La semaine dernière, l’instauration des nouveaux tarifs douaniers par l’administration Trump a suscité des inquiétudes parmi politiciens, économistes et hommes d’affaires, perturbant de nombreux marchés.
Cependant, cette inquiétude reste secondaire. Même après une chute brutale, les marchés ont tendance à se redresser en l’espace d’un an ou deux. Lundi midi, environ cinq jours après l’annonce des droits de douane du 2 avril, les principaux indices, bien qu’encore en baisse par rapport à la clôture de vendredi, affichaient une légère reprise par rapport à leur niveau d’ouverture. Cela s’explique probablement par la stratégie des professionnels du marché, qui achètent généralement à la baisse lorsque les investisseurs paniquent et vendent pour ensuite capitaliser sur leurs gains.
La véritable source d’inquiétude réside désormais dans la santé des économies, tant aux États-Unis qu’à l’échelle internationale.Les pays, comme les économies mondiales, sont interconnectés à travers des entreprises, des investissements internationaux, des échanges de devises et du commerce mondial, entre autres facteurs.
L’ensemble de ce système fonctionne un peu comme une gigantesque machine de Rube Goldberg, avec ses inventions farfelues et comiques qui ont inspiré le jeu pour enfants « Mouse Trap » (Piège à souris). À première vue, il peut sembler maladroit et perfectible, mais il a au moins montré qu’il peut tenir la route, et aurait pu être bien pire. Les tarifs douaniers sont mis en place pour plusieurs raisons, notamment la protection des marchés nationaux, l’incitation à l’investissement étranger, ainsi que pour optimiser l’utilisation des capacités, des ressources et des talents dans d’autres régions du monde.
Il n’est pas rare de chercher à exclure certains concurrents de certains marchés. L’exemple des droits de douane élevés sur le sucre aux États-Unis en est un : les prix à la consommation y sont environ deux fois plus élevés que dans le reste du monde. Cela trouve ses origines dans les tensions persistantes avec Cuba, vestige de la guerre froide, et explique en partie pourquoi des produits comme les sodas sont fréquemment sucrés avec du sirop de maïs à haute teneur en fructose, une solution permettant de réduire les coûts.
L’administration Trump a pourtant cherché à établir un lien entre les droits de douane et un équilibre commercial, une idée fondamentalement erronée. Les entreprises, qu’elles achètent localement ou à l’étranger, travaillent en permanence avec des fournisseurs. Si l’on considère les importateurs et exportateurs comme les équivalents nationaux des achats et des ventes du pays d’origine, on aboutit en réalité à une gigantesque entreprise qui achète de certains endroits et pas d’autres.
Imaginez que vous vous rendiez dans un magasin pour acheter des ampoules. Vous attendez-vous à ce que le magasin vous achète quelque chose en retour ? Non, à moins que vous ne lui proposiez un produit compétitif à un prix attractif. Pourtant, c’est essentiellement la logique défendue par M. Trump : les États-Unis doivent non seulement atteindre un équilibre commercial, mais aussi se retrouver, selon lui, en position de supériorité.
L’impact potentiel des nouveaux tarifs douaniers sur l’économie
Les marchés finiront par se redresser, mais les économies, elles, sont plus lentes à réagir. Les droits de douane, qui sont des taxes sur les importations, ont pour objectif de dissuader certaines pratiques commerciales. Ils sont perçus par les pays auprès des importateurs, et non directement des autres nations.
Face à ces coûts supplémentaires, les entreprises réagissent de plusieurs façons : elles peuvent absorber ces frais, les partager avec leurs fournisseurs étrangers, les répercuter sur leurs clients, ou combiner plusieurs de ces stratégies. Cependant, dans la plupart des cas, ce sont bien les consommateurs qui paient le prix fort.
Un cinquième effet indirect pourrait également se produire : les entreprises locales qui fabriquent sur leur sol pourraient bénéficier d’un avantage concurrentiel suffisant pour augmenter leurs prix.
La Banque fédérale de réserve de Richmond estime que le taux moyen des droits de douane en 2024 serait de 2,2 %. Cependant, après l’introduction de nouveaux tarifs, ce taux pourrait grimper à 17 %, ce qui reviendrait à une taxe de vente nationale d’environ 15 %, directement supportée par les consommateurs.
Les prix augmentent, les consommateurs paient davantage, et avec les droits de douane élevés imposés par l’administration Trump, sans oublier la menace d’une taxe supplémentaire de 50 % sur les importations chinoises, les coûts commerciaux et de la vie montent en flèche. Cela se traduit par une inflation, et la plupart des gens commencent à ressentir l’impact sur leur pouvoir d’achat.
Si l’inflation persiste à un niveau élevé, les consommateurs, qui représentent 69 % du PIB, pourraient ralentir leurs dépenses. Cela pourrait entraîner un ralentissement économique majeur, voire une récession.
J.P. Morgan Research a révisé à la hausse ses prévisions concernant la probabilité de récession cette année, passant de 30 % au début de l’année à 40 % en mars, et atteignant désormais 60 %. Selon Bloomberg, « la guerre commerciale mondiale de Donald Trump prépare déjà les marchés financiers à une nouvelle vague de faillites d’entreprises ». Si cela se concrétise, des perturbations économiques supplémentaires et des pertes d’emplois s’ensuivront. Amanda Goodall, PDG d’EdgePulse, une société de conseil en intelligence économique, a récemment souligné que le gel des embauches se propage dans les secteurs de la technologie et du conseil. En février, le nombre de licenciements a atteint son niveau le plus élevé depuis 2009, durant la Grande Récession. Quelle que soit l’évolution des marchés boursiers, il semble que la situation économique reste très incertaine pour l’avenir.
Une contribution de Erik Sherman pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
À lire également : Droits de douane : Porsche et Stellantis sont les entreprises les plus menacées, mais les résultats sont incertains
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits