum physiologique est quotidiennement utilisé pour le soin des yeux, le soin du nez ou des oreilles des bébés. En plus du lavage des plaies, les mêmes usages se retrouvent chez l’adulte. L’ambitieuse, féminine et féministe CEO d’Altheys ajoute : « Nous avons signé de gros marchés grâce à notre gamme Zematopic®. Les pharmacies, pleinement satisfaites de notre gamme contre la dermatite, nous font aussi confiance pour les fournir en sérum phy ».
Une diversification saine et rationnelle
Il y a donc une logique à l’œuvre. Cependant, l’improvisation n’a pas sa place en matière sanitaire et cette ouverture de la gamme à un produit médical d’usage courant a tout de même de quoi surprendre. En fait, cette stratégie soulève des enjeux techniques et business, tout à la fois. Mais, pas de quoi effrayer Hanane : « La concurrence est rude et le client exigeant. Cela oblige l’entreprise à être agile, à anticiper et renforcer très rapidement ses compétences en matière de réglementation et de contrôle qualité. Nous sommes fiers de compter parmi nous un Docteur en Pharmacie qui gère toutes les problématiques liées à la qualité et à la microbiologie ». En prenant de l’ampleur, Altheys a gagné en expertise. La CEO tient d’ailleurs à préciser ce qui n’a rien d’un détail : « Nous ne faisons aucune action de sous-traitance ». En somme, Altheys a su saisir l’opportunité d’investir dans un marché souvent négligé, en se positionnant comme un acteur clé capable de répondre à une demande croissante, notamment en contexte de pénuries. On notera qu’Altheys commercialise du sérum physiologique sous sa propre marque, mais également sous celles de groupements pharmaceutiques. D’ailleurs, aux regards de marchés conclus pour plusieurs centaines de milliers d’euros, l’unité de production Lozérienne de 1300 m², initialement dédiée à la production de crèmes de soins contre l’eczéma et la dermatite Zematopic®, ne suffit plus…
Quoi qu’il en soit, le choix de ce laboratoire illustre à merveille cette convergence entre innovation et responsabilité sociétale que tant d’observateurs appellent de leurs vœux. En mettant son savoir-faire au service d’un produit modeste mais crucial, il démontre que l’humilité est l’une des vertus de la recherche scientifique. Le système de santé a des besoins fondamentaux, c’est-à-dire prioritaires. Or, ces dernières années, la France doit faire face à une liste de pénuries ou de médicaments en tension d’approvisionnement. À l’ère de la relocalisation, Altheys fait figure de bon élève. Au cœur de la Lozère, la PME en forte croissance a su renforcer sa juste place : celle d’une entreprise ambitieuse et consciencieuse. L’entreprise vient d’investir près de 3 millions d’euros dans son unité de production. Objectif : atteindre la production de plus de 4 millions de bouteilles par an.
Pour le grand public, le sérum est conditionné en bouteilles d’un demi-litre et d’un litre. La solution s’avère donc particulièrement économique. Belle démonstration de l’accord possible entre éthique et stratégie qui témoigne d’une tendance forte dans l’industrie de la santé. L’innovation consiste aussi à garantir l’accès à des solutions simples, essentielles et accessibles.