Les fonds axés sur le VIX, surnommé « l’indice de la peur » des marchés boursiers, sont réservés aux investisseurs avertis. Toutefois, ils peuvent constituer une protection efficace contre les pertes, notamment si une nouvelle déclaration de Trump entraîne une chute des actions.
Dans une année dominée par les revirements de la politique tarifaire américaine et les déclarations impromptues de Donald Trump sur les réseaux sociaux, anticiper l’évolution du marché boursier est devenu plus ardu que jamais — parfois même d’un jour à l’autre.
Le 2 avril, le S&P 500 a chuté de 10 % en seulement deux jours après la désormais tristement célèbre conférence de presse du président annonçant des droits de douane réciproques sur 90 pays. Une semaine plus tard, l’indice regagnait 9,5 % lorsque Trump a fait machine arrière sur la plupart de ces mesures. Malgré ce rebond, le S&P 500 reste en baisse de 14 % par rapport à son pic de février, et affiche un recul de 10 % depuis le début de l’année.
L’indice de volatilité du Chicago Board Options Exchange, le VIX — souvent surnommé l’« indice de la peur » — reflète cette instabilité. Actuellement à 30, un niveau historiquement élevé, il suggère que les opérateurs s’attendent à ce que le S&P 500 fluctue de 30 % à la hausse ou à la baisse sur les 12 mois à venir. En temps normal, une valeur inférieure à 20 serait plus représentative d’un marché stable. La semaine dernière, juste avant que Donald Trump ne suspende temporairement les nouveaux droits de douane, le VIX a brièvement dépassé les 50 — un seuil franchi seulement deux fois ces vingt dernières années : lors de la crise financière de 2008 et au début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020.
Chaque pic du VIX a coïncidé avec un krach boursier, renforçant sa réputation de véritable baromètre de la peur. Pour les investisseurs passifs les plus solides, dotés d’une bonne dose de sang-froid, ces épisodes de panique ont souvent été des opportunités en or pour acheter à bas prix. Mais pour les intervenants plus aguerris, qui se couvrent souvent via des options, certains fonds adossés au VIX peuvent offrir des solutions intéressantes à court terme.
Il n’est pas possible d’investir directement dans le VIX du CBOE, mais la société de gestion Proshares, basée à Bethesda dans le Maryland, propose un fonds négocié en Bourse, le VIX Short-Term Futures ETF (VIXY), qui achète des options d’achat à court terme sur le VIX. Depuis le 2 avril, ce fonds a grimpé de 44 %. Proshares propose également le Short VIX Short-Term Futures ETF (SVXY), qui parie à la baisse sur le VIX, autrement dit sur un recul de la volatilité.
Comme le VIX évolue généralement en sens inverse du marché boursier — bien que ce ne soit pas toujours le cas —, le VIXY se comporte souvent comme une option de vente sur le S&P 500, misant sur une chute des marchés, tandis que le SVXY agit à l’inverse, comme une option d’achat pariant sur une hausse des actions. « Quand le VIX se comporte comme en ce moment, acheter des options devient deux à quatre fois plus cher. Soudain, ceux d’entre nous qui ont pour habitude d’acheter des options de vente ou d’achat sur les principaux indices ont le sentiment d’intervenir sur les marchés avec un sérieux handicap », confie Rob Isbitts, fondateur de Sungarden Investment Publishing. Il rappelle que le VIX est calculé à partir des prix des options sur le S&P 500 — un niveau de 30 signifie que ces options coûtent environ deux fois plus qu’avec un VIX à 15.
Proshares, le gestionnaire de ces deux ETF, précise d’ailleurs qu’ils sont conçus pour une utilisation à très court terme et recommande aux investisseurs de suivre leur position au jour le jour. Et pour cause : les mouvements du VIX sont si erratiques que les gains peuvent fondre aussi vite qu’ils sont apparus. Sur le long terme, la plupart de ces options finissent par expirer sans valeur, ce qui revient presque toujours à enregistrer des pertes.
Pour les investisseurs en quête d’un outil unique pour amortir les secousses du marché, certaines sociétés proposent désormais des fonds qui combinent exposition aux actions et protection contre la volatilité. C’est le cas d’Equity Armor Investments, basée à Chicago, qui gère 171 millions de dollars d’actifs à travers des fonds comme le Rational Equity Armor Fund (HDCAX). Ce dernier investit majoritairement dans des entreprises du S&P 500 versant des dividendes, tout en allouant jusqu’à 20 % de ses actifs à des contrats à terme sur le VIX.
Grâce à un modèle propriétaire, le fonds identifie les options jugées bon marché ou coûteuses, ce qui lui permet d’éviter l’érosion de valeur généralement associée aux produits liés au VIX, explique Joe Tigay, co-gestionnaire du portefeuille et responsable du trading. Selon lui, ce fonds peut représenter une alternative crédible aux portefeuilles traditionnels 60/40, d’autant que les obligations n’ont pas rempli leur rôle de valeur refuge face aux actions cette année, comme elles l’ont fait par le passé.
M. Tigay précise que le fonds alloue généralement 15 % de ses actifs à sa stratégie de volatilité et 85 % aux actions, bien que ces proportions puissent varier en fonction des conditions de marché. Lorsque le VIX grimpe, le fonds transfère une partie des gains réalisés sur les options vers les actions, afin de stabiliser le rendement. Inversement, lorsque les actions progressent, les contrats à terme sur le VIX deviennent moins coûteux. C’est ainsi que le fonds a limité sa perte à 15 % en 2020, alors que le S&P 500 dégringolait de 34 %. Avec un rendement annualisé de 7,1 % sur cinq ans, il reste derrière le S&P 500 (14 %), mais surperforme de trois points le Morningstar Moderately Conservative Target Risk Index auquel il est comparé. Depuis le début de l’année 2025, il a perdu 4,8 %. « Quand la volatilité est élevée, elle n’est pas synonyme de peur, elle devient une opportunité, nous permettant de nous ajuster sur le marché », explique M. Tigay. « C’est une stratégie intégrée qui combine vente à la hausse et achat à la baisse. »
De nombreux fonds proposent des stratégies d’options d’achat couvertes, qui limitent la hausse en vendant des options d’achat hors de la monnaie sur un indice, tout en offrant une protection contre les baisses en distribuant les revenus générés par ces options. L’un des principaux d’entre eux est l’ETF Equity Premium Income de JPMorgan, qui gère 37 milliards de dollars d’actifs et affiche un rendement de 8,2 %. Cependant, M. Isbitts met en garde : ces fonds n’ont pas été mis à l’épreuve lors de marchés baissiers prolongés, et il préfère, pour sa part, acheter directement des options de vente pour se protéger contre les actions spécifiques. « Si un marché baissier perdure, les ETF d’options d’achat couvertes seront probablement perçus comme un investissement qui a attiré tout le monde, sans que l’on ait véritablement pris conscience des risques sous-jacents », précise-t-il.
Un article de Hank Tucker pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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