Peter Navarro, Scott Bessent et Howard Lutnick, trois hommes proches du président américain ont joué un rôle majeur dans la politique commerciale mise en place par l’Oncle Sam.
Ils sont les hommes de l’ombre de la politique commerciale très agressive de Donald Trump. Le 2 avril, le président américain a annoncé la mise en place de tarifs douaniers sur les produits en provenance de la plupart des pays, mais surtout à l’encontre de la Chine et des Etats-Unis. Ses positions économiques qui agitent les dirigeants mondiaux et ont déjà fait chuter les marchés, ont été poussées en coulisses par certains de ses proches, rapporte BFM Business.
Peter Navarro, conseiller commerce de Donald Trump
Inconnu du grand public, il est décrit comme le principal architecte de cette idéologie douanière. Pourtant, rien ne pouvait prédestiner ce diplômé de Harvard à devenir l’un des fidèles de Trump, lui qui a longtemps affiché sa préférence pour le parti démocrate. Mais son obsession pour la Chine l’a fait changer de camp. Cette idée le hante depuis le début des années 2000, période à laquelle l’Empire du milieu rejoint l’Organisation mondiale du commerce. À ses yeux, Pékin manipule les principes du libre-échange. Il soutient que cette stratégie chinoise a contribué à l’appauvrissement des États-Unis et à la disparition de nombreux emplois américains.
Il expose cette thèse notamment dans son livre Death by China, publié en 2011. Cet ouvrage aurait joué un rôle clé dans sa rencontre avec Donald Trump, d’après une enquête de Vanity Fair. À l’époque de sa première campagne présidentielle, le républicain cherchait un spécialiste partageant sa vision critique de la Chine. C’est son gendre, Jared Kushner, qui aurait facilité leur mise en contact après avoir été interpellé par le titre du livre.
Lors du premier mandat de Trump, il est nommé à la tête du White House National Trade Council. Pour appuyer ses prises de position contre Pékin, Peter Navarro cite fréquemment les analyses d’un universitaire du nom Ron Vara. Problème : ce prétendu expert est en réalité fictif. Il s’agit d’un personnage inventé dont le nom est une anagramme de “Navarro” lui-même. Ces mensonges ne lui ferment pas les portes de la Maison-Blanche. Et ce même si cet alter égo fictif signe une note reprise du côté de Washington, alors que les États-Unis et la Chine sont en pleines négociations sur les droits de douanes, rapporte le New-York Times.
Par la suite, il affiche une fidélité sans faille en soutenant les allégations de fraude électorale lors de l’élection de 2020 et en appuyant les tentatives visant à maintenir le président sortant en place. Il refuse même de comparaître devant la commission parlementaire qui enquêtait sur l’assaut du Capitole, ce qui lui vaut quatre mois de prison. Peter Navarro sort de prison en juillet 2024, au moment même où Donald Trump est officiellement investi comme candidat. Après sa victoire en novembre, le milliardaire le réintègre dans son équipe en tant que conseiller chargé du commerce et de l’industrie, et lui confie le rôle symbolique de “Tsar des tarifs douaniers”. On connaît désormais la suite.
Scott Bessent, secrétaire au Trésor
En tant que secrétaire au Trésor américain (équivalent du ministre de l’Économie) son influence n’est plus à démontrer. Et pourtant, Wall Street a poussé un soupir de soulagement au moment de nomination. Les financiers espéraient que l’ancien de Goldman Sachs fasse figure de tampon entre Donald Trump et la bourse new-yorkaise. Ratée. Après une interview au Financial Times qui a failli lui coûter son poste, ce proche de Georges Soros est entré dans le rang. Dans celle-ci, il expliquait que les droits de douanes étaient avant tout un outil de négociation et que Donald Trump était partisan du libre-échange. Désormais, ce qui lui catalyse de nombreuses critiques outre-Atlantique ne cesse de justifier la politique menée par la Maison-Blanche.
Qu’il soit sincère ou non dans ses convictions, Scott Bessent applique fidèlement la stratégie de confrontation économique défendue par Donald Trump adoptant une ligne dure face aux partenaires commerciaux des États-Unis. « Si vous voulez être abrutis comme Justin Trudeau et dire “Oh, nous allons faire cela” (et répliquer aux droits de douanes américains, NDLR]) alors les droits de douane vont augmenter », avait-il lancé le 6 mars dernier à New-York.
Sur le plan intérieur, l’homme défend une politique du « 3-3-3 ». Soit une réduction du déficit budgétaire à 3 % du produit intérieur brut d’ici à 2028, une hausse de la croissance de plus de 3% par rapport à 2024 en raison d’une dérégulation plus forte, et plus original… la production de trois millions de dollars de baril de pétrole par jour.
Howard Lutnick, ministre du Commerce
Troisième roue du carrosse, et non des moindres. Howard Lutnick, secrétaire au Commerce est en première ligne des négociations commerciales. Sans surprise, il défend une politique commerciale agressive même s’il a déjà avoué ne pas être un spécialiste des droits de douane.
« En 1900, il n’y avait pas d’impôt sur le revenu. L’État vivait uniquement des droits de douane et le pays regorgeait d’argent. C’était ça, l’Amérique, à l’époque, expliquait-il lors d’un meeting Maga. Nous laissons le monde entier nous manger la laine sur le dos… Il est temps de rendre à l’Amérique sa grandeur ».
Malgré son manque de connaissance sur le domaine, l’ancien homme d’affaires pousserait l’actuel président « à en faire trop ». « Il est perçu comme ayant une influence excessive sur la politique douanière. Il est accusé de se mettre trop en avant dans les médias, de vouloir monopoliser l’attention de Trump », signale Marie-Christine Bonzom, spécialiste des États-Unis au Figaro. Le ton est donné. Dans ce contexte, difficile de voir Donald Trump faire machine arrière facilement sur les droits de douane.
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